Opposants détenus à Conakry : leurs avocats s’inquiètent face à « la parodie de justice qui se prépare »

Ousmane Gaoual Diallo et Cellou Baldé
Me Salif Béavogui et Me Thierno Souleymane Barry, avocats des détenus politiques

Les avocats des opposants guinéens détenus à la maison centrale de Conakry se disent très préoccupés de la situation de leurs clients. En plus de la dégradation de l’état de santé de la plupart des prisonniers politiques, leurs conseils dénoncent une « parodie de justice » en préparation dans ce dossier. Ils se sont fait entendre à travers une conférence de presse organisée ce mercredi, 24 février 2021, à Conakry, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Même s’ils se sont retirés de la procédure en cours, les avocats des opposants Elhadj Ibrahima Chérif Bah, Etienne Soropogui, Ousmane Gaoual Diallo, Cellou Baldé, Abdoulaye Bah et autres, ne baissent pas les bras. Ils continuent de se battre pour réclamer une procédure normale, respectant tous les droits de ces détenus politiques. C’est dans ce cadre qu’ils ont décidé d’alerter l’opinion nationale et internationale sur la procédure qui est actuellement en cours et qui devrait certainement déboucher sur des condamnations fantaisistes.

Me Salif Béavogui, avocat à la cour

« Aujourd’hui, c’est l’inquiétude, la tristesse et la désolation face aux multiples violations des règles de procédure des droits les plus élémentaires de la défense de ceux qui sont détenus. A travers cette conférence, nous essayons d’alerter l’opinion nationale et internationale sur les graves violations des droits de la défense dans cette affaire ainsi que la parodie de justice qui se prépare. Si on ne prend pas garde, des peines pourraient être distribuées en fonction de la tête de nos clients », alerte Me Salifou Béavogui, membre du collectif d’avocats des opposants.

L’autre préoccupation des avocats, c’est la dégradation de l’état de santé de la plupart des détenus politiques. Une situation due aux mauvaises conditions de détention auxquelles ils sont soumis à la maison centrale de Conakry, indique Me Salifou Béavogui. « Ils (les détenus politiques, ndlr) sont pratiquement tous malades. Ces maladies sont liées à leurs conditions de détention. Vous savez, chacun de nous traîne une maladie n’importe laquelle, mais il résiste. Alors, si vous êtes privé de liberté ou bien vous vous retrouvez dans une certaine situation, la maladie ne fera que s’empirer.

Si vous prenez par exemple Honorable Ousmane Gaoual Diallo, il a des maux d’yeux, des problèmes de nerfs, des douleurs de tout son corps liées au fait qu’avant, s’il avait la possibilité de faire du sport, aujourd’hui tout cela est interdit. Ils sont sur place 24/24h. Il (Ousmane Gaoual, ndlr) nous a rapporté qu’il a l’impression parfois que son côté gauche ne fonctionne pas et qu’il frôle la paralysie. Il a été 2 ou 3 fois évacué à l’hôpital à ses propres frais.

Une fois même, il a payé plus de 7 millions de francs guinéens pour les examens à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale. Elhadj Ibrahima Chérif Bah est malade, Etienne Soropogui a été hospitalisé, Madic100 Frontière a une opération qui ressurgit à tout moment, Souleymane Condé et Ismaël Condé sont malades. Et même tout récemment, Honorable Cellou Baldé qui a beaucoup résisté, a fini par être évacué à l’hôpital pour voir les différentes palpitations qu’il gère à longueur de journée », a dit l’avocat.

C’est pour toutes que les avocats des opposants ont décidé récemment de se retirer de la procédure en cours. Mais, ils promettent de revenir aussitôt que la procédure normale sera respectée.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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