Procès de syndicalistes du SLECG : « acceptez de les libérer, n’écoutez personne » (avocats)

Maître Salifou Béavogui, avocat
Maître Salifou Béavogui, avocat

Comme annoncé précédemment, le procès de 10 syndicalistes membres du SLECG ouvert hier, se poursuit ce vendredi, 17 janvier 2020, au tribunal de première instance de Mafanco. Après les réquisitions du procureur, Alsény Bah, qui a demandé au tribunal de condamner 7 d’entre eux à 8 mois d’emprisonnement et au payement d’une amende de 500 mille francs chacun, les avocats de la défense ont pris la parole pour leurs plaidoiries. Tous, ont plaidé non coupables et réclamé la relaxe pure et simple de leurs clients, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui est sur place.

Pour maître Salifou Béavogui, le procureur a fait ses réquisitions uniquement pour faire plaisir au plaignant. « Monsieur le président (du tribunal, ndlr), vous avez été formé par un enseignant au primaire, au collège, au lycée et à l’université. Nous aussi, on a eu le même parcours que vous, puisque nous avons tous été formés par les enseignants. Malheureusement, le procureur qui est à côté de vous n’a jamais connu un enseignant dans sa vie, il est devenu procureur comme ça. Il a dit que les enseignants sont ceux qui forment les élèves, mais il nous a surpris dans sa réquisition en requérant 8 mois de prison contre des pauvres enseignants et une amende de 500 mille francs guinéens, qui seront payés par les parents des prévenus. Il a fait ses réquisitions pour faire plaisir à monsieur Bérété (le proviseur du lycée Bonfi et plaignant dans cette affaire).

Aujourd’hui, pour être un principal ou proviseur d’une école, de Conakry jusqu’à Yomou, il faut être militant du RPG Arc-en-ciel et avoir juré sur le Coran et la Bible de servir le RPG Arc-en-ciel. Tous les samedis, ils boudent les cours pour prendre part à l’assemblée générale hebdomadaire du parti au pouvoir. Monsieur le président, je connais certains procureurs qui n’allaient jamais accepter que ces pauvres enseignants partent en prison. C’est le cas d’Aboubacar Sylla. Mais, celui qui est à côté de vous, est prêt à bondir même sur un cercueil roulant. Les faits reprochés contre nos clients ne sont pas établis. C’est pourquoi, nous vous prions de faire application de l’article 544 du Code de procédure pénale en relaxant les prévenus ici présents pour des fins de la poursuite de délit non constitué. Acceptez de les libérer, n’écoutez personne. Jugez selon votre propre esprit », a plaidé l’avocat.

Abondant dans le même sens que son prédécesseur, Me Mohamed Traoré, un autre avocat des syndicalistes, n’a pas aussi fait des cadeaux au procureur. « Monsieur le président, je voudrais féliciter monsieur le procureur parce qu’il vient d’avoir une augmentation de son salaire, qui est le fruit du combat mené par les magistrats et les avocats. Et, c’est le même combat que les enseignants membres du SLECG sont en train de mener. Conformément au code de travail et de la fonction publique, les syndicalistes avaient déposé un préavis de grève, et c’est au cours des négociations avec le gouvernement que certains enseignants ont été arrêtés.

Je ne pouvais pas imaginer que le procureur puisse requérir des peines d’emprisonnement à des enseignants qui ont tous rejeté les faits et les débats l’ont prouvé. Pourquoi il pense que même si les faits ne sont pas avérés, qu’il faut en inventer ? Comment le procureur peut dire que des injures ont été proférées alors que cela n’a pas été dit par devant votre tribunal ? Nous vous demandons de relaxer purement et simplement les prévenus », a demandé l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Guinée.

Après les réquisitions et plaidoiries, le tribunal a renvoyé l’affaire au mardi, 21 janvier 2020, pour l’annonce de sa décision. En attendant, les enseignants, membres du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG), dirigé par Aboubacar Soumah, retournent à la maison centrale de Conakry.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

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