Mines et Droits humains en Guinée : le Haut Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme présente un « cadre de coopération »

Patrice Vahard, représentant résidant du haut commissariat des nations unies aux droits de l’homme en Guinée

A la faveur d’un atelier qu’il a organisé dans un réceptif hôtelier de Conakry hier, mercredi 24 février 2021, le Haut Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme a présenté le « cadre de coopération pour le renforcement de la promotion et de la protection des droits de l’Homme dans le secteur minier ». Cette présentation a eu lieu en présence de plusieurs acteurs du secteur minier, sous la présidence du secrétaire général de l’ITIE. Et, elle vise à mettre les miniers sur le même niveau d’information dans le but de mutualiser les efforts, en vue de faire de l’industrie minière un levier de l’accélération de la réalisation du droit au développement et de la réalisation des objectifs de développement durable en Guinée, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Selon nos informations, le présent « cadre de coopération » est consécutif à une étude diligentée durant l’année 2020 par le Haut Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme. Il s’inscrit dans les efforts visant à faire de l’industrie minière un levier de l’accélération de réalisation du droit au développement et des objectifs de développement durable en Guinée. Ainsi, ce cadre de coopération se veut dynamique et fera l’objet d’évaluation et de mise à jour périodique. Cependant, il se matérialise sur le terrain par la collaboration avec le ministère en charge des mines (à travers un renforcement des capacités de ses structures dans la promotion des droits de l’homme dans le secteur minier), la promotion des droits de l’homme dans les entreprises minières, le renforcement des capacités de réclamation des détenteurs de droits, la collaboration avec le ministère de l’action sociale (à travers l’amélioration de la jouissance des droits relatifs à l’industrie extractive par les couches sociales vulnérables), la collaboration avec le ministère de l’administration du territoire (à travers le renforcement des capacités des organisations de la société civile pour la promotion des droits de l’homme dans le secteur minier), la collaboration avec les institutions républicaines et la collaboration avec les partenaires techniques et financiers ( à travers le renforcement de la contribution au respect des droits de l’homme dans le secteur de l’extraction minière). Mais, la mise en œuvre de tout cela nécessite l’accompagnement et l’implication de tous les acteurs qui interviennent dans le secteur minier en Guinée. Car, pour Patrice Vahard, le représentant résidant du haut commissariat des nations unies aux droits de l’homme, l’industrie minière reste l’un des principaux outils de la réalisation de tous les droits de l’homme pour tous en Guinée.

Vincent Martin, coordinateur résidant du système des nations unies en Guinée

« Si nous voulons avancer que les ressources renouvelables ou non de l’Afrique est au cœur à la fois des problèmes, mais aussi des solutions aux conflits, à la paix, à la stabilité et au développement, ce serait une évidence. Et, en tant que tel, ça n’apporte rien à ce que nous savons déjà. Nous savons par exemple que la qualité de la gouvernance a une influence décisive sur le développement économique, social et politique ; et, s’agissant de la gouvernance des ressources naturelles, elle détermine la question de savoir si la ressource minérale sera une bénédiction et une malédiction pour un pays qui en disposent… Il est donc important de mettre en place des politiques et des mesures légales, institutionnelles, pour passer des ressources naturelles vers d’autres sources de revenu comme le font plusieurs pays pétroliers qui sont passés d’une économie largement tributaire du pétrole grâce à une gestion efficiente et visionnaire des revenus pétroliers… En dépit des contraintes, le secteur minier est et demeure un vecteur de croissance économique et de développement durable en Guinée. C’est donc l’un des principaux outils, selon nous, de la réalisation de tous les droits de l’homme pour tous en Guinée. Et, c’est pour cela que nous tenons à tous les partenariats avec tous ceux et toutes celles qui interviennent directement ou collatéralement dans ce secteur. Beaucoup d’efforts ont été consentis par le secteur minier en Guinée, mais ils sont mal connus. De même, beaucoup de défis réels existent pour faire de cet espace un espace de protection et de promotion des droits de l’homme. Le cadre de coopération nous permet de mutualiser nos efforts dans le but principal de réaliser les droits de toutes les guinéennes et de tous les guinéens par le biais du secteur minier », a indiqué Patrice Vahard dans son discours de bienvenue à l’atelier de ce mercredi.

