Meurtre de Kadiatou Sow : les témoignages de son père

Feue Kadiatou Sow
Kadiatou Sow

Le procès du ressortissant nigérian accusé d’avoir tué une jeune fille guinéenne du nom de Kadiatou Sow dans un hôtel de Conakry en 2016, tire à sa fin. Les plaidoiries des avocats et les réquisitions du procureur ont eu lieu hier, lundi 07 janvier 2019, devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la mairie de Ratoma, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Cette audience a été marquée par la présence du père de la victime qui était absent au tribunal lors de la première audience. Thierno Moussa Sow est venu pour apporter son témoignage comme l’a demandé la justice. Mais, avant de lui donner la parole, le tribunal a demandé d’abord à l’accusé, Ferdinand Louis Conteh, de revenir sur les circonstances de la mort de Kadiatou Sow. Le nigérian a indiqué qu’il était venu en Guinée pour une mission de trois semaines et qu’il logeait à l’hôtel Hakuna Matata, situé à Kipé dans la commune de Ratoma.

« J’ai occupé la chambre de cet hôtel Hakuna Matata. La nuit, je suis sorti chercher à manger au restaurant Seven Eleven qui se trouve juste à côté.
Etant anglophone, je n’arrivais pas à me comprendre avec le gérant Libanais qui s’exprimait en langue française. C’est dans ces circonstances que la victime Kadiatou Sow est venue me prêter volontairement ses services en qualité d’interprète. J’ai fait ainsi mes achats. Dès que j’ai tourné le dos, elle m’a suivie. Elle m’a demandé ma nationalité et elle m’a invité de venir prendre un verre avec elle. J’ai fait demi-tour avec mon Chawarna en main.

Ainsi, on a bu ensemble et finalement elle m’a suivi dans ma chambre d’hôtel. Je suis rentré dans la douche en la laissant dans la chambre. Brusquement, j’ai entendu un bruit au niveau de la porte principale, je suis sorti de la douche pour demander qu’est-ce qui ne va pas, mais elle a complètement cessé de me répondre en anglais. Elle s’exprimait dans une langue que je ne comprenais pas. C’est ainsi qu’elle a pris mon sexe de ses deux mains, il l’a tiré jusqu’à ce que j’ai perdu complètement conscience. Je l’ai poussée moi aussi pour me sauver. Elle est tombée. Je transpirais et je ne pouvais pas marcher.

J’ai fait des efforts pour venir à côté d’elle, mais elle est restée inerte. J’ai mis de l’eau sur elle pour voir si elle va se remuer, mais elle est toujours restée inerte. C’est ainsi que j’ai tenté d’ouvrir la porte, mais elle était condamner. J’ai appelé finalement le gardien qui est venu ouvrir avec toutes les difficultés. Ce dernier a fait appel aux agents et ils m’ont fait arrêter. Mais c’est Dieu seul qui est mon témoin. Je n’ai pas fait du mal à cette fille », a-t-il expliqué.

Après ces explications, le tribunal a donné la parole au père de la victime. Thierno Moussa Sow a démenti catégoriquement cette version, assurant que sa fille ne parle pas anglais. « Ma fille n’avait pas de mauvais comportements. On vivait ensemble chez moi, c’est moi qui achetais ses habits. Elle ne buvait pas et elle ne parlait pas anglais. Parce qu’elle n’a pas étudié et elle n’est jamais sortie de la Guinée. Elle parle Soussou, Malinké et Poular mais jamais la langue anglaise. Comme il a tué ma fille, il peut dire qu’ils se sont connus à travers la langue anglaise, mais ma fille ne parle pas cette langue. J’ai quatre enfants, mais personne ne parle anglais », a indiqué le père de feu Kadiatou Sow.

Après ces différents témoignages, le tribunal est passé à la phase des plaidoiries et réquisitions. Dans ses plaidoiries, la partie civile par la voix de maître Mohamed Lamine Sylla, a réclamé la condamnation de l’accusé au payement d’un montant de 500 millions de francs à titre de dommages et intérêts. Sa collègue de la défense, elle, a plaidé coupable de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans en avoir l’intention, sollicitant la condamnation de son client au temps mis en prison.

De son côté, le ministère public a demandé au tribunal de requalifier les faits de meurtre à des faits de coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans en avoir l’intention et de condamner l’accusé à 3 ans d’emprisonnement. « Cette mort n’a pas été préméditée. Ce qui est arrivé est involontaire. Même son père qui a vu la dépouille de sa fille a dit que le corps ne portait aucun sévice, aucune trace justifiant la violence physique n’était perceptible sur le corps de mademoiselle Kadiatou Sow. C’est pourquoi, je vous demande de lui faire bénéficier de circonstances atténuantes en le condamnant à 3 ans d’emprisonnement. Ensuite, les prétentions de la partie civile, je vous demande de les apprécierez à leur juste valeur », a requis le procureur Bakary Camara.

Le dossier a été mis en délibéré et le tribunal rendra son verdict le 14 janvier prochain.

A rappeler que l’accusé, Ferdinand Louis Conteh, a été placé sous mandat depuis le 30 septembre 2016.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 654 416 922/664 413 227

Facebook Comments Box