Conakry : une rentée timide des élèves et étudiants

écoles, enseignants, Les écoles sont effectivement ouvertes ce lundi 19 janvier 2015 à Conakry. Dans la commune de Ratoma où des reporters de Guineematin.com ont fait le tour, l’ambiance était morose dans plusieurs écoles et universités.

Au complexe scolaire SENNADE, situé à Cosa par où nous avons commencé à 8 heures 35 minutes, le DG de l’école, Simone Tinkiano, a confirmé qu’effectivement tout son personnel, enseignants et encadreurs est sur place, mais que les élèves ne sont pas venus : « Comme vous le voyez la rentrée est très timide. Certainement, c’est parce que la date de l’ouverture a été trop juste. Moralement, beaucoup de parents d’élèves n’étaient pas préparés à envoyer les enfants dès aujourd’hui. Mais, certainement, d’ici la fin de la semaine, voir le début du mois de février, on se verra avec une forte affluence. A l’heure où nous parlons, (9 heures TU), je n’ai qu’une quinzaine d’élèves pour toutes les classes », a-t-il dit.

A l’université de Nongo Conakry, le vice recteur chargé des études, Pr. Mamadou Aliou Souaré, explique: « Vous savez qu’il y a eu du retard à cause du virus Ebola. Mais, je pense que c’est une bonne chose de commencer maintenant les études dans la mesure où il y a une baisse de la courbe d’après les spécialistes de la maladie. Au niveau des dispositifs sanitaires, comme vous-même vous le constatez, tout est prêt. Des kits ont été positionnés à tous les endroits de l’école »

Concernant la mobilisation, Pr. Mamadou Aliou Souaré parle de la psychose Ebola : « Vous savez que le premier jour de l’ouverture, ce n’est pas l’affluence. Avec toute la psychose que cela pose aux uns et aux autres, c’est petit à petit que les étudiants arrivent. En matière de pédagogie, toutes les dispositions sont prises, tous les professeurs sont effectivement sur place et les cours ont démarré ».

Pour sa part, le chef de département Droit à l’Université Nongo de Conakry, il a d’abord souligné que l’information sur l’ouverture a pris les gens de court. Et que par conséquent ce n’est pas de la grande affluence aujourd’hui : « Sur la mobilisation, le personnel de l’université est prêt, les kits sanitaires sont là, tout est installé. Les enseignants sont là aussi et sont mobilisés. Par contre, du côté des étudiants, ce n’est pas la grande affluence. Beaucoup ne sont pas revenus des vacances ou ceux qui sont revenus, peut-être qu’ils ne sont pas suffisamment prêts pour débuter les cours aujourd’hui. Mais, on espère dans les jours à venir ».

Quand à monsieur Youssouf Diallo, Directeur du service de la scolarité de cette même université, il décrit la situation par rapport aux foyers : « Globalement, on a repris les réinscriptions le vendredi dernier. Mais, jusqu’aujourd’hui, on a une centaine d’inscrits, pas plus. L’affluence est peu pour l’instant. Mais, je pense que d’ici à la fin de la semaine, on aura réinscrit la majorité ».

Au lycée public de Kipé, l’un des plus grands lycées de la commune, c’est le même constat, pas d’affluence des élèves. Beaucoup de classes sont vides, malgré la présence des enseignants et des encadreurs. Interrogé, le Proviseur du lycée, El Hadj Ammara Ballato Kéita, a affirmé que ses impressions sont bonnes parce qu’il y a eu assez de retard à cause de la maladie Ebola, avant de relativiser la faible présence des élèves dans les écoles : « Toutes les ouvertures des écoles ont été comme ça.  Ce n’est pas qu’à cause seulement d’Ebola. Les premiers jours, il n’y a pas beaucoup d’affluence chez les élèves. Mais, tous les professeurs en situation de classe programmés pour ce lundi sont là. Et, les cours ont effectivement démarré », rassure- t-il.

Pour le proviseur de Kipé, plusieurs facteurs expliquent ce manque d’affluence aujourd’hui, tout d’abord, il y a la peur des gens, mais surtout le problème de moyens financiers des parents d’élèves : « Ebola a contribué à la paupérisation des populations. C’est ce que les gens refusent de dire. Ce n’est pas que la maladie elle-même. Personne ne veut que ses enfants trainent à la maison sans venir à l’école. Ce sont les moyens qui manquent aux parents », pense monsieur Kéita.

Rencontré à la rentrée de la cour du Collège Kipé, un professeur qui a préféré garder l’anonymat explique à guineematin.com : « Je suis là depuis 7 heures 45 minutes, j’avais deux cours, mais il n’y a aucun élève dans les deux salles où je devais dispenser les cours. Par conséquent, je rentre à la maison pour revenir demain »…

Mamadou Alpha Baldé pour Guineematin.com

Tél : 664 53 16 42

 

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