Sidy Souleymane N’diaye, procureur de Dixinn : « on peut bel et bien incarcérer un journaliste… »

Sidy Souleymane N'diaye, procureur de la république près le tribunal de première instance de Dixinn et formateur

Le procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn a échangé avec plusieurs journalistes ce jeudi, 17 juin 2021, sur la loi L002 portant liberté de la presse en République de Guinée. C’était à la faveur d’une formation organisée à Conakry par conseil d’administration de la Maison de la presse avec le soutien financier du Système des Nations Unies en Guinée, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place. Sidy Souleymane N’diaye a mis cette occasion à profit pour recadrer ceux qui disent que la loi L002 dépénalise les délits de presse.

Sidy Souleymane N’diaye

« La dépénalisation signifie soustraire une infraction à la sanction du droit pénal. C’est-à-dire supprimer légalement une infraction ou enlever à des faits leur caractère infractionnel. Faudrait-il en cette considération souligner que la loi sur la liberté de la presse, bien qu’excluant une peine d’emprisonnement, n’en comporte pas moins des peines d’amende. Voilà pourquoi nous, nous récusons le terme « dépénalisation ». Parce que l’amende est une peine. Si vous allez dans le sens de ceux qui parlent de dépénalisation, ça veut dire sur la loi sur la liberté de la presse, il n’y a ni emprisonnement ni amende. C’est donc par abus de langage que les gens le disent », a indiqué le magistrat.

Par ailleurs, Sidy Souleymane N’diaye a évoqué la question de la détention provisoire qui divise les journalistes et les magistrats. Selon lui, même si la loi L002 ne prévoit pas une peine de prison pour une personne poursuivie pour délit de presse, le prévenu peut effectivement être placé en détention provisoire. « La détention préventive, actuellement nommée détention provisoire, est prévue par l’article 132 de la loi L002. La notion de détention provisoire veut dire que le prévenu est détenu pour un moment en attendant l’ouverture de la procédure (…). Les juges ne font aucun abus en le faisant. On peut bel et bien incarcérer une personne poursuivie pour délit de presse en attendant l’ouverture du procès. Donc on a rien inventé par rapport à certains journalistes qui ont été l’objet de détention provisoire », a laissé entendre le procureur de Dixinn.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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