Plénière de l’opposition : voici les six points débattus pendant le huit clos

L’Opposition Républicaine, réunie autour du leader de l’UFDG, a passé en revue l’actualité sociopolitique nationale ce mercredi 12 septembre 2018. C’était à l’occasion d’une plénière où les opposants au régime du président Alpha Condé ont tiré à boulets rouges sur la gestion actuelle de notre pays, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les opposants ont échangé autour de nombreux sujets, allant du retard dans l’installation des élus locaux à la crise qui mine la Cour Constitutionnelle, en passant la « vente » du Port aux turcs d’Albayrak, la sortie d’Etienne Soropogui de la CENI ou encore cette affaire de présumé détournement de 21 millions de dollars au préjudice de la banque centrale de la Guinée. Au terme de plus de trois heures de huit clos, c’est Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition, qui a le compte-rendu de la plénière :

De l’installation des élus communaux

Au niveau de la mise en place des élus locaux, nous avons déploré le retard pris par le ministère de l’administration du territoire. Nous avions déjà pris contact avec lui, et nous a rassuré que tout sera mis en œuvre pour que ces conseils communaux soient installés dès l’arrivée du dernier convoi de la Mecque, puisque beaucoup de conseillers élus seraient au pèlerinage. Nous allons suggérer au ministre de l’administration du territoire de rédiger et de diffuser une circulaire, précisant les modalités pratiques de mise en œuvre de ces conseillers pour conférer à l’opération d’installation des conseillers toute la transparence qu’il faut.

Du cas d’Etienne Soropogui de la CENI

Vous avez suivi dans la presse les aveux du directeur des opérations de la CENI, Etienne Soropogui, qui a enfin reconnu que des pressions ont été exercées sur les magistrats qui ont présidé les Commissions Administratives de Centralisation des Votes. Et ceux-ci ont écarté et falsifié les PV au profit du parti présidentiel. Ça réconforte quelque part l’opposition, dans la mesure comme vous le savez, on avait organisé des points de presse pour expliquer cette fraude massive à laquelle se sont livrés des magistrats assermentés… Les résultats publiés ne reflétaient pas les résultats des urnes. Aujourd’hui, c’est un membre éminent de la CENI qui confirme que cette pression a eu lieu et les magistrats ont cédé à ces pressions.

De la Loi sur la CENI

Les leaders de l’Opposition républicaine ont déploré le retard pris dans la promulgation de la Loi sur la CENI qui a été déjà votée depuis le mois de juin. Elle a été transmise à la Cour Constitutionnelle, qui devrait se prononcer sur sa conformité avec la Constitution de la République pour que le président de la République la promulgue. Nous demandons à la Présidence et à la Cour Constitutionnelle de diligenter des opérations qui doivent être menées pour que nous puissions avoir une loi sur la CENI, pour mettre en place la nouvelle CENI.

De la persistance de la mauvaise gouvernance

Vous savez, l’opposition a toujours dénoncé la mauvaise gouvernance, et surtout l’impunité dont jouissent aujourd’hui le président de la République, le Premier ministre et les membres du gouvernement. Vous savez que toutes ces personnalités jouissent du privilège de juridiction. Ils ne peuvent être entendus que par la Haute Cour de Justice. Le président de la République, malgré tous les accords, refuse de mettre cette institution en place, qui devrait être mise en place depuis juin 2014, c’est-à-dire six mois après la mise en place de l’Assemblée… Cette impunité est renforcée par le fait qu’au niveau de l’assemblée nationale, pour mettre une commission d’enquête parlementaire en place, il faut avoir la majorité. L’opposition n’a pas cette majorité. Donc, le pouvoir se livre à toute sorte d’activité, convaincu qu’il ne peut être interpellé par personne.

Alors, la concession du Port Autonome de Conakry sans appel d’offres, parce que c’est Alpha Condé qui décide de donner le port à des amis dans les conditions que vous savez. On envoi la convention le 9 août, il devait aller le 12 en Turquie. Il faut signer. Ils se retrouvent au bureau du ministre alors que les cadres du port avaient émis de fortes réserves sur le document qui leur avait été présenté. L’opposition dénonce cette façon de faire qui est une illustration de la mauvaise gouvernance actuelle. Nous maquons notre solidarité avec les syndicats qui luttent à la fois pour leurs intérêts, mais aussi contre cette mauvaise gouvernance. Ils ont la solidarité de l’opposition républicaine… nous avons déjà demandé une enquête parlementaire pour nous permettre d’avoir toutes les informations relatives à cette opération…

Il y a eu ensuite le dossier des 21 millions de dollars à la banque centrale. On appelle un ami à qui on donne un marché de transfert de fonds, des recettes de change du pays. La première opération, c’était 58 millions de dollars, vous donnez ça à quelqu’un, qui n’a aucune garantie, aucune enquête n’est menée pour s’assurer qu’il a la compétence, la réputation ou la compétence qu’il faut effectuer ce genre d’opérations… On en parle et les autorités disent que ce n’est pas vrai. Tout ça, c’est l’impunité, la volonté de satisfaire le clan et les amis…

Des Dysfonctionnements à la Cour Constitutionnelle

Nous avons échangé nos informations et on s’est dit tout simplement que c’est un harcèlement qui vise une personne, monsieur Kéléfa Sall dont la position contre le 3ème mandat est affirmé et assumé. Il faut qu’on fasse sauter ce verrou avant de faire sauter le verrou qui est dans la Constitution. Il n’y a aucun autre objectif que ça. Maintenant, il faut trouver d’autres arguments. Mais, depuis qu’il a dit au président Alpha Condé de ne pas écouter les sirènes révisionnistes et que c’était son deuxième et dernier mandat, on cherche à lui créer des problèmes. Nous lui apportons notre soutien parce que, comme vous le savez, nous ne voulons pas d’un 3ème mandat. Les dispositions relatives à la durée et au nombre de mandats ne sont pas négociables et l’opposition se battra pour que cela soit respecté.

Du déguerpissement en cours à Kaporo rails

Nous avons noté que les gens qui habitent à Kaporo rails sont là, pour certains, depuis les années 60 ou 70. Ils ont vécu là, ils ont des enfants qui sont nés là. Nous avons noté qu’ils ont massivement voté pour l’opposition. Donc, ne soyez pas surpris qu’après les élections, qu’on cherche à les déguerpir. En tout cas, juridiquement, un endroit que tu as habité pendant plus de 40 ans, il n’y a pas de raison qu’on te déguerpisse. Le code foncier a prévu, s’il y a des raisons d’utilité publique prouvées, qu’on exproprie des citoyens moyennant une juste et préalable indemnisation…Comment peut-on demander aux gens de sortir de leurs domiciles en saison pluvieuse ? Est-ce que c’est politique ? Nous nous posons des questions… Donc, l’opposition républicaine exprime sa solidarité avec nos compatriotes de Kaporo rails et demande au gouvernement de renoncer à cette opération….

Propos recueillis par Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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