Mr. Diouma Diallo : « Une ministre avait indexé 150 guinéens aux USA pour qu’ils soient rapatriés » (Interview)

Mamadou Diouma DialloLa semaine dernière, précisément le lundi 22 août 2016, Guineematin.com avait reçu la visite de monsieur Mamadou Diouma Diallo. Ressortissant guinéen vivant aux Etats Unis, monsieur Diallo est électricien de formation, marié et père de 4 enfants. Il est le responsable de la communication de l’organisation Pottal Fii Bhantal Fouta Djallon et responsable de la radio de cette organisation.

Dans l’entretien qu’il nous a accordé, monsieur Mamadou Diouma Diallo nous a parlé des différentes activités réalisées par son organisation, mais aussi de sa perception des médias guinéens en général et des médias en ligne en particulier.

Décryptage !

Guineematin.com : vous vivez aux Etats Unis, vous appartenez à une organisation Pottal Fii Bhantal Fouta Djallon. Expliquez-nous un peu ?

Pottal Fii Banthal Fouta DjallonMamadou Diouma Diallo : Bien sûr je  suis membre d’une organisation basée aux Etats Unis qui s’appelle Pottal Fii Bhantal Fouta Djallon, qui est représentée dans beaucoup de pays a travers le monde. Elle est légale aux Etats Unis et dans 10 autres pays de la planete. Cette organization a en son sein des sections dont entre-autres, la commission centrale basee a Washington DC, les sections dans les Etats aux USA et les pays dans les autres continents. Celle de New York a La jeunesse qui organise en collaboration avec les femmes toutes les activités sportives et culturelles de l’organisation. Elle organise par exemple, une journée culturelle où on montre la culture du Fouta Djallon à travers les Etats Unis, un tournoi de football chaque année a New York où les préfectures de la Guinée volontaires présentent chacune une équipe, le tournoi se déroule en un mois pour chaque vacance.

‘’Justice en Guinée’’. C’est cette branche qui aide la communauté dans les domaines de la justice. Si par exemple un membre de la communauté guinéenne a un problème de justice, cette branche s’occupe de son cas en l’aidant à avoir un avocat, accompagne à la Cour de justice ou partout ou besoin est pour la traduction, aide à collecter de l’argent en cas de peine ou d’amende.

‘’Communication et marketing’’ celle la est la branche qu’on m’a d’ailleurs  confiée.

La communication est partie intégrante de l’équipe de rédaction des déclarations de l’organisation elle gère aussi une radio sur internet que l’organisation a mise en place pour aider la communauté à s’informer de ce qui se passe en Guinée, dans le monde et puis les éduquer aussi sur la culture américaine surtout comment se comporter et vivre dans le pays hôte. Elle émet a travers trois studios, Studio A Bronx, New York; Studio B New Jersey; Studio C Minnesotta.

Guineematin.com: justement est-ce que vous avez idée sur le nombre d’émissions dans cette radio et quel genre d’émission vous avez ?

Mamadou Diouma DialloMamadou Djouma Diallo: présentement nous avons Cinq émissions : Finaa Tawaa ; c’est-à-dire une émission qui parle de la tradition et culture du Fouta. Cette émission passe en Français et Pular ;

Pottal Hebdo, où on revient sur toutes les nouvelles intéressantes de la semaine, pour expliquer et débattre avec les auditeurs.

Wallindiren : Dans cette émission, on doit toujours avoir des invités  avec lesquels on débat de l’actualité et on éduque la communauté car en Amérique on ne peut pas se comporter comme on le fait en Guinée.

Sport et Culture, où on parle des tournois qui se font au sein de notre communauté ou bien, informer sur le football au niveau international ou bien aussi parler de la culture du Fouta pour rappeler aux gens, du Fouta antique au Fouta moderne (de Baldé Sadjo, Binta Laly, Rica, Habib Fatako etc.).

Bayana qui est l’émission islamique.

Guineematin.com: Justement comment accéder à votre radio ? Comment écouter ces émissions ?

Mamadou Djouma Diallo: Notre radio est sur internet. On l’écoute sur l’internet par ordinateur ou par téléphone au +1 605 477 3543. En Guinée, nous avons deux possibilités d’écouter par téléphone, ça coûte très cher. Mais, si vous vous connectez a l’internet, vous pouvez soit aller sur le site de l’organisation www.pottalfiibhantal.org, vous allez directement sur la radio, elle y est 24h/24, soit en direct ou en différé, sur Facebook tapez : radio Pottal USA vous allez accéder à toutes les émissions sur la page ou bien téléchargez sur votre Android l’application: Radio Pottal USA. Mais, là c’est un peu complique pour les gens, il faut toujours appuyer sur Skip pour accéder a la Radio. Si la radio est en direct, tu as une bande bleue en dessous du signe de play et si tu veux demander la parole, tu appuis sur cette bande, tu mets ton nom et appuis sur Done, on voit ta demande directement sur notre écran on ouvre ton micro pour échanger avec toi.

