Mortalité maternelle : les faiblesses des structures de santé de la région de Labé

En 2018, les structures de santé de la Région Administrative (RA) de Labé ont enregistré au total 46 décès de femmes ayant trouvé la mort seulement pendant l’accouchement, une circonstance douloureuse qui, selon les spécialistes, constitue un seul indicateur de mortalité maternelle, parmi plusieurs autres, rapporte un correspondant de Guineematin.com en Moyenne Guinée.

Dr. Mamadou Houdy Bah

Sur 45 mille naissances vivantes attendues par an dans la Région Administrative (RA) de Labé qui compte une population totale estimée à 1 millions 200 mille habitants, plusieurs femmes meurent dans la période comprise entre la conception et 40 jours après l’accouchement, explique le directeur régional de la Santé (DRS), Dr Mamadou Houdy Bah.

« Le taux actuel dans notre pays indique que 550 femmes meurent en République de Guinée sur 100 mille naissances vivantes. Quand vous prenez une population comme celle de la Région Administrative de Labé, qui a au moins 1 million 200 mille habitants, nous nous attendons à 45 mille naissances vivantes par an. En calculant le taux, vous trouverez qu’il y a beaucoup de femmes qui meurent dans la région sans qu’elles soient prises en compte dans les statistiques, parce que généralement la population ne tient compte que celles qui trouvent la mort pendant l’accouchement. C’est ce qu’elle appelle mortalité maternelle. Et si nous tenons compte de ce seul indicateur, en 2018, les structures de santé de la Région Administrative (RA) de Labé ont enregistré au total 46 décès maternels. Cette donnée statistique est bien très loin en dessous de la réalité sur le terrain » a indiqué le patron de la région sanitaire de Labé.

Sur les causes de ces décès maternels, les spécialistes rencontrés citent essentiellement le paludisme, les hémorragies, les infections et les anémies.

« C’est pourquoi, quand vous allez dans les structures de santé on prend beaucoup de précaution pour vraiment supplémenter la femme en fer. Pendant l’accouchement aussi, on lui donne beaucoup de médicaments. Si c’est dans les hôpitaux, elle est césarisée » a ajouté Dr Mamadou Houdy Bah.

Il est à noter que sur les 46 décès enregistrés dans la région, le taux le plus élevé a été notifié à l’hôpital régional, parce que, dit-on, les centres de santé et hôpitaux préfectoraux réfèrent souvent les cas compliqués à Labé.

Pour atteindre l’objectif de zéro décès maternel par an, conformément au principe qui voudrait qu’aucune femme ne meure en donnant la vie, celle qui est en état de famille doit, dès la conception, écouter le conseil de son médecin, utiliser les moustiquaires pour se prévenir contre le paludisme, se faire consulter auprès des structures de santé qui vont chercher les causes probables de son décès et la référer à temps. Dans ces conditions, elle peut être césariser si c’est nécessaire.

Dr. Thierno Ibrahima Kourouma

Cependant, la réalité est toute autre dans cette région très étendue constituée de villages très enclavés où des véhicules ne viennent qu’une fois par semaine, avec des routes impraticables, rendant impossible les évacuations d’urgence en cas de complication.

A ces facteurs, le directeur préfectoral de la Santé (DPS) de Koubia, Dr Thierno Ibrahima Kourouma ajoute un autre élément favorisant des retards dans la prise en charge médicale : la population ne connait pas les signes de dangers pour évacuer immédiatement une femme en grossesse vers les structures de santé.

De Labé, Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 622 269 551 & 657 269 551 & 660 901 334

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