Présidentielle du 18 octobre : la coordination des unions forestières s’oppose à une candidature d’Alpha Condé

La Coordination Nationale des Unions Forestières (CNUF) et le Conseil Supérieur de la Diaspora Forestière (CSDF) sont « catégoriquement » opposés à une candidature du président Alpha Condé pour un troisième mandat. Ces deux structures ont exprimé leur position dans une déclaration rendue publique ce dimanche, 23 août 2020. C’était à l’issue de deux journées de concertation organisées par la coordination autour de plusieurs sujets concernant la région forestière de la Guinée.

Tenue au Km 36 (Préfecture de Coyah), cette rencontre a connu la participation des antennes régionales de la CNUF de Kankan, Boké, Mamou, Labé, Faranah et N’Zérékoré, mais aussi des représentants du Conseil Supérieur de la Diaspora Forestière, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters qui était sur place.

Parmi les sujets qui ont focalisé les attentions au cours de cette rencontre, figure la détention de 42 opposants à un troisième mandat pour le président Alpha Condé, interpellés il y a quelques mois à N’Zérékoré et conduits à la prison civile de Kankan. Ces derniers sont accusés d’être à l’origine des violences intercommunautaires qui ont émaillé le contesté double scrutin du 22 mars 2020, à N’Zérékoré. Des violences qui avaient fait plusieurs morts, beaucoup de blessés et d’importants dégâts matériels.

Les participants à ce conclave ont fustigé encore une fois l’incarcération de ces « innocents », rappelant que leur libération est une condition sine qua non pour le maintien de la paix à N’Zérékoré. « Le conclave note que la détention arbitraire de ces compatriotes et l’existence de la fosse commune de l’après 22 mars 2020 à N’Zérékoré affectent la paix sociale et ne favorisent pas la réconciliation en Guinée Forestière. Il remercie la communauté forestière de Kankan ainsi que toutes les organisations et personnes physiques amies qui soutiennent ces prisonniers politiques dont le seul tort a été de se retrouver au mauvais endroit et au mauvais moment.

Face à cette situation d’injustice et de manque de volonté manifeste des gouvernants de voir la vérité en face et libérer ces innocents malgré les efforts combinés de leurs avocats, leurs familles, des organisations de défense des droits de l’homme, la communauté nationale et internationale, le conclave lance un appel :

A tous les ressortissants de la région et au peuple de Guinée : à continuer la solidarité envers ces 42 prisonniers politiques et leurs familles ; à accentuer les démarches nationales et internationales pour une justice équitable ; à se mobiliser pour exiger la libération sans conditions de ces prisonniers avant toute démarche de réconciliation et d’organisation d’élections en Guinée Forestière.

A l’Etat Guinéen : de veiller au respect des droits fondamentaux de ces détenus politiques spéciaux, de libérer immédiatement ces prisonniers dont le dossier s’est avéré vide ; d’arrêter tout simulacre de réconciliation et d’offre de libération contre l’adhésion forcée des prisonniers au projet de présidence à vie de l’actuel président de la République », souligne la déclaration qui a sanctionné cette rencontre.

Même si le président Alpha Condé ne s’est pas encore déclaré officiellement candidat à la présidentielle du 18 octobre, tout porte à croire qu’il va briguer un troisième mandat. Il a déjà été investi candidat par son parti et ses alliés et a dit avoir pris acte de ces décisions. Alors que des mouvements de soutiens se font entendre pour soutenir la candidature d’Alpha Condé, la Coordination Nationale des Unions Forestières et le Conseil Supérieur de la Diaspora Forestière, eux, s’y opposent fermement.

« Le conclave réitère la position originelle et non négociable de la CNUF et du CSDF à défendre l’alternance régulière en République de Guinée, gage de la stabilité nationale. Par conséquent, conformément à la constitution guinéenne, le conclave s’oppose catégoriquement à toute candidature du président Alpha Condé à l’élection présidentielle prochaine. Il demande l’ouverture d’un dialogue nationale inclusif pour discuter des conditions d’une alternance apaisée. Il appelle tous les fils et filles du pays à se mobiliser pour barrer la route à toutes actions qui pourraient conduire notre pays vers le chaos et l’instabilité permanente », ont lancé les participants à cette rencontre.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

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