TPI de Mafanco : le procureur reconnait l’authenticité des visas angolais ! C’est un délit non constitué, disent les avocats

Aéroport international 4 de fevreiro, Luanda, AngolaAprès deux jours de procès, les 21 des 27 personnes arrêtées retournent en prison jusqu’au jeudi 29 janvier 2015, jour où elles seront fixées sur leur sort dans cette affaire qui fait grand bruit. Après avoir crié à l’abus de pouvoir de la part des policiers, les détenus ont été soutenus par leurs avocats qui parlent d’absence d’infraction. Et, le procureur, lui, requiert deux ans de prison avec sursis…

C’était la deuxième journée de débat au Tribunal de première instance de Mafanco hier, mardi 27 janvier 2015. Au box des accusés, 21 des 27 voyageurs guinéens qui s’apprenter à prendre un vol de la RAM qui devait les conduire à Luanda, Angola. Mais, à l’aéroport international de Conakry Gbéssia, leur point de départ, ces compatriotes ont été empêchés de voyager. La police des frontière leur reproche de détenir des faux visas angolais. En lieu et place de l’aéroport 4 de fevreiro de Luanda où leurs parents espéraient les accueillir, ils seront conduits à la maison centrale de Coronthie pour « faux et usage de faux » !

 

Meurtris et très amer, ces personnes (désormais 21 au lieu de 27 !!! ) jugées au tribunal de Mafanco depuis le lundi (26 janvier 2015) accusent nommément des agents de la police de les avoir empêché de voyager et de leur créer des ennuis uniquement parce qu’ils ont refusé de payer deux cent dollars américains (200 USD) chacun.

Ville de Luanda, marginal, AngolaTous où presque ont soutenu la même chose devant madame le juge, Djenab Doghol Diallo. Ils ont affirmé avoir eu leur passeport ici en Guinée et obtenu leurs visas dans d’autres pays par l’intermédiaire des maris pour certains et frères pour d’autres. Des visas obtenus dans les règles et accordés par des ambassades angolaises habilitées à le faire, selon les accusées.

Leurs auditions a duré plus de 12 heures pendant ces deux jours. Durant toutes ces auditions, un nom est revenu dans l’intervention de chacun des accusées. C’est le commissaire Yansané qui aurait demandé à ces passagers de payer deux cent dollars dollars (200 USD) pour pouvoir voyager. Selon eux, leur interpellation et tout ce qui a suivi ont pour origine et uniquement fondement leur refus de payer cette somme demandée par le commissaire de police à l’aéroport…

Les réquisitoires du procureur…

Pendant 52 minutes environ, le  procureur a essayé de convaincre sur le bien fondé de sa poursuite, en se fondant sur les articles 155, 163 du code de procédure pénale et les conventions internationales régissant l’immigration.

Dans ses réquisitoires le  substitut du procureur, Ali Touré, a reconnu l’authenticité  des passeports et des visas apposés, mais doute de leur sincérité. Il pense qu’il y a eu le faux matériel. Ainsi, il a requis deux (2) ans de prison avec sursis, assortis d’une amende de 5 00 000 GNF  chacun avec une confiscation des documents de voyages.

Plaidoirie des avocats…

La plaidoirie du poule d’avocats constitués dans ce dossier a commencé par Me Raffi Raja. Absent durant le passage de ses clients, Me Raja n’a été présent que pendant les réquisitoires du procureur. Dans sa plaidoirie, l’avocat rejettera du revers de la main les accusations du procureur. Il s’est réjouit de la reconnaissance de l’authentification des visas par le procureur avant de plaider la relaxe pure et simple de ses clients. Pour Me Raja, le ministère public a reconnu que les visas apposés sur les passeports sont vrais et a fait constater l’absence de la partie civile dans le procès.

« Le procureur a fait une lecture erronée de la convention de Genève ! De quoi se mêle le ministère public ? Quand on plaide avec sursis, c’est  parce qu’on a peur. Il (le procureur) a peur que nos clients portent plainte… », dit l’avocat. « Le ministère public défend l’Angola où les citoyens guinéens ? », s’est notamment interrogé, Me Raffi Raja

Pour sa part, Me Issiagha Kéita rappelle le principe universel de la légalité de délits et des peines. Comme on le sait, il n’y a ni infraction, ni peine sans un texte…

Quant à Me Salifou Béavogui, il a menacé de poursuivre le commissaire pour ethnocentrique. Car pour cet avocat, « en faisant la lecture des noms des personnes accusées, il ressort que le commissaire Yassané a agit de façon ethnocentrique » ! Une intervention qui a irrité le parquet…

Poursuivant son intervention, Me Salifou Béavogui dira que les débats ont établi que les 21 personnes poursuivies n’ont commis ni le faux ni l’usage du faux dans les passeports guinéens qui sont authentiques et les visas angolais qui sont aussi authentiques : « Nos clients n’ont pas simplement voyagé parce qu’ils n’ont pas voulu se soumettre à la corruption. Ils n’ont pas voulu payer chacun 200 dollar pour qu’ils quittent le pays », a-t-il ajouté.

Pour cet avocat, ce dossier devrait être classé sans suite, parce qu’il n’y a pas d’infraction, il n’y a pas de préjudice.

Pour terminer, Me Bea dira que dans cette affaire, il n’y a pas de partie civile, avant de plaider pour la relaxe pure et simple de ses clients pour délit non constitué.

Après les réquisitoires du parquet et les plaidoiries de la défense, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour le 29 janvier 2015 à 10 heures et rejeté la mise en liberté demandée par la défense.

De retour du TPI de Mafanco, Abdoulaye Oumou pour Guineematin.com

(00224) 666 486 601/ 620 848 501

 

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