Rentrée parlementaire en période de Covid-19 : une décision irresponsable et cynique, selon Aliou Bah

Aliou BAH , président de l'organe provisoire du MoDeL , président de l'organe provisoire du MoDeL

A l’image de ses pairs de l’opposition, le président de l’organe provisoire du Mouvement Démocratique Libéral (MoDel) voit d’un mauvais œil la convocation de la rentrée parlementaire en pleine crise sanitaire liée au coronavirus en Guinée. Cette rentrée est prévue demain, mardi 21 avril 2020, avec la première session inaugurale, qui va consister à l’élection du bureau de de la nouvelle Assemblée nationale issue des élections législatives contestées du 22 mars dernier.

Pour l’opposant, convoquer une session parlementaire à un moment la pandémie de Covid-19 se propage de manière inquiétante dans le pays démontre « l’irresponsabilité et le cynisme » des autorités guinéennes, qui mettent les intérêts politiques au-dessus de la santé de la population. Il l’a dit au cours d’un entretien avec un journaliste de Guineematin.com, ce lundi 20 avril.

« C’est illustration de l’irresponsabilité totale des autorités et même d’un cynisme. Parce que tout le monde sait que c’est un processus illégal et illégitime qui a été amorcé à partir du 22 mars dernier et malgré la situation de la pandémie du Covid-19 qui est en train de faire beaucoup de victimes dans notre pays. Une situation dans laquelle nos compatriotes n’ont pas assez d’informations et les dispositions qui sont prises par nos autorités ne rassurent pas et ne font pas encore des résultats.

Alpha Condé trouve encore une autre occasion de dérouler son agenda politique égoïste dans ce contexte-là. Donc, lui-même a annoncé des mesures qu’il n’est pas prêt à respecter et à faire respecter d’autant plus qu’il a été clairement dit d’éviter de faire mobiliser plus de 20 personnes à ce stade-là. Maintenant, cette histoire d’Assemblée nationale dont il parle, c’en n’est pas une, c’est juste une institution qu’il a fabriquée dans son palais qui est au service de son agenda dictatorial. Donc pour nous, en soit, l’événement n’a aucun sens.

Il ne s’agit d’une cérémonie inaugurale d’une quelconque Assemblée nationale. Au FNDC, nous restons fidèles à notre ligne, qui est que nous nous reconnaissons à la constitution de mai 2010, nous ne reconnaissons rien qui soit issu du coup d’Etat constitutionnel du 22 mars dernier. Mais ce qui est plus important à ce stade-là, c’est de montrer l’irresponsabilité des autorités et du président vis-à-vis de l’état de santé de nos compatriotes et aussi de la crise profonde dans laquelle nous sommes », a-t-il déclaré.

Face à cette situation, le président du MoDel invite les Guinéens à prendre leurs responsabilités en respectant les mesures barrières édictées par les spécialistes, mais aussi à observer la journée ville morte appelée demain par le FNDC pour protester contre la convocation de cette session d’une Assemblée nationale non reconnue par l’opposition. « Déjà le FNDC a lancé un appel à une journée ville morte demain pour que les gens restent davantage à domicile pour protester contre cet état de fait et aussi pour protester contre le programme de kidnapping qui continue par les forces de défense et de sécurité, les représailles qui continuent dans les quartiers, les règlements de compte qui continuent, les emprisonnements, les arrestations arbitraires qui continuent.

Nous demandons aux Guinéens non seulement d’observer cette journée ville morte mais aussi de rester vigilants, de prendre les bonnes informations et suivre les consignes qui ont été données par rapport à la lutte contre le Covid-19. Nous n’avons malheureusement pas une autorité qui nous protège, nous n’avons pas des dirigeants qui sont soucieux de notre état de santé. Donc, il nous appartient à nous, chacun en ce qui le concerne, de prendre des dispositions pour se protéger, protéger son entourage », a-t-il conseillé.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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