Radicalisation et retour aux manifs : voici les arguments des opposants

Comme annoncé précédemment sur Guineematin.com, l’opposition républicaine s’est réunie ce vendredi 15 septembre 2017, au QG de l’UFDG. A l’issue de la plénière, les opposants ont annoncé la suspension de leur participation au comité de suivi de la mise en œuvre des conclusions du dialogue politique inter-guinéen du 12 octobre 2016 et la reprise des manifestations de rue. Une situation qui s’explique, selon eux, par le retard accusé dans l’application desdits accords, a appris sur place Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

A la sortie de la plénière, c’est Aboubacar Sylla, porte-parole de l’opposition républicaine, qui en a fait le compte-rendu. Il était entouré entre-autres de Cellou Dalein Diallo, Papa Koly Kourouma, Jean Marc Telliano, Mouctar Diallo, Thierno Saidou Bayo, Dr Ibrahima Sory Diallo, Abdoulaye Kourouma.

Voici le compte rendu fait par monsieur Sylla Aboubacar : « La 15ème session du comité de suivi s’est tenue le mois en cours. Nous avons noté lors de cette réunion, une participation massive de La CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) qui était représentée à la session par son président, accompagné de la directrice de la planification et du directeur des opérations, c’est-à-dire des responsables de la CENI qui sont au cœur de la gestion du processus électoral. La CENI nous a fait le compte-rendu de certaines de ses activités. Elle nous a présentés d’abord l’avant projet de chronogramme des élections locales. Après toutes les explications qui ont été données, la conclusion a été que 120 jours sont prévus pour la planification et l’organisation de ces élections. Malheureusement, nous ne savons pas à partir de quand le délai de 120 jours commence à courir. Nous avons eu quelques informations du directeur des opérations indiquant que le délai commençait à partir de la mise à disposition des fonds à la CENI par les autorités du pays. Ce qui veut dire donc en conclusion qu’il n’y aucune chance pour que les élections locales se déroulent en 2017. Alors que je vous le rappelle, d’après l’accord du 12 octobre 2016, il était prévu que les locales se déroulent au mois de février 2017…

« Le deuxième compte-rendu qui nous a été faits par la CENI, c’est la gestion du Dossier d’Appel d’Offres relatif à l’audit du fichier électoral. Un document de cahier de charges avait été transmis à la CENI par le comité de suivi. Apparemment, aujourd’hui il y a eu un consensus entre la commission technique du comité de suivi et le comité technique chargé de cette activité au niveau de la CENI. Il y avait juste une divergence dans ce qu’on a appelé la problématique, c’est-à-dire le préambule, l’état des lieux qui était fait de la situation actuelle du fichier pour justifier l’audit que l’opposition avait réclamé lors du dernier dialogue. Je crois qu’on est entrain de nous acheminer vers un dénouement de cette petite crise et qu’on va donc très bientôt avoir un cahier de charges complet résultant du consensus avec l’opposition. Cet appel d’offres va être lancé très bientôt et d’après la CENI, la durée de 150 jours qui était prévue pour l’exécution des tâches, pourrait être ramené à 60 jours.

« Il y a d’autres commissions du comité de suivi qui ont fait leur compte-rendu. Le premier a été fait par la commission élections communales, CENI et fichier. Ce compte-rendu rejoint à peu-près la présentation qui a été faite par la CENI. La deuxième commission de notre comité de suivi a présenté les questions liées à la communication et à la neutralité de l’administration, du service public. De là, on a fait le constat qu’à ce niveau les choses ne bougeaient pas du tout parce que non seulement les activités prévues comme les conférences de presse à organiser, les synergies au niveau des radios et différentes émissions qui devaient être réalisées avec les radios pour mieux faire connaitre l’accord et aussi mieux faire connaitre le nouveau code électoral, dont les dispositions ne sont pas du tout connues même des partis politiques et de la société civile, a fortiori du grand public, cette commission ne fait pas encore son travail. Elle se plaint d’un manque total de budget pour effectuer ses opérations.

