Prorogation de l’état d’urgence sanitaire : ce qu’en disent certains citoyens de Conakry

Madame Barry, ménagère, rencontrée à Kaporo

Le président de la République a annoncé ce mercredi, 16 juillet 2020, la prorogation de l’état d’urgence sanitaire qui va s’étendre jusqu’au 15 août prochain. Alpha Condé a également procédé à un allègement de certaines restrictions, comme le couvre-feu qui va de minuit à 04 heures du matin pour le Grand Conakry. Au lendemain de cette annonce, des citoyens de Conakry, interrogés par un reporter de Guineematin.com, ont exprimé leur déception.

La non réouverture des mosquées et le maintien de certaines restrictions, notamment celles liées au transport, ne sont pas du goût de nombreux citoyens de Conakry. Ils ont exprimé leurs difficultés quotidiennes ce jeudi dans un entretien avec notre reporter.

Aboubacar SOUMAH, agent d’assainissement, rencontré au quartier Nongo.

Aboubacar SOUMAH, agent d’assainissement, rencontré au quartier Nongo : « moi, je n’ai pas du tout aimé ce que le président de la République a dit hier dans son discours. On s’attendait à ce qu’il lève l’état d’urgence sanitaire. C’est très dur. Le transport est très cher, nous payons le double transport. Nous souffrons beaucoup. Nous partons au travail chaque fois mais nous ne gagnons pas assez à cause de cette maladie. Alpha doit avoir pitié de nous ».

Fodé CAMARA, courtier des immobiliers, rencontré à Kaporo

Fodé CAMARA, courtier dans le secteur immobilier, rencontré à Kaporo : « il y a beaucoup de difficultés. Même gagner le manger est tout à fait des problèmes… Même si tu as des programmes avec quelqu’un, tu vas aller mais tu ne gagneras rien avec ce dernier, si ton patron n’a rien, toi l’employé tu n’auras rien. C’est une crise mondiale qui est là. Ce que je peux dire aux autorités, c’est que le peuple souffre. On n’a pas besoin d’expliquer tout ça. Il y a la réalité qui se passe. C’est mieux de sensibiliser, mobiliser et encourager les gens à porter les masques de protection. Mais, le fait d’augmenter 30 jours de plus, c’est pour nous finir à petit feu. Tout le monde est fatigué ».

Madame Barry, ménagère, rencontrée à Kaporo

Madame Barry, ménagère rencontrée à Kaporo : « il ne fait que prolonger l’état d’urgence sanitaire alors que nos maris et nous-mêmes souffrons. On en a marre. On en a marre du président là. Nous rencontrons plein de difficultés. Nous les femmes, nous avons besoin d’avoir la paix du cœur avec nos familles. On n’a pas à manger, nos maris n’ont pas de travail, à plus forte raison il y a le Coronavirus. Donc, vraiment on en a marre. Ils n’ont qu’à nous ouvrir nos mosquées, nous serons en paix. Ils n’ont qu’à ouvrir nos mosquées on va aller prier Dieu pour qu’il nous aide. Comme lui il n’a pas envie de nous aider, le bon Dieu va nous aider. Ils n’ont qu’à ouvrir les mosquées, on va essayer de plaider Dieu ».

Sall Mamadou Pété, trouvé dans un café bar à Nongo

Sall Mamadou Pété, trouvé dans un café bar à Nongo. « Franchement, la prorogation de l’état d’urgence sanitaire, je ne suis pas pour. Imaginez si nous prenons le côté transports, rien ne va. Nous savons que le guinéen vit du quotidien et si réellement, cet aspect-là n’est pas corrigé, je pense ça va encore jouer sur la population. Si les marchés sont ouverts alors que les mosquées sont fermées, c’est ridicule. Parce que le marché est un lieu de contamination facile, il y a un afflux d’êtres humains qui se croisent là-bas. Si ce que l’on dit du Coronavirus est réel, c’est que toute la Guinée serait testée positive. Il y a de ces lieux qui fonctionnent 24/24 que les gens ne savent pas. Alors pourquoi ne pas rouvrir les lieux de culte. S’il veut nous aider, qu’il le fasse dans le bon sens. Je ne comprends pas pourquoi prolonger l’état d’urgence sanitaire ».

Bademba BARRY, citoyens, rencontré à Nongo

Bademba BARRY, un citoyen rencontré à Nongo : « Moi, je n’ai qu’un seul mot à dire à propos du discours du président, il n’a qu’à tout faire pour libérer nos mosquées. Moi, c’est ma préoccupation. S’il ouvre la mosquée, c’est là-bas que nous allons prier le bon Dieu pour qu’il nous pardonne. Nous avons vu, les médecins sont en train de faire leur mieux. Mais si nous nous prions aussi dans les mosquées, peut-être Dieu va nous venir à l’aide pour résoudre toutes nos difficultés ».

Abdoul Razak SOW

Abdoul Razak SOW. « Ce que j’ai à dire à propos du discours du président, imaginez, tu sors de la maison avec le transport qui est cher, tu pars à Madina pour le commerce, tu ne gagnes pas de clients et tu reviens à la maison tu n’as pas eu la dépense de la journée, ça devient une perte. Ça, c’est très récurrent. Nous souffrons pour ça. Deuxièmement, les gens ont besoin que les mosquées soient ouvertes pour que nous nous y rendions pour prier. Troisièmement, les policiers exagèrent avec le contrôle des bavettes. Il y a des gens qui ont des problèmes de respiration si tu veux enlever les masques pour avoir au moins un peu d’air, ils viennent t’arrêter pour te soutirer de l’argent. Donc, nous devrions prendre l’exemple sur la Guinée Bissau, la Sierra Léone, la Côte d’ivoire qui ont levé le couvre-feu. Le carburant a chuté mais ils ont refusé de diminuer le prix du carburant en Guinée. Au moins qu’on accepte que les chauffeurs de taxis prennent 5 personnes. Ça pourrait au moins alléger le transport ».

Propos recueillis par Mohamed DORÉ pour Guineematin.com

Tel: +224 622 07 93 59 / 666 87 73 97

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