Tirs à balles réelles à Cosa : Guineematin dans la famille de feu Mamadou Sow

Comme annoncé dans nos précédentes dépêches, deux jeunes guinéens ont été tués (à Conakry et à Labé) hier, lundi 13 janvier 2020, à l’occasion de la toute première journée des manifestations illimitées contre le projet de nouvelle constitution qui permettrait au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat à la tête de la République de Guinée. Et, ce mardi, deuxième journée, Labé a enregistré un deuxième cas de mort par balle.

A Conakry, Mamadou Sow, 21 ans, élève en classe de terminale sciences mathématiques, a été tué dans son quartier, à Bantounka 2, dans la commune de Ratoma. Il a reçu une balle au niveau de la poitrine, alors qu’il observait des échauffourées entre des manifestants et des agents des forces de l’ordre qui étaient en cours dans son quartier.

Hassimiou Sow, père de feu Mamadou Sow

Interrogé par un reporter de Guineematin.com, monsieur Mamadou Hasmiou Sow, le père de la victime, ne comprend toujours pas cette nouvelle façon des forces de sécurité de tirer sur les enfants des autres et interdire à toute personne de lui porter secours…

Mamadou Sow est resté couché ici pendant un long moment. A un moment donné, il y a eu du bruit dehors, il est sorti donc pour aller observer ce qui se passait. Cela a coïncidé au passage d’un pick-up de gendarmes. Selon les témoins, un des agents est descendu du véhicule pour le tuer. Il s’est bien agenouillé pour le viser au niveau de la poitrine. Pire, quand ils ont tiré sur lui, les agents ont dit que personne ne devait le secourir. Ce n’est qu’après leur départ que les jeunes ont pu venir prendre mon fils pour le conduire dans une clinique non loin de là. Mais, avant leur arrivée à l’hôpital, mon fils était déjà mort. Je n’étais pas sur les lieux, mais les témoins m’ont dit que c’est un gendarme qui l’a tué.

Maïram Sow, mère de feu Mamadou Sow

Pour sa part, Madame Maïran Sow, la mère de la victime était avec son enfant toute la matinée de ce lundi noir… Mon fils était au lit jusqu’aux environs de 11 heures, il s’est réveillé pour prendre son café. Ensuite, il s’est couché au salon jusqu’à midi, avant de se lever pour sortir. Quand il sortait, j’ai dit : Elhadj Mamadou où vas-tu ? Il m’a dit maman, je ne vais pas loin, je vais juste derrière la cour ici. Malheureusement, dès qu’il est sorti, il a été tué par balle. Je ne pardonne pas du tout à ceux qui l’ont tué.

Mamadou Malal Diallo, Directeur Général du complexe scolaire Safia école

Enfin, monsieur Mamadou Malal Diallo, le directeur général du complexe scolaire Safia École, où étudiait la victime trouve évidemment la mort de Mamadou Sow très affligeante !

Je suis très désolé, désespéré, désemparé, désenchanté d’apprendre cette triste nouvelle concernant la mort de Mamadou Sow. Un élève très intelligent, très dévoué, très courageux, très attaché aux valeurs de l’école, qui aujourd’hui, perd la vie à la fleur de l’âge. C’est vraiment affligeant. Je vous dis franchement, et vous pouvez demander à tous ses collègues, que c’est un élève très dévoué, qui aimait travailler à l’école, qui aimait ses camarades et surtout aussi qui participait à toutes les activités de l’école.

A quelques mois de la fin de son deuxième et dernier mandat, le président Alpha Condé tient à changer la Constitution guinéenne. Ce qui lui permettrait de continuer à rester à la présidence de la République. Opposés à ce projet, plusieurs leaders politiques et de la société civile, réunis au sein du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), appellent les Guinéens à des manifestations illimitées pour contraindre le chef de l’Etat à renoncer à ce projet et à organiser des élections libres et transparentes à la fin de son mandat comme l’exige la Constitution guinéenne. Et, ce mardi est donc la deuxième journée de ces manifestations intitulées « résistance continue » par le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC).

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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