Nouvelle Constitution, difficultés locales… Le S/G des collectivités de Beyla à Guineematin

Abdoulaye Kéléba Keita, secrétaire général chargé des collectivités décentralisées de Beyla
Abdoulaye Kéléba Keita, secrétaire général chargé des collectivités décentralisées de Beyla
Abdoulaye Kéléba Keita, secrétaire général chargé des collectivités décentralisées de Beyla
Abdoulaye Kéléba Keita, secrétaire général chargé des collectivités décentralisées de Beyla

La préfecture de Beyla, située au sud-est de la Guinée, est l’une des six préfectures de la région administrative de N’zérékoré. Cette localité, qui attirait autre fois du monde avec la présence de la société minière Rio Tinto, traverse de nos jours des moments difficiles, souvent minée par des conflits domaniaux.

Dans une interview accordée à l’envoyé spécial de Guineematin.com en Guinée Forestière, Abdoulaye Kéléba Keita, secrétaire général chargé des collectivités décentralisées de Beyla, est revenu sur de nombreuses questions qui touchent la vie de la préfecture, y compris la lancinante question du projet de nouvelle Constitution.

Guineematin.com : faites nous une brève la présentation de la préfecture de Beyla.

Abdoulaye Kéléba Keita : la préfecture de Beyla est une très vieille circonscription territoriale qui a été même érigée en cercle depuis 1895. Donc, c’est l’une des préfectures de la région forestière qui est une zone charnière, à cheval entre la Forêt et la Haute Guinée. Une partie de Beyla est de la Haute Guinée et une autre partie est de la Forêt. C’est une zone par excellence agropastorale. Elle est limitée à l’Est par la Côte D’Ivoire, avec lequel on est séparé de 700 et quelques kilomètres, à l’Ouest par la préfecture de Macenta, au nord par les préfectures de Kankan et de Kérouané, au sud par les préfectures de Lola et N’Zérékoré. La préfecture de Beyla a une population estimée à 326 mille et quelques habitants, qui a aujourd’hui 14 collectivités, dont une commune urbaine et 13 communes rurales, qui sont : Boola, Diaraguéréla, Diassodou, Foualah, Gbackédou, Gbessoba, Karala, Koumandou, Moussadou, Nionsomoridou, Samana, Sinko et Sokourala.

Guineematin.com : quelles sont les réalités de la préfecture de Beyla ?

Abdoulaye Kéléba Keita : Beyla est une préfecture qui a assez de difficultés. C’est une préfecture qui est un peu retranchée, c’est-à-dire très loin de la capitale et alors qui est une zone par excellence agropastorale. Franchement, c’est une zone qui se prête à deux activités. Donc, la plupart des populations sont rurales. C’est les paysans, les agriculteurs qui composent cette population en grande partie.

Guineematin.com : vous dites que Beyla a assez de difficultés, quelles sont les plus préoccupantes ?

Abdoulaye Kéléba Keita : des difficultés même par rapport au retranchement. Quand vous prenez Beyla, c’est une zone de pauvreté, il y a des enquêtes qui ont prouvé cela. Il y a des conflits récurrents que nous sommes en train de gérer en longueur de journée. C’est les autorités préfectorales et communales qui sont en train de gérer ces conflits récurrents qui se résument aux conflits domaniaux et autres. Le retranchement fait que sous sommes en manque de personnels administratifs. Tu peux prendre tout un service technique préfectoral qui n’a pas de personnel. Quand vous prenez la sécurité, les agents de sécurité, il en manque tellement que quand il y a des problèmes à l’intérieur, l’autorité est en difficulté de mobiliser les gens en conflit. Quand vous prenez le retrait de Rio Tinto par exemple, aujourd’hui, Beyla manque de banque primaire. C’est tout récemment, il n’ y a pas encore six mois, la BICIGUI qui était là, a pris tous ses matériels pour démanger à N’Zérékoré. Tout ça, c’est pour dire qu’il y a assez de difficultés que nous sommes en train de résoudre.