Selon Vincent Martin, le coordinateur résidant du système des nations unies en Guinée, le présent cadre de coopération est une manière d’accompagner la Guinée dans la mise en œuvre de ses obligations en matière de droits de l’homme.

« La question aujourd’hui c’est de dire comment capitaliser la valeur ajoutée de ce secteur minier pour le développement durable (notamment dans le domaine de la formation à l’entreprenariat des jeunes et des femmes), pour la protection de l’environnement et le respect des droits de l’homme. Tel est l’intérêt de la coopération naissante entre les nations unies et les acteurs du secteur minier… Cette coopération est un accompagnement de la république de Guinée dans la mise en œuvre de ses obligations en matière de droits de l’homme en général et en particulier du droit au développement et des droits économiques, sociaux et culturels », a-t-il confié.

A tort ou à raison, plusieurs observateurs du secteur minier guinéen émettent des critiques acerbes contre les entreprises minières. Mais, pour Ismaël Diakité, le président de la chambre des mines, les droits de l’homme sont une réalité dans le secteur minier en Guinée. Cet ingénieur des mines admet cependant qu’il y a encore des insuffisances, mais il appelle à se focaliser sur le côté positif du respect des droits de l’homme dans ce secteur.

Ismaël Diakité, président de la chambre des mines

« Le secteur minier a assez souvent été pointé du doigt pour des manquements ou des insuffisances dans la mise en place et l’application stricte de politique de protection de droits de l’homme. Ça c’est une évidence. Qu’il s’agisse des employés ou des populations autour des sites miniers, nombreux sont les médias, des acteurs chevronnés de la société civile qui, à tort ou à raison, profèrent des accusations de toutes sortes sur les acteurs de développement que nous sommes. … Je voudrais dire ici que les mines ne se conçoivent pas sans la prise en compte, dès les premières heures des travaux de recherche et d’exploration, de la mise en place et l’enracinement de politiques, de règles et de procédures claires et transparentes de protection des femmes et des hommes qui initient, animent et opèrent l’activité minière… Comme chaque secteur productif, l’industrie extractive aussi portent les germes de risques majeurs. A ciel ouvert ou dans les mines souterraines, les mines s’opèrent avec des matières dangereuses, de méthodes complexes, des machines sophistiquées ; et, surtout, fonctionnent jour et nuit avec des rotations horaires du personnel qui mettent à dure épreuve la force humaine et le corps humain. Ceci dit, notre profession engage notre responsabilité sociétale, notre adhésion à une éthique et à des valeurs humaines desquelles nous ne pouvons nous soustraire. Au-delà des droits de l’homme, le secteur minier est allé vers des principes volontaires des droits de l’homme qui vont plus loin, qui nous engagent individuellement à souscrire à des obligations de protection de l’homme, de protection des communautés et tout simplement de la protection de la nature », a expliqué Ismaël Diakité.

Venu présider aux travaux de présentation du présent « cadre de coopération », Mamadou Diaby, le secrétaire général de l’ITIE, a laissé entendre que les entreprises minières accordent un intérêt particulier à la vie des citoyens.

Mamadou Diaby, secrétaire général de l’ITIE-Guinée

« Le présent atelier revêt à nos yeux une importance capital ; car, il gravite autour d’un axe central, à savoir les droits de l’homme. Et, l’homme et sa protection constitués des éléments fondamentaux dans l’exploitation minière. S’agissant de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives, nous dirons que cette initiative constitue de nos jours une norme internationale de transparence et de bonne gouvernance dans les secteurs pétroliers, gaziers et miniers… Cet atelier est extrêmement important, car il gravite autour de l’homme et de ses droits. Et, les entreprises minières accordent un intérêt tout particulier à la vie des citoyens. C’est ainsi qu’il y a eu des accords avec les communautés locales dans le cadre de leur développement économique, social et humain », a confié Mamadou Diaby.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

Facebook Comments Box