Sanctions de l’UE contre d’anciens dignitaires du CNDD : la colère de Me Paul Yomba Kourouma

Me Paul Yomba Kourouma, avocat à la cour
Me Paul Yomba Kourouma, avocat à la cour

Comme annoncé précédemment, l’Union européenne vient de brandir des sanctions (interdiction de voyage, gel des avoirs) contre cinq anciens responsables du CNDD (conseil national pour la démocratie et le développement). Il s’agit du capitaine Moussa Dadis Camara, du colonel Moussa Tiégboro Camara, du colonel Jean-Claude Pivi, du lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité alias ‘’Toumba’’ et d’Abdoulaye Chérif Diaby, tous accusés d’avoir joué un rôle dans le massacre du 28 septembre 2009 au stade de Conakry (des massacres commis à ciel ouvert avaient fait au moins 157 morts, des centaines de blessés et plusieurs femmes violées). Mais, c’est avec une grande colère que l’avocat du lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba appris cette nouvelle.

Joint au téléphone hier, lundi 17 mai 2021, par un reporter de Guineematin.com, Me Paul Yomba Kourouma a qualifié ces sanctions de « prématurées ». L’avocat accuse aussi l’Union européenne de « violation des droits humains » et assure que la culpabilité ou l’innocence des personnes visées ne doit être établie qu’à la suite d’un jugement.

« Il s’agit là d’une mesure qui viole la présomption d’innocence. Elle est prématurément entreprise par l’Union Européenne. L’Union Européenne est défenseur des droits humains, mais elle prend les personnalités du CNDD pour des coupables avant même quelques interventions judiciaires que ce soient. Alors, c’est vraiment une violation flagrante des différentes chartes, des différents instruments juridiques que l’Union Européenne vient de se rendre auteur. C’est vraiment très surprenant qu’une institution de cette taille qui prétend défendre des droits humains, viole délibérément les droits humains, les droits à un procès juste et équitable, les droits à être défendu et à se défendre. Ensuite, la décision n’est pas notifiée aux parties et aux personnes concernées. Cette décision n’a pas pu être connue réellement, les personnes concernées par la décision n’ont pu être identifiées que grâce à la perspicacité de la presse. Sinon les personnes inculpées n’ont commis de faute que parce qu’elles avaient des responsabilités à l’époque des faits au sein de l’appareil d’Etat. Elles n’ont commis de crime que parce qu’elles ont tout simplement été citées dans cette affaire. Mais, on dit qu’ils sont des présumés auteurs, pas des auteurs. La culpabilité ou l’innocence va être établie à la suite d’un jugement. Il faut plutôt que de s’acharner contre l’Etat qui refuse d’organiser ce procès. Parce que l’instruction est déjà close depuis longtemps. L’ordonnance de renvoi est rendue il y a longtemps. Le dossier de la procédure est déjà entre les mains des juridictions compétentes il y a de cela 3 ans », a indiqué Me Paul Yomba Kourouma.

Pour l’avocat de Toumba Diakité, cette décision de l’Union européenne est « partiale, clandestine et non contradictoire ». Au regard de la situation, Me Paul Yomba Kourouma promet d’attaquer cette décision devant la Cour européenne des droits de l’homme.

« D’abord, nous attendons la notification de cette décision. Parce qu’elle ne peut pas être opposante dès lors qu’elle n’est pas notifiée. Et, lorsqu’elle sera notifiée, nous nous allons l’attaquer devant la cour européenne des droits de l’homme. Nous allons formaliser le dossier avec nos confrères résidants  dans l’espace de l’union. Nous allons faire retracer cette décision arbitraire, illégale, injuste, irrespectueuse des chartes des droits humains et toutes les règles de procédures. L’Union Européenne pense défendre les droits humains. Alors qu’elle ignore tout de ces droits. Il faut vraiment apprendre ces leçons de droits, de la démocratie et de l’Etat de droit. Elle a dorsalement attaqué les personnes concernées, pas frontalement. Elle refuse encore de les notifier du fondement de leur décision tout court. Elle n’agit que par intérêt, elle a des réactions trop partiales dans ses actions. Parce qu’il y a longtemps que Toumba par exemple souffre d’une grave pathologie à la maison centrale, mais l’Union Européenne, ces eurodéputés n’ont jamais interpellé l’Etat guinéen sur cet état de fait, pour que Toumba soit examiné par des médecins. Donc, cette décision est prématurément entreprise. Elle est close, elle est clandestine et elle n’est pas contradictoire, » a martelé Me Paul Yomba Kourouma.

Mohamed Gueasso DORE pour Guineematin.com

Tel : +224 622 07 93 59

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