Soupçons de fraudes à Bamako : quelques réactions après la réélection d’IBK

De notre envoyé spécial à Bamako : La réélection d’Ibrahim Boubacar Keita à la tête du Mali provoque une vague de réactions dans le pays, notamment à Bamako. Dans la capitale malienne, beaucoup de citoyens sont déçus des résultats de l’élection présidentielle qui a reconduit le candidat sortant pour un nouveau mandat.

Ces derniers dénoncent des fraudes massives dans le nord du pays, région en proie à l’insécurité et ou les observateurs internationaux n’ont pas pu se rendre. Mais pour les observateurs internationaux, il faut plutôt se satisfaire que cette élection ait pu avoir lieu malgré les risques qu’il y avait, et accepter les résultats même s’ils ne sont pas parfaits.

Soupçons de fraudes au Nord Mali

Pour beaucoup d’observateurs, les maliens allaient sanctionner IBK dans les urnes à causes de ses nombreuses promesses non tenues ; mais aussi, à cause de ses nombreux voyages qui ont non seulement joué négativement sur l’économie nationale, mais non pas pu rapporter grand-chose en termes de développement du pays. Pire, l’accord de paix signé en fin 2015 entre le gouvernement malien et les groupes armés du Nord n’a pas été respecté.

C’est donc avec beaucoup d’étonnement, que certains citoyens ont appris la réélection du président sortant qui devance largement son challenger. Ce qui provoque des soupçons de fraudes et de bourrages d’urnes dénoncés par l’opposition. Ce qui est encore étonnant, c’est que le président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, est sorti largement vainqueur dans plusieurs localités du Nord du Mali, réputées pourtant être des fiefs de Soumaïla Cissé. Difficile de vérifier s’il y a eu effectivement fraude ou non, d’autant plus qu’à cause de l’insécurité qui prévaut dans cette zone, les observateurs notamment internationaux n’ont pas pu s’y rendre.

« On ne peut pas être arbitre dans un jeu et le perdre »

Dans les rues de Bamako, nous avons interrogé des citoyens quelques minutes après la proclamation des résultats. Pour certains, notamment les proches de Soumaïla Cissé, « On ne pas peut pas être arbitre dans un jeu et le perdre », faisant ainsi allusion au ministre de l’Administration du Territoire, qui est partie prenante dans l’organisation de ce scrutin et dont ils accusent de s’être rendu à son village pour battre campagne pour son champion.

« Pour la paix, on va le laisser finir son deuxième mandat pour s’en aller définitivement »

Même parmi les partisans du président Ibrahim Boubacar Keïta, beaucoup sont déçus. Mais, ils ne voulaient pas non plus de Soumaïla Cissé qui à leurs yeux, n’incarnait pas le changement dont ils ont toujours rêvé. « Moi mon candidat c’était IBK mais ; cette fois-ci, je n’ai pas voté pour lui. Je n’ai voté pour personne. Je ne veux plus de cette classe politique car, elle a montré ses limites », nous a dit en substance un citoyen rencontré à Djikoroni-para, un quartier de Bamako.

« Pour la paix, on va le laisser finir son deuxième mandat pour s’en aller définitivement. Je fais de l’évènementiel, je suis parmi ceux qui ont fait les affiches d’IBK. Je l’aimais, mais il m’a déçu car toutes les promesses tenues avant son élection en 2013, il ne les a pas respectées. Pas de travail, l’insécurité bat son plein dans le pays », a notamment dénoncé un autre citoyen qui a gardé l’anonymat.

Les irrégularités n’entachent pas la crédibilité de l’élection

Enfin, pour de nombreux observateurs notamment internationaux, la situation sécuritaire au Mali, impose qu’on accepte les résultats. Pour beaucoup d’entre eux, aucune élection ne peut réussir à 100%. « Il y a avait une forte menace sécuritaire dans le pays. Des groupes terroristes avaient dit que ces élections n’allaient pas se tenir. Mais, heureusement, elles ont eu lieu. Donc, les acteurs doivent les accepter. Et, s’il y a un désaccord, qu’ils le portent devant l’instance habilitée à le résoudre et non par la violence », a dit un observateur.

A préciser que dès après l’annonce des résultats, le candidat malheureux Soumaïla Cissé a dit ne pas les reconnaitre. Il a donc quelques jours pour déposer son recours auprès de la Cour constitutionnelle. Car, c’est elle qui devra valider ou invalider la réélection d’Ibrahim Boubacar Keïta.

De Bamako, Ibrahima Sory Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com

Tél. : (00223) 92 57 77 96

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