Tortures en Guinée : un commandant de la BAC n°8 jugé à Conakry

Accusé de tortures à l’encontre d’Ibrahima Diogo Sow, un jeune arrêté pour vol à mains armées, le commandant Salifou Walto Soumaoro de la Brigade Anti-Criminalité (BAC n°8) de Kakimbo a comparu hier, mardi 08 janvier 2019, devant le tribunal criminel de Dixinn. L’officier a plaidé non coupable, assurant n’avoir jamais donné l’ordre de torturer le jeune homme, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Cette affaire remonte à 2016. Dans la nuit du 04 mars de cette année, une équipe de la BAC n°8 basée à Kakimbo dans la commune de Ratoma, s’est rendue au domicile d’Ibrahima Diogo Sow, un jeune marchand, accusé de vol à mains armées. Ils ont défoncé sa porte et ont mis main sur lui et sa compagne avec laquelle il se trouvait à la maison. Les deux ont été conduits immédiatement à Kakimbo où Diogo Sow a été soumis à des traitements inhumains et dégradants.

Une personne non identifiée a réussi à filmer la scène et a posté la vidéo sur les réseaux sociaux. Ces actes de tortures ont ému plus d’un et ont amené un collectif d’avocats à se constituer partie civile pour poursuivre le commandant de cette Brigade Anti-Criminalité, accusé d’avoir donné l’ordre à ses agents de torturer le jeune homme. Le Commandant Salifou Walto Soumaoro a été arrêté et placé sous mandat depuis le 30 janvier 2017.

A la barre du tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la mairie de Ratoma, l’accusé a reconnu avoir participé personnellement à l’arrestation d’Ibrahima Diogo Sow à son domicile à la Cimenterie suite à un vol à mains armées perpétré chez un homme d’affaires à Kipé. Il nie cependant avoir donné l’ordre de le torturer.

« Au cours de cette attaque, les malfrats ont réussi à emporter des biens et des numéraires. Parmi ces biens enlevés, figurent deux téléphones dont un était muni du système GPS. C’est ce système qui nous a permis de localiser Ibrahima Diogo Sow. Nous sommes allés le prendre à son domicile avec les appareils. On l’a envoyé à Kakimbo. Mais je n’ai pas donné l’ordre de le torturer », a expliqué le commandant.

Après les explications de l’accusé et les débats entre les parties, ce fut la phase des plaidoiries et réquisitions. Dans ses réquisitions, le procureur Boubacar 1 Bah est revenu longuement cette affaire, estimant que le commandant Walto est effectivement coupable des faits pour lesquels il est poursuivi. C’est pourquoi, il a demandé au tribunal de le retenir dans les liens de la culpabilité, en le condamnant à 5 ans d’emprisonnement et au paiement d’une amende de 5 millions de francs.

De son côté, la partie civile, par la voix de maître Halimatou Camara, a demandé au tribunal de condamner l’accusé au paiement d’un montant de 2 milliards de francs. « Nous demandons l’application stricte de la loi. Et pour la réparation, nous réclamons un montant de 2 milliards de francs guinéens à titre de dommages et intérêts », a dit l’avocate.

Pour sa part, maître M’Bomby Marra, l’avocat de la défense, a sollicité l’acquittement pur et simple de son client pour délit non constitué. Finalement, le dossier a été renvoyé au 22 janvier 2019, jour auquel le tribunal rendra sa décision.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

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