Torture des manifestants contre un 3ème mandat en Guinée : « ils ont branché du courant électrique sur moi »

Alpha Ibrahima Kéïra, ministre de la Sécurité et de la protection civile

Arrestations arbitraires, tortures, injures… Les agents des forces de l’ordre qui ont été déployés par le régime Alpha Condé pour réprimer les Guinéens qui ne veulent pas d’une nouvelle constitution, synonyme d’un troisième mandat dans leur pays, sont accusés aujourd’hui devant les tribunaux, rapportent les journalistes de Guineematin.com qui sont sur le terrain.

Après les leaders du FNDC (front national pour la défense de la constitution) qui ont dénoncé le mercredi passé des sévices corporels subis dans les différents commissariats de police et les CMIS (Compagnies mobiles d’intervention et de sécurité), ce sont les citoyens qui ont été arrêtés dans la commune de Matam qui dénoncent actuellement au tribunal de Mafanco les tortures subies lors de leurs interpellations.

« On m’a arrêtée à 6 heures du matin à Matam. Je lavais mes habits seule avec mon enfant à la maison lorsqu’ils sont venus m’arrêter. Ils m’ont conduite à Bonfi. Ils ont branché du courant électrique sur moi pour que je monte dans le véhicule », a notamment expliqué madame Saran Kamissoko.

Et, la déclaration qui a suscité plus d’émois dans la salle d’audience, c’est lorsque la dame a révélé la présence de son bourreau dans le même tribunal ! « Le policier qui a branché le courant sur moi, je l’ai vu tout de suite dehors. Ce policier est au tribunal ici… », a précisé madame Saran Kamissoko.

Après cette déclaration, les avocats de la défense ont fait aussitôt remarquer à madame Djenabou Doghol Diallo, la présidente du tribunal, que leur cliente a été victime de tortures. « Ce qui est inacceptable dans un Etat de droit », ont-ils fait savoir.

Il n’en fallait pas plus pour faire bondir le procureur de la République de son piédestal ! Monsieur Sory Doumbouya a dénoncé une volonté des avocats de la défense de détourner le débat ailleurs : « le tribunal n’est pas saisi des faits de tortures, mais pour participation délictueuse à un attroupement », a lancé le procureur, Sory Doumbouya.

A suivre !

Saidou Hady Diallo et Laafa Sow sont au TPI de Mafanco pour Guineematin.com

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