Mme Diouldé Bah, mère d’un prisonnier d’Alpha Condé : « aidez-nous à faire libérer nos enfants… »

madame Fatoumata Diouldé Bah, mère d'Alpha Oumar Bah détenu politique à la maison centrale

« C’est lui qui a appris un métier et c’est lui qui allait m’aider. Mais, depuis 10 mois, il est en prison. Aidez-nous à faire libérer nos enfants… » ! Ces propos sont d’une mère bouleversée et désemparée suite à l’emprisonnement de son fils à la maison centrale de Conakry. Madame Fatoumata Diouldé Bah pleure depuis dix mois d’absence de son enfant (Alpha Oumar Bah) arrêté à la Cimenterie (dans la préfecture de Dubréka), au lendemain de la réélection contestée du président Alpha Condé pour un troisième mandat à la tête de la Guinée, le 18 octobre 2020. Alpha Oumar Bah est son espoir, le bras valide sur lequel elle compte. Et, le voir en prison est devenu une torture, une peine incommensurable pour cette mère chagrinée à tout moment et qui s’isole chaque fois pour pleurer à chaudes larmes.

A l’occasion d’un entretien avec un reporter de Guineematin.com vendredi dernier, 27 août 2021, on pouvait lire sur le visage crispé de cette mère veuve, le sentiment d’un espoir brisé. Depuis l’arrestation de son fils, elle n’a pas eu la chance de le voir. Mais, la triste scène de l’interpellation d’Alpha Oumar Bah est encore fraiche dans sa mémoire. Et, madame Fatoumata Diouldé Bah en parle comme si cette scène venait à peine de se produire.

madame Fatoumata Diouldé Bah, mère d’Alpha Oumar Bah détenu politique à la maison centrale

« Alpha Oumar a été arrêté la nuit, en plein sommeil, précisément à 03 heures du matin, à la Cimenterie, auprès de l’usine. Il dormait au domicile de son oncle paternel quand les agents sont venus frapper à la porte. Il a demandé c’est qui ; et, ils lui ont intimé d’ouvrir. Il a dit qu’il n’ouvre pas sa porte à pareille heure. C’est ainsi que les agents ont cassé la porte pour l’arrêter avec son cousin. Ils ont été embarqués sans chaussures pour être conduits à la DPJ (direction centrale de la police judiciaire), puis à la maison centrale. Le lendemain, sa cousine est venue m’informer que mon fils a été arrêté la nuit… Depuis, nous souffrons énormément », a expliqué madame Fatoumata Diouldé Bah.

Cette mère de six enfants, originaire de Bourouwal Tappé (dans la préfecture de Pita), a été financièrement asphyxiée depuis l’incarcération de son fils Alpha Oumar. Elle lui envoie de l’argent (des petits montants) de temps à autre en prison ; mais, son petit commerce d’oranges et de bananes s’est quasiment éteint. Elle est aujourd’hui démunie ; et, parfois, c’est grâce au voisinage qu’elle gagne à manger.

« Mes enfants n’ont pas de père. Celui-ci est décédé. Depuis, c’est moi qui s’occupe de leur situation, alors que moi-même, je n’ai ni père, ni mère pour m’aider. Je revendais des oranges et des bananes. Mais, avec ça aussi, tout est presque fini. Je peux passer une semaine sans mettre la marmite au feu. Actuellement, c’est quand mes voisines préparent, elles m’invitent à manger. Tous les jours, je dois lui envoyer de l’argent pour son manger… Je n’ai personne pour m’aider. Parmi mes six enfants, il est le plus grand des garçons et il a moins de 20 ans… Son cousin qui l’avait aidé à apprendre à conduire, et qui nous aidait tous, est décédé… Je suis même malade et couchée depuis le matin », a confié madame Fatoumata Diouldé Bah les yeux larmoyants.

Impuissante et désemparée, madame Fatoumata Diouldé Bah demande à l’Etat de libérer son enfant qui est injustement détenu à la maison centrale.

« Quand il me dit qu’il n’a pas à manger, je rentre dans ma chambre et mets mes mains sur la tête pour pleurer. Ce sont ces enfants qui me restent dans la vie. C’est lui qui a appris un métier et c’est lui qui allait m’aider. Mais, depuis dix mois, il est en prison. Mon enfant n’a rien fait, parce qu’il ne participe jamais à une manifestation. Il était à Bintouraya (Coyah) avec sa grande sœur. Il était venu pour me rendre visite quand il est tombé dans cette situation. Je demande aux dirigeants de nous aider à récupérer nos enfants. Nous souffrons sans limite », a-t-elle dit avec désolation.

Alpha Oumar Bah, détenu politique à la maison centrale

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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