Guineematin.com: Est-ce que vous avez d’autres radios des autres communautés ? Comment ça se passe entrevous ?

StudioMamadou Diouma Diallo: Toutes les communautés y ont des radios. La Haute Guinée a deux radios: radio manding et radio manding Internationale. Il y a la radio Basse Côte Internationale et la communauté peulh, si je peux dire ainsi, a trois radios. Il y a la grande radio Médias d’Afrique qui est la première, la radio Pottal USA, la radio Fouta Info etc. Bien que parfois c’est difficile mais, nous avons des relations quand même. Il y a des radios qui font parfois de l’interconnexion quand il y a un événement très important à couvrir.

Guineematin.com: A part cela, qu’est-ce que votre organisation Pottal Fii Bhantal fait pour la communauté guinéenne vivant aux Etats Unis, voire pour notre pays ?

Mamadou Djouma Diallo: Pottal Fii Bhantal fait beaucoup pour la communauté. Cette organisation avait pour objectif au début de participer uniquement au développement du Fouta Djallon. Elle voulait construire une université à Dalaba, un centre hospitalier moderne à Labé et un centre commercial moderne à Mamou. Elle a d’abord contacté l’organisation Fotten Gollen Guinee. Mais, ils se sont vite rendu compte qu’on ne peut investir dans un pays instable ou l’insécurité et l’injustice sont roi. En tant que société civile, Ils ont décidé de participer à l’instauration d’un Etat de droit, de justice et de l’équité pour tous dans notre pays. Cela étant quelque chose qui est très vital pour le développement socio-économique d’un pays. Elle fait des déclarations, tape à toutes les portes pour aider à ce que l’Etat de droit soit instauré dans notre pays avant de se lancer sur ses programmes. La branche Justice en Guinée organise des manifestations a travers le monde a chaque fois qu’il y a nécessité.

Guineematn.com: Est-ce qu’il y a des exemples de réalisations de Justice en Guinée ?

Mamadou Diouma Diallo: Oui ! Justice en Guinée s’est saisie du dossier du 28 septembre. Après les massacres de septembre 2009, chaque année notre organisation organise des marches de commémoration et de demande de justice à travers le monde. Comme je vous ai dit, cette organisation est représentée dans plusieurs pays à travers le monde, tous les 28 septembre, on organise des manifestations devant la CPI a la Haye, au Pays-Bas, devant le siège de l’Union Européenne en Belgique, devant la Maison blanche a Washington DC, devant les Nations unies et le consulat de la Guinée auprès des Nations Unies à New York.

Les mémorandums sont rédigés en Amérique en collaboration avec les sections des autres pays et les mêmes sont toujours déposés. Et Justice in Guinea a rencontre le ministre de la justice Mr Cheick Sacko en Mars dernier a la demande de la représentante spéciale du secrétaire général des nations unies  contre les violences faites aux femmes en zones de conflits et vous êtes surement au courant de ce qui se passe depuis dans ce secteur. Le rapport de cette rencontre est disponible et vous a surement été émis.

Guineematin.com: A part ça, qu’est-ce que vous faites d’autres ?

Mamadou Djouma Diallo: l’organisation participe au développement de notre pays. Depuis deux ans, il y a eu au moins neuf containers de matériels médicaux qui ont été envoyés en Guinée. Et, c’est cette organisation qui a facilité l’obtention du matériel. Bien sûr, les préfectures bénéficiaires ont payé les frais d’envoi mais l’obtention et le rassemblement jusqu’à l’embarcation, c’est l’organisation qui a souvent facilité.

Guineematin.com: Est-ce qu’il y a autre chose à ajouter dans les activités de votre organisation ?

Mamadou Diouma Diallo 0.jpg1Mamadou Djouma Diallo: Je ne peux pas tout vous citer car y en a qu’on ne peut pas énumérer ici. Mais, ce qui est important, c’est que cette organisation joue l’intermédiaire entre les autorités Américaines et notre communauté là-bas. Une ministre de notre pays a été aux Etats Unis une fois, elle a sillonné les prisons et y a reconnu que des gens sont des Guinéens. Et s’ils (les responsables américains : ndlr) ne savent pas d’où tu viens, ils ne peuvent pas te rapatrier mais la vous voyez ce que son acte la peut faire. Elle est partie, je ne sais pas ce qu’elle voulait. Elle a dû reconnaître que tel ou tel est Guinéen et conclu dans une déclaration qu’il y avait plus de 3000 Guinéens détenus dans les prisons a l’étranger. En Amérique elle a indexe plus de 150 personnes. Ils ont rassemblé une trentaine dans une prison, à New Jersey, qu’ils voulaient rapatrier immédiatement sans procédure. « Justice in Guinea », s’est saisi du dossier a empêché le rapatriement de ces ressortissants et les ont fait sortir de la prison. A l’heure actuelle, ils vivent encore aux Etats Unis et la plupart d’entre eux ont eu leur papier de séjour.

