« OIM zéro, gouvernement guinéen zéro », scandent des migrants guinéens rentrés du Maghreb

Une nouvelle vague de migrants guinéens rentrés d’Afrique du nord est arrivée dans la soirée du dimanche, 05 août 2018 dans la ville de Kankan. Ces jeunes qui ont échoué sur le chemin de l’Europe ont été rapatriés par l’OIM. Ils ont été logés dans l’ancien local du Tribunal de Première Instance de Kankan avant de bouger pour rentrer chez eux. Mais ces derniers n’ont pas du tout apprécié leurs conditions d’accueil et d’hébergement, et ils l’ont fait savoir ce matin, rapporte le correspondant de Guineematin.com à Kankan.

Au nombre de 230, ces migrants qui ont tenté d’aller en Europe via la méditerranée, ont échoué pour la plupart en Algérie où leurs rêves ont été brisés. Ils ont été arrêtés et maltraités avant d’être récupérés par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) qui les a rapatriés en Guinée, dans le cadre de son programme de retour volontaire des migrants qu’elle met en œuvre avec le gouvernement guinéen et l’Union européenne.

A peine rentrés en Guinée, ils ont été conduits dans les anciens locaux du TPI de Kankan qui leur servent de lieu de transit avant qu’ils ne rentrent chez eux. Mais sur place, les migrants ont été surpris de n’y trouver aucun matelas. Certains d’entre eux disent avoir passé la nuit à même le sol. Et ce lundi matin, ils ont dénoncé cette situation en scandant notamment des slogans comme « OIM zéro, gouvernement guinéen zéro ».

« Même les animaux ne peuvent pas passer la nuit ici, ce n’est pas propre et puis il n’y a pas de matelas, ils veulent qu’on passe la nuit à même le sol mais personne ne peut dormir ici. Et puis, ils veulent bouffer notre argent encore, ils ne savent pas combien de fois nous avons souffert au Maghreb », s’insurge Mohamed Sylla, l’un des migrants rapatriés.

« Ils nous ont dit qu’ils vont nous donner 500 000 GNF avec un téléphone chacun, et puis c’est nous-mêmes qui allons payer notre transport dans ces 500 000 GNF. Dans les autres pays, les migrants sont rapatriés par avion et à leur arrivée, on leur donne 1500 dollars, chez nous ici c’est 50 euros qu’on nous donne, quand j’emprunte une voiture pour aller à Conakry ça me restera combien ? Est-ce que cela peut nous encourager à rester au pays ? On préfère mourir à l’étranger que de rester ici », ajoute-t-il, les larmes aux yeux.

Un autre qui a requis l’anonymat regrette aussi cette situation : « On a traversé le désert pour se retrouver de l’autre côté du monde, on se fait rapatrier, on vient chez nous pensant qu’on allait être bien accueillis, mais les conditions sont désagréables, la maison est fortement délabrée. Un être humain ne peux pas dormir ici, ils n’ont envoyé que des nattes, on ne s’est pas lavé, on n’a pas mangé », témoigne ce jeune homme.

Les responsables de l’OIM qui étaient sur les lieux, ont tous refusé de se prononcer sur le sujet.

De Kankan, Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com

Tél. : 00224 620 95 40 47

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