N’zérékoré : le gouverneur et les populations appellent à une paix durable

Les fora et visites conjointes organisées en Guinée Forestière dans le cadre du projet « appui au dialogue et participation politique inclusifs » ont pris fin ce mardi, 1er octobre 2019, dans la salle du CREDEZ, de la commune urbaine de N’zérékoré. La démarche visait à débattre avec toutes les couches socioprofessionnelles sur le maintien d’une paix durable en région forestière, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

C’est le gouverneur de la région administrative, Mohamed Ismaël Traoré, qui a présidé l’ouverture des travaux. Dans son intervention, monsieur Traoré a appelé les populations à œuvrer avec l’Etat et les partenaires pour le maintien d’une paix durable dans cette région du pays, jugée conflictogène. « Comme le disait l’autre, la paix n’est pas un vain mot, mais un comportement. La région de N’zérékoré, qui est notre région natale à nous tous, c’est cet objet précieux que nous devons conserver, adorer et mettre tout œuvre pour qu’elle ne connaisse pas de troubles sociaux, pour que notre région soit toujours citée en exemple de havre de paix dans le pays. Mais, qu’on n’entende plus dire que N’Zérékoré est une région à haut risque ou sensible à la violence, ou ville criminogène, alors que N’Zérékoré est convoité par tout le monde, c’est un endroit où il fait bon vivre. On peut même dire que c’est le grenier de notre pays, la Guinée. C’est en même temps, une région qui regorge de potentialités minières fabuleuses. Une région qui constitue le poumon économique du pays. Comment on peut être issu de cette région et qu’on nous qualifie de personnes qui créent l’instabilité sociale? C’est inacceptable. Nous devons travailler pour faire de N’Zérékoré une belle cité paisible où il fait bon vivre non seulement pour chaque Guinéen, mais pour tout citoyen désireux de se rendre chez nous », a dit le gouverneur.

Pour Elhadj Sékou Sanoh, de l’inspection régionale de la ligue islamique de N’Zérékoré, l’Etat devrait penser à outiller et accompagner les religieux dans leur mission de sensibilisation pour la paix et la cohésion sociale. « Nous demandons à l’Etat de venir en aide aux religieux qui sont souvent appelés en rescousse pour calmer les esprits. Nous, nous pensons qu’il faut que le Guinéen se réconcilie avec lui. Il faut que le Guinéen demande pardon à son prochain. Notre pays a un passé douloureux. Nous, nous demandons d’ailleurs ce qu’est devenu le Comité Provisoire de Réflexion sur la Réconciliation Nationale. Cette structure avait un rapport intéressant. Nous attendons toujours la réaction pour connaître la suite qui est donnée aux recommandations. Nous demandons à chacun de nous d’accepter l’autre et d’aimer notre pays pour notre bien commun », a insisté le religieux.

De son côté, Daoro Zoumanigui, responsable régional de l’association pour la promotion des personnes handicapées de N’zérékoré, pense que la justice est la seule voie qui mène à la paix durable. « Ce qui menace la paix, c’est l’injustice, les frustrations et l’impunité. Par exemple, le 4 avril passé, Madame la ministre de l’action sociale a plaidé pour l’intégration à la fonction publique des personnes handicapées diplômées. Mais nous avons été surpris d’être exclus de la liste. Si nous voulons la paix, nous devons être justes, éviter les frustrations, la discrimination et combattre l’impunité. Il faut surtout respecter les droits de l’homme dans nos actions quotidiennes ».

Pour sa part, Madame Madoussou Camara de la mouvance présidentielle et femme leader à N’Zérékoré, a dit que la paix est menacée à cause du tempérament des hommes. « Les hommes sont trop chauds alors que s’il y a problème, c’est nous les femmes qui sommes les plus grandes victimes… Pour éviter cela, il faut qu’on se donne la main, il faut qu’on discute de tous les problèmes au tour de la table ».

De son côté, Jean Paul Lamah, du bureau régional de N’Zérékoré du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme en Guinée, a rappelé que le projet en cours d’exécution est mis en œuvre dans le souci de renforcer le dialogue et la paix en prélude aux consultations électorales. Comme recommandations, cet expert plaide pour le renforcement du dialogue. « Je me suis beaucoup réjoui de voir qu’il y avait un grand intérêt de la part des participants de pouvoir exprimer leurs soucis par rapport à la paix. Il y a des particularités comme des généralités qui ont été notées parmi les problèmes qui menacent la paix : des conflits éleveurs-agriculteurs aux des conflits politiques en passant par les exactions des forces de l’ordre et les conflits domaniaux. Mais partout, les gens ont exprimé le besoin de renforcer la paix dans les différentes localités à travers le dialogue. Il est important que les représentants des partis politiques se rencontrent le plus souvent pour éviter que les guerres des nerfs se transforment en guerre des muscles », a conseillé ce responsable du HCDH.

A la clôture de ce forum, le 4ème pour la région de la Guinée forestière, après celui de Kissidougou, Gueckédou et Beyla et les visites conjointes de Macenta et Lola, les participants de tous les bords se sont engagés à consolider la paix, à renforcer le dialogue et la cohésion sociale pour le bien de tous.

Le Président délégué du comité de pilotage du projet, Dr Jean Edouard Sagno, au nom de la délégation qui l’accompagne, a noté avec satisfaction cet engagement des acteurs sociopolitiques de la région forestière pour la consolidation de la paix et l’unité nationale.

A rappeler que ces fora et visites conjointes, financées par le PNUD et le HCDH, ont connu la participation de l’Assemblée Nationale, du département de l’Unité Nationale et de la Citoyenneté, du Groupe National de Contact et de la société civile. Les quatre délégations composées à cet effet ont sillonné les quatre régions naturelles du pays, 7 gouvernorats et 23 préfectures jugées conflictogènes en deux semaines.

Depuis N’Zérékoré, Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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