Guineematin.com: Etant ressortissant Guinéen vivant aux Etats Unis et qui est en Guinée présentement, est-ce que vous pouvez nous dires ce que vous avez constaté ici ? Qu’est-ce qui va et qu’est-ce qui ne va pas en Guinée ?

Mamadou Diouma Diallo: Moi, j’ai vu que rien ne va en Guinée. C’est vrai que certains disent qu’on ne peut pas dire que rien ne va mais pour moi, rien ne va. Pourquoi je le dis ? C’est par rapport à là où je vis. Du côté sécuritaire c’est zéro. Quand on dit sécurité, les gens pensent aux bandits ou aux attaques et vols. Ce n’est pas ça seulement. Quand on parle de sécurité il faut penser à la sécurité routière, alimentaire, sanitaire, des personnes et de leurs biens. L’insécurité en Guinée est totale. Pas de routes, les véhicules sont des tombeaux roulants pas d’inspection et de suivi, en cas d’accidents pas de centre de soins appropries, des montagnes de tas d’ordures, les vendeurs (ses) d’aliments non couverts autour en cas d’infection toujours pas de centre hospitaliers digne de son nom, en cas d’attaques pas de brigade d’intervention rapide de proximité ou s’il yen a, ils n’ont jamais de moins de locomotion ou de carburant. Qu’est ce qui marche donc?  Maintenant, du côté de la corruption, tu ne peux te présenter nulle  part si tu n’a pas quelque chose à donner. Partout où tu vas, tu constates que les gens sont misérables. La majorité des Guinéens a faim. La plupart des guinéens ne veulent pas travailler aussi mais veulent tout avoir. Là où nous sommes aux Etats Unis, tout le monde est une machine. Tu dois travailler pour vivre (you have to work to live) mais ici en Guinée c’est le contraire. Je crois qu’on a besoin d’un changement mais ceux qui doivent veiller à ce changement, ne veillent que pour eux-mêmes.

Guineematin.com: Vous avez parlé de travail et vous nous avez trouvé dans un lieu de travail. Comment vous trouvez les médias Guinéens, notamment les médias en ligne. Qu’est-ce qui est bon et qu’est-ce qu’il faut changer ?

Mamadou Diouma Diallo: Vraiment, je suis content de beaucoup de médias. Mais, je surpris aussi de voir et je ne sais pas pourquoi certains médias acceptent les pots de vin. J’ai compris que certains médias prennent des pots de vin. Pourquoi?  en écoutant les radios, quand ils parlent, tu comprends directement qu’est-ce qu’ils font ou pour qui ils roulent. L’autre fois, j’ai entendu qu’il ya une synergie des radios et des radios aux quelles j’avais vraiment confiance ont participé à cette situation pour parler d’une déclaration qu’un opposant aurait fait dans ce pays. Cela m’a beaucoup découragé de certains médias Guinéens. Parce que c’était trop flagrant. Ca n’aide pas au développement du pays ni à l’instauration d’un état de droit. Chez vous, ce n’est pas pour vous flattez parce que je suis dans vos locaux de Guineematin.com, vous donnez des informations réelles et crédibles dans le temps. Les gens ont vraiment confiance en vous présentement. On vous encourage à continuer dans ce sens. Il y a beaucoup de sites en ligne qui sont vraiment alimentaires. Même en les visitant, tu comprends directement. Les medias doivent apprendre à être indépendant et travailler dans le sens de participer à l’instauration d’un état de droit et de démocratie. Informer pour former pas déformer pour désinformer.

Guineematin.com: Un dernier mot ?

Mamadou Diouma Diallo: Je remercie le site Guineematin.com et j’ai parlé d’une grande organisation du Fouta dont je suis membre aux Etats Unis mais, à côté de celle-là, je suis aussi membre d’une association de ma préfecture natale qui est Télimélé. Nous y avons créé une association des ressortissants de Télimélé qui s’appelle Association pour le Développement de Télimele (ADT) et a pour but de participer au développement socio-économique de Télimélé. Nous invitons tous les ressortissants de Télimélé partout ou ils vivent aux Etats Unis et Canada d’adhérer a l’association pour participer activement au développement de Télimélé. Merci pour l’opportunité.

Guineematin.com : Merci monsieur Diallo

Mamadou Djouma Diallo : Merci à vous

Interview décryptée par Alpha Assia Baldé et Kadiatou Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 68 00 41/620 52 85 54

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