Guineematin.com : sur le plan des infrastructures administratives, quel est l’état des lieux ?

Abdoulaye Kéléba Keita : il y a quand même des logements, des blocs administratifs. Mais en somme, c’est des bâtiments très vétustes. Pour rappel, le 55ème anniversaire a bonifié la préfecture en lui accordant au moins six infrastructures. Mais, ces infrastructures généralement sont en souffrance. Les entreprises n’ont pas été sérieuses. La résidence même de monsieur le préfet est à peu près à 25 à 30 % de réalisation. La gendarmerie est aussi à 20 ou 25 % de réalisation. Voici des exemples qui illustrent qu’il y a des infrastructures, parce l’administration existe. Mais, ces infrastructures sont vraiment dans un état de vétusté qui fait qu’ils ne sont plus aptes à être utilisés. Quand vous prenez les logements des cadres, quand vous arrivez dans les cités, les infrastructures sont vraiment un peu vétustes.

Guineematin.com : la présence de Rio Tinto avait fait le bonheur des populations, comment avez-vous vécu le départ de cette société minière qui exploitait une partie du mont Simandou ?

Abdoulaye Kéléba Keita : quand Rio Tinto évoluait ici, nous on n’était pas là. Mais, on a appris des échos, il y avait un engouement sur le terrain, il y avait quelque peu des emplois qui préoccupaient les gens, il n’y avait pas tellement de conflits. Depuis que Rio Tinto s’est retiré, on a constaté beaucoup de chômage et cela a joué un peu sur la vie économique et sociale de la ville.

Guineematin.com : quelles sont vos relations avec les citoyens que vous dirigez ?

Abdoulaye Kéléba Keita : il y a une parfaite collaboration entre l’administration et la population. Monsieur le préfet prend régulièrement son temps pour passer des messages à la radio, il convoque des regroupements et nous passons aussi par les mairies, c’est-à-dire les conseils communaux qui sont des administrateurs aussi, qui sont en relation directe avec leurs populations et qui sont censés véhiculer les messages du pouvoir en place. Parce qu’un administrateur a pour rôle de faire passer les messages de sa hiérarchie.

Guineematin.com : quel est votre avis sur le projet de changement constitutionnel entrepris par le gouvernement ?

Abdoulaye Kéléba Keita : pour le changement constitutionnel, la nouvelle Constitution serait vraiment la bienvenue. Parce que, c’est permis. La Constitution en vigueur, dans son article 152, dit que le président peut proposer une nouvelle Constitution en passant par l’Assemblée Nationale. Il y a un record qui est prévu, quand cela est, l’assemblée nationale peut adopter la proposition du président de la République. Quand il y a un autre record, il faut que la proposition passe par le référendum. Mais, si des gens délibérément disent que la Constitution n’est pas à réviser, la Constitution n’est pas à reprendre, ils sont en ce moment contre même la Constitution en vigueur. Donc, la nouvelle Constitution viendra réparer beaucoup de choses, parce qu’il faut une adéquation entre les réalités sur le terrain. Parce que tout pays évolue, il faut qu’il y ait une cohésion entre les réalités du terrain et les textes de lois qui régissent la vie de la population. Donc, au fur et à mesure qu’on constate qu’il y a des failles, on peut revenir sur la constitution et pourquoi même pas une nouvelle constitution qui puisse être la préoccupation de la majeure partie de la population.

Guineematin.com : Beyla n’est pas resté en marge des mouvements de protestation contre tout changement constitutionnel. Est-ce que vous comprenez la position de ceux qui sont contre ce projet de changement constitutionnel ?

