Tribune de Madina Daff : le XXI ème siècle doit être le siècle de l’égalité entre l’homme et la femme

Madame Madina Daff, présidente du forum des femmes de Guinée pour la paix
Mme Madina Daff, présidente du forum des femmes de Guinée pour la paix

Au terme de ce mois de mars, qui est uniquement consacré à la femme, madame Madina Daff, la présidente du Forum des Femmes de Guinée pour la Paix, a mis l’occasion à profit pour défendre la cause des femmes du monde entier à travers une tribune. Elle a dénoncé avec véhémence la marginalisation des femmes dans le monde, avant de solliciter vivement la parité entre l’homme et la femme.

Guineematin.com vous propose, ci-dessous, cette sortie de la présidente du forum des femmes de Guinée pour la paix :

Le moment est venu d’arrêter de vouloir changer les femmes mais plutôt il faut changer les systèmes qui les empêchent de réaliser leur potentiel.

Les inégalités du genre représentent l’injustice la plus criarde de notre époque et c’est le plus grand défi à relever en termes de droits humains aujourd’hui. Parce-que l’égalité du genre peut apporter des solutions aux problèmes les plus épineux de notre temps.

Partout, les femmes sont moins favorisées que les hommes, pour la simple et bonne raison parce qu’elles sont des femmes.

Cette réalité est palpable parce que les femmes sont minoritaires dans les postes de prises de décisions.

Les femmes âgées, les femmes handicapées, les femmes migrantes ainsi que les femmes réfugiées sont presque abandonnées à elles mêmes.

Cependant, il est à souligner que ces dernières décennies, les droits des femmes ont énormément progressé dans certains domaines : il s’agit entre autres de l’abolition des lois discriminatoires, et l’augmentation de la scolarisation des filles. Dans ce sens d’ailleurs, nous remercions vivement le président de la République monsieur Alpha Condé et son gouvernement pour la mise en place du ministère de droit et de l’autonomisation de la femme. La mise en place des mutuelles financières des femmes africaines (Mufa), l’agence nationale inclusive économique et sociale où plusieurs femmes tirent du profit… Ça, il faut s’en féliciter vivement.

Ainsi, au regard de ce qui se passe dans le monde, aujourd’hui nous devons faire face à des efforts puissants de retour en arrière pour protéger et respecter la couche féminine. Parce que de nos jours, dans certains pays, la protection juridique contre le viol et la violence des femmes domestiques s’affaiblit énormément. Et dans d’autres, les femmes sont pénalisées, marginalisées par de nouvelles politiques répressives. Des politiques qui restreint même la reproduction de certaines femmes.

En ce qui concerne leur sexualité et leur procréation, leurs droits sont menacés de part et d’autre.

Tout cela parce que l’égalité du genre est, fondamentalement, une question de pouvoir. Des siècles de discrimination systématique et de patriarcat profondément enraciné ont créé des rapports de force extrêmement déséquilibrés entre les genres dans nos systèmes économiques et politiques et dans nos entreprises.

Du gouvernement, aux conseils d’administration, en passant par les cérémonies prestigieuses de remise des prix, les femmes restent excluses des places de choix.

Les dirigeantes et les personnalités publiques subissent harcèlement, menaces, et agressions, sur Internet aussi bien qu’en Afrique et partout ailleurs dans le monde.

Parfois, l’écart de rémunération est considérable et cela constitut l’un des symptômes de l’écart de pouvoir entre les genres.

Les femmes et les filles continuent à récolter les effets négatifs de plusieurs siècles d’injustice et d’inégalité qui ont effacé leurs réalisations. On les rabaisse en les accusant d’être instables. On les juge constamment sur leur apparence. On ne cesse d’inventer des mythes et des tabous concernant leurs fonctions. Elles sont blâmer et parfois exploiter dans leur propre foyer.

Cela touche profondément les femmes et entrave notre capacité d’épanouissement.

Il est a rappelé qu’à chaque fois qu’un homme gagne 1 dollar, une femme ne touche que 77 centimes. Selon les dernières recherches du Forum économique mondial, il faudra 257 ans pour combler cet écart.

En plus, les femmes et les filles effectuent chaque jour plusieurs heures de travail de soins non rémunéré, qui ne sont tout bonnement pas prises en compte dans les décisions économiques.

Si nous voulons parvenir à une mondialisation équitable qui profite à toutes et à tous, nous devons fonder nos politiques sur des données qui tiennent compte de la véritable contribution des femmes.

La technologie numérique est un autre exemple frappant. L’absence de parité dans les universités est profondément inquiétante. Ces pôles technologiques façonnent les sociétés et les économies du futur ; nous ne pouvons pas les laisser asseoir et exacerber la domination masculine.

Autres exemples : les guerres qui font ravage dans le monde, les violences faites à l’endroit des femmes, sont directement liés à cette inégalité.

Même dans les sociétés où règne la paix, de nombreuses femmes sont en danger de mort dans leur propre foyer.

Enfin, la représentation politique est la preuve la plus flagrante du déséquilibre des rapports de force. En moyenne dans le monde, les hommes sont trois fois plus nombreux que les femmes à siéger au parlement. Mais la présence des femmes est étroitement liée à l’innovation et à l’investissement dans la santé et l’éducation. Ce n’est pas un hasard si les Etats qui réinventent la réussite économique pour prendre en considération le bien-être et la durabilité sont dirigés par des femmes.

C’est pourquoi, les Etats doivent faire en sorte que plus de femmes occupent des postes de responsabilité dans les instances de prise de décision.

Le monde est en difficulté, et l’égalité des genres est essentielle pour surmonter les obstacles. Les problèmes qui ont été créés par l’homme ne sauraient être réglés que par l’humanité toute entière. L’égalité du genre est un moyen de redéfinir et de transformer les rapports de force de sorte que toutes et tous soient gagnants.
Le XXIe siècle doit être le siècle de l’égalité femmes-hommes dans les pourparlers de paix comme dans les négociations commerciales, dans les conseils d’administration comme dans les salles de classe, au G20 comme à l’ONU.

Par Madame Madina Daff, présidente du forum des femmes de Guinée pour la paix

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