Traitrise politique en Guinée : Bogola Haba (UGDD) descend en flammes Bah Oury et Faya Millimouno

Keamou Bogola HABA, président d'honneur de l'UGDD
Keamou Bogola HABA, président d’honneur de l’UGDD

Comme annoncé précédemment, Bah Oury, leader de l’Union des démocrates pour la renaissance de la Guinée (UDRG), et Dr Faya Millimouno du bloc libéral (BL), ont récemment surpris l’opinion en rejoignant Mamadou Sylla. Ils ont même été cooptés dans le cabinet du chef de file de l’opposition comme conseillers. Ce revirement spectaculaire de ces deux opposants qui étaient parmi les plus amères au sein FNDC (front national pour la défense de la constitution) et les plus opposés (par leur discours) à la tenue du double scrutin législatif et référendaire du 22 mars dernier en Guinée est largement commenté à Conakry et sur les réseaux sociaux.

Le « principe de la réalité » qu’ils ont brandi a toujours du mal à convaincre, d’autant plus qu’ils se rallient au fruit (Mamadou Sylla chef de file de l’opposition) de l’arbre (le très controversé double scrutin législatif et référendaire du 22 mars 2020) qu’ils tentaient d’abattre hier au sein du FNDC. Aujourd’hui, de nombreux observateurs de la vie politique guinéenne y voient « une incohérence ». Les plus acerbes parlent de « trahison du peuple » qui a payé le prix fort à leurs côtés.

Cependant, pour certains acteurs de l’échiquier politique guinéen, ce changement de cap de Bah Oury et Faya Millimouno n’est en rien une surprise. C’est le cas notamment de Bogola haba, le président d’honneur de l’UGDD (l’Union Guinéenne pour la Démocratie et le Développement) et membre de l’ANAD (alliance nationale pour l’alternance et la démocratie).

Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com hier, vendredi 19 février 2021, l’opposant a, à demi mot, laissé entendre que les leaders de l’UDRG et du BL étaient « des intrus » du pouvoir Alpha Condé au sein du FNDC. Bogola Haba interprète de ces deux leaders avec Mamadou Sylla comme « une clarification de position » longtemps cachée à l’opinion publique. « Tout ceci démontre à suffisance qu’ils n’étaient pas avec nous (le FNDC) », a-t-il martélé.

Pour illustrer son propos, ce membre de l’ANAD évoque des signes précurseurs qui laissaient planer le doute sur la sincérité du combat que Bah Oury et Faya Millimouno menaient au sein du FNDC.

Guineematin.com vous propos ci-dessous un extrait des propos tenus par Bogola Haba, le président d’honneur de l’UGDD.

« Nous ne sommes pas étonnés. Vous savez que le FNDC était un fourre-tout où on ne savait pas qui est qui. Et, vous avez suivi l’évolution des évènements en son sein. Rappelez-vous que monsieur Faya Millimouno par exemple avait rencontré Alpha Condé en décembre 2019 avec Mamadou Sylla. Mamadou Sylla, lui, a confirmé sa participation. Bah Oury aussi avait rejoint le FNDC à la dernière minute, parce que tout simplement il y avait des discussions en cours. Finalement, à cause de son ralliement au FNDC, il a été débarqué de l’UDD. Tout ceci démontre à suffisance qu’ils n’étaient pas pleinement avec nous. C’est ce que nous pensons. Donc, rejoindre aujourd’hui Mamadou Sylla qui est parti à cette élection où Alpha Condé lui a alloué quatre sièges, pour nous, ce n’est pas étonnant. C’est quelque chose qui avait été préparé. Donc, ce n’est qu’une clarification que nous pensons être nécessaire…

Ce qu’il faut savoir, en 2020, nous avons travaillé sur trois projets extrêmement importants. Tous ceux qui étaient pour l’alternance et la démocratie étaient dans ce projet. Le premier projet était d’unir l’ensemble des partis politiques parce qu’on a estimé qu’on ne peut pas vivre avec plus de 350 partis politiques. Il est impossible que dans un pays comme la Guinée qu’on se retrouve avec plus de 350 partis. Il faut travailler pour regrouper les acteurs en deux ou trois blocs maximum. Ce projet-là, je crois que ceux qui sont aujourd’hui vers Mamadou Sylla n’ont pas pensé que c’était nécessaire. C’est ce projet qui a abouti à la naissance de l’ANAD.

Le deuxième projet, c’est que nous avons aussi travaillé pour que l’alternance soit une réalité ; et, quiconque voudrait l’alternance, forcément, on pouvait l’obtenir par les urnes le 18 octobre, parce que c’était une élection planifiée depuis 2010 et que le seul point négatif de cette élection est qu’Alpha Condé était l’intru. Sinon, l’élection elle-même était légale et devrait se tenir. Et, donc, tous ceux qui voulaient l’alternance devraient absolument appeler à sanctionner Alpha dans les urnes. Et si vous remarquez, tous ceux qui sont partis de l’autre côté, personne d’entre eux n’avait appelé à voter contre Alpha. Mais, tous ceux qui voulaient l’alternance avaient voté contre Alpha, quitte à voter pour Cellou Dalein ou n’importe quel autre candidat. Il fallait appeler à voter contre Alpha Condé, parce que c’était nécessaire. Evidemment, ils ne l’ont pas fait et c’était des signes précurseurs qu’ils n’étaient plus avec nous dans cette lutte.

Le troisième et dernier point, c’est le droit de vote. Vous savez que le 18 octobre 2020, plus de 65% de nos compatriotes se sont mobilisés activement pour aller sanctionner monsieur Alpha dans les urnes. Ces résultats étaient disponibles à partir des procès-verbaux que nous avons exigés de la Cour constitutionnelle et de la CENI. Ces résultats étant vrais, quiconque défend la démocratie doit absolument défendre le droit de vote de nos compatriotes. Ça veut dire que s’ils ne veulent pas reconnaître la vérité des urnes et le droit de vote, ils acceptent la fraude électorale faite par Alpha Condé. Cela veut aussi dire qu’ils ne sont pas avec nous.

Voilà les trois projets sur lesquels nous avions eu à travailler. Et, nos amis qui ont rejoint Mamadou Sylla n’ont jamais supporté l’un de ces trois projets. Cela prouve à suffisance qu’ils n’étaient pas avec nous. Donc, pour nous, c’est une clarification nécessaire qu’ils viennent de faire », a indiqué Bogola Haba.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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