Abdoulaye Kéléba Keita : moi, je m’inscris en faux, il n’y a pas eu de soubresauts ici. En tout cas, l’autorité préfectorale, à ce que l’on sache maintenant, il n’y a pas eu de revendication, il n’y a pas eu une contestation par rapport à la nouvelle Constitution. Plutôt, quand les ministres en charge de la Santé, Edouard Niankoye Lamah ; de l’Hydraulique, Papa Koly Kourouma ; de la Pêche, Frédéric Loua ; et de l’Habitat, Dr Ibrahima Kourouma sont arrivés ici, la déclaration de la population a été comme quoi, elle adhère entièrement au projet de nouvelle Constitution. Donc, en dehors de ça, le ministre Komara aussi est arrivé, il a fait sa tournée. Je crois savoir qu’aucune contestation n’a prévalu, c’est-à-dire partout où ils sont passés, personne n’a dit le contraire. Tout le monde adhère au projet de nouvelle Constitution.

Guineematin.com : que dites vous de la présence à Beyla de l’antenne locale du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) ?

Abdoulaye Kéléba Keita : ici, il n’y a aucune velléité pour le moment. Au cas où ils (membres du FNDC) voudraient manifester, peut-être en ce moment l’autorité sera là. En ce qui me concerne, je n’admettrai jamais qu’il y ait une manifestation non autorisée par rapport à ça. Quand c’est autorisé par la loi, par les administrateurs que nous sommes, nous pourrons assister à ça. Mais, il y en a qui viennent sur le terrain sans autorisation et voudraient manifester. Pour le moment, Beyla n’est pas dans ce cadre et nous ne le souhaitons même pas. Nous ne voyons aucune velléité pour le moment.

Guineematin.com : si ceux qui sont pour le changement de la Constitution souhaitent faire une manifestation dans ce sens, est-ce que vous allez accepter ?

Abdoulaye Kéléba Keita : ils n’ont qu’à demander. Ce n’est pas que nous, autorités préfectorales, mais leurs demandes seront adressées aux autorités communales qui pourraient aussi se référer pour avoir quelque chose sur laquelle ils peuvent se baser pour accepter ou ne pas accepter. Pour le moment, en ce qui me concerne, je dis que je ne permettrai jamais qu’on se manifeste quand on n’est pas autorisé.

Guineematin.com : vous avez énuméré un tas de problèmes, quel est votre appel à l’endroit du gouvernement ?

Abdoulaye Kéléba Keita, secrétaire général chargé des collectivités décentralisées de Beyla
Abdoulaye Kéléba Keita, secrétaire général chargé des collectivités décentralisées de Beyla

Abdoulaye Kéléba Keita : pour le moment, Beyla est satisfait parce qu’il y a une panoplie de réalisations qui sont en cours, initiées par le président de la République. Avec ces initiatives présidentielles, nous assistons aujourd’hui à une réalisation en cascade. On a commencé déjà par désenclaver toute la zone de production du nord, c’est-à-dire il y a plus de 200 kilomètres de pistes rurales qui ont été réhabilitées. Il y aujourd’hui, le projet de bitumage de la voirie urbaine de la préfecture. Il y a des projets d’adduction d’eau, les forages sont en train d’être préparés. Il y a de l’électricité, parce qu’on a le projet d’électricité qui a été initié par le président de la République. Le cadre est là, il y a une entreprise qui est venue construire entièrement, le groupe électrogène est là. Aujourd’hui, le courant est en train d’être produit dans la commune urbaine de Beyla et seulement les gens n’ont pas procédé à l’installation des bâtiments. Si non, le groupe est lancé il y au moins un mois que nous sommes dans le courant. Mais le courant pour le moment, le groupe ne trouve pas sa charge réelle pour continuer à produire le courant en temps réel. Pour le moment, ils sont à une heure de temps de production parce qu’il faut protéger les groupes. Il ne faut pas les mettre en marche pour être endommagés quand ils ne sont pas réellement à leurs charges réelles. Donc pour le moment, Beyla est en train de savourer ces initiatives présidentielles.

Interview réalisée par Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel : 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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