Quand le COVID-19 vole la vedette à la politique

La cour constitutionnelle a confirmé ce mercredi les résultats provisoires des élections législatives proclamés par la CENI. Alors qu’en temps normal cette proclamation aurait dû susciter beaucoup de réactions, le hasard du calendrier a fait qu’elle est passée totalement inaperçue. Même pas une brève dans les éditions d’information des grands médias.

La crise sanitaire ne pouvait pas tomber mieux pour le régime guinéen. Malgré la menace brandie le FNDC de reprendre ses manifestations si les autorités continuent à harceler ses militants, personne ne prend cette menace au sérieux. Une telle reprise serait totalement inappropriée voire incongrue. La priorité du moment n’est pas le combat politique mais à la lutte contre la maladie.

Dans son dernier discours à la Nation, Alpha Condé a, une nouvelle fois, appelé tous les acteurs à l’union sacrée pendant cette épreuve. Dans le contexte actuel, il ne peut en être autrement. Partout c’est la trêve. Mais cette trêve ne durera que le temps de la pandémie. Juste après la vie politique reprendra ses droits. Et partout, l’opposition demandera des comptes au pouvoir.

Particulièrement en Guinée où, désormais, l’opposition la plus représentative est extraparlementaire. Or même quand elle était au parlement elle a usé et même abusé de la rue. A plus forte raison maintenant qu’elle n’a aucune possibilité de se faire entendre que par cette rue. C’est la seule voie qui lui reste. Du moins sur le plan interne. Sur le plan externe, l’opposition compte sur tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux. Déjà, et malgré la crise sanitaire, ces partenaires ont annoncé les couleurs.

Le moins que l’on puisse dire est que l’après COVID-19 s’annonce difficile pour le régime de Conakry. La CEDEAO a assisté impuissante au double scrutin du 22 mars. La raison invoquée de l’annulation de sa mission de médiation à Conakry était officiellement d’ordre sanitaire. Ceux qui devaient effectuer cette mission n’ont pas encore dirigé le camouflet de leur homologue guinéen.

S’agissant de l’Union africaine, celle-ci s’aligne toujours sur la position de l’organisation sous régionale. En l’occurrence la CEDEAO. Or, à regarder de près, l’écrasante majorité des chefs d’Etat de la sous-région sont issus d’une alternance politique. A l’exception du Togo-qui constitue l’exception qui confirme la règle en Afrique de l’Ouest- la quasi-totalité des autres Etats est dirigée par des hommes qui ont accédé au pouvoir grâce à l’alternance.
Les six pays limitrophes de la Guinée sont tous dirigés par un président démocratiquement élu. L’Ivoirien, sur lequel le président Alpha Condé pouvait compter, s’est engagé à passer le témoin à un dauphin. Malgré un semblant d’entente, ce n’est pas le parfait amour entre le président guinéen et son homologue sénégalais. Or quand ce dernier est enrhumé, le nouveau président bissau-guinéen éternue.

Le Libérien, plus sportif que politique, rejoint toujours la majorité. Le Sierra-Léonais, malgré son passé dans la turbulence que son pays a connue, affiche l’image d’un démocrate convaincu. Reste le malien. Lequel aurait tout fait pour persuader son « grand frère » guinéen d’organiser des élections inclusives. Sans succès. Bref, quand la crise de Coronavirus ne sera plus qu’un mauvais souvenir du passé, Alpha Condé sera paradoxalement un homme affaibli et isolé par sa décapitation de son opposition.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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