« En ce qui concerne la neutralité du service public, puisque c’est une question qui est traitée par notre Constitution, elle est traitée par la i sur la liberté de la presse et traitée par la loi concernant la Haute Autorité de la Communication où il est prévu que les médias du service public doive nt être préservés de la main mise du gouvernement. C’est-à-dire que les médias du service public doivent être ouverts à touts les sensibilités politiques, il se trouve dans les accords du 12 octobre, cette disposition a été reprise et mise au compte du gouvernement qui s’est engagé à la respecter. Aujourd’hui, regardez al télévision nationale, je crois qu’il est très facile de se rendre compte que rien n’est fait dans ce domaine, alors qu’une simple décision administrative suffirait pour ouvrir les médias de service public aux différentes sensibilités politiques du pays.

« Ensuite, la commission juridique, chargée de questions liées à l’indemnisation, a également fait son compte-rendu. Elle s’est enorgueillit qu’il y a aujourd’hui zéro prisonnier, que les prisonniers qui avaient été arrêtés lors de nos manifestations politiques seraient complètement libérés. Cependant, nous avons la question qu’en est-il de la procédure judiciaire en cours en ce qui concerne les personnes qui sont poursuivies dans le cadre de nos manifestations et qui ne sont pas encore jugées, dont on ne connait pas encore le sort judiciaire.

« Ensuite, on a parlé des indemnisations. Là encore, toutes les listes ne sont pas encore réunies. Si l’opposition a déposé sa liste, il y a certaines entités qui ont été nommées, notamment les organisations de la société civile, auxquelles on a réclamé des compléments de listes, il se trouve qu’on n’a pas toutes les listes de toutes les personnes qui ont décédées lors des manifestations. Pour nous, ça prend beaucoup de temps, ce n’est pas une question difficile à traiter, s’il y a un minimum de volonté politique. Au jour d’aujourd’hui, on devrait nous atteler à l’indemnisation des personnes qui ont perdu leurs biens à l’occasion de nos manifestations. Mais, jusqu’à aujourd’hui, c’est une question qui n’est pas même pas encore abordé au niveau du comité de suivi. On ne parle que de la question des personnes qui ont été tuées, qui ont été handicapées à vie.

« Donc, c’est ce compte-rendu qui a été fait et qui nous a amené à faire le constat que même s’il y a eu des actes qui ont été posés, même s’il ya eu quelques résultats intermédiaires, mais au finish, on peut dire que jusqu’a présent, près d’une année après la signature de cet accord du 12 octobre 2016, on se rend compte que la plupart, les 9/10ème des dispositions ne sont pas encore appliquées.

« Nous avons donc fait le constat que le comité de suivi ne joue son rôle et que c’est une institution ou faire valoir, ou on présente les leaders de l’opposition, les leaders de la mouvance présidentielle côte à côte, comme pour dire qu’il y’ a un vrai dialogue qui se tient dans ce pays et qu’on était de s’acheminer progressivement vers la mis en œuvre complète de l’accord qui a été signé le 12 octobre 2016. Aussi, nous avons fait 3 mois sans la moindre réunion de ce comité….

« Donc, on s’est dit que ce comité de suivi ne joue pas du tout son rôle et nous avons donc décidé, unanimement au niveau de l’opposition républicaine, de suspendre notre participation désormais au comité de suivi. Nous avons donc décidé d’aller reprendre nos programmes des manifestations, de renforcer le programme qu’on avait déjà donné.

« Ainsi, le 20 septembre, nous allons organiser une marche qui va se dérouler sur la route Le Prince et qui va aboutir à l’esplanade du stade du 28 septembre. Le lendemain, il y aura une journée ville-morte à laquelle l’opposition va appeler toutes les populations de Conakry. Le 27 septembre, il est prévu également une marche, cette fois-ci sur l’autoroute. Au lendemain de cette marche, nous allons encore appeler les guinéens à observer une journée ville-morte sur toute l’étendue du territoire national. Il est possible que la marche du 27 septembre soit une marche nationale et qu’elle ne se limite pas donc à la ville de Conakry. Ce sont ces dispositions que nous avons décidé de prendre pour faire en sorte que ces élections se tiennent enfin…. »

Propos recueillis par Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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