Un homme d’affaires détenu par la police : ses avocats dénoncent

L’homme d’affaires guinéen, Mamadou Alimou Barry, est détenu depuis trois semaines par la police nationale. Ses avocats qui peinent à le rencontrer pour savoir ce qui lui est reproché et les conditions de sa détention, ont animé une conférence de presse ce jeudi, 09 mai 2019 à Conakry. Ils s’insurgent contre une situation assez grave et très préoccupante, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Le collectif d’avocats de Mamadou Alimou Barry est composé de Me Abdoul Kabélé Camara, Me Almamy Traoré et Me Sékou Koundiano. Les trois avocats, en compagnie du député de Dinguiraye, Dr Fodé Bocar Maréga, sont allés à la maison de la presse de Conakry pour échanger avec les journalistes sur l’interpellation et la détention de leur client.

Selon Me Sékou Koundiano, l’homme d’affaires guinéen a été interpellé le 19 avril 2019, aux alentours de Simbaya Gare, alors qu’il déposait un de ses amis à son domicile. « Il a été intercepté par des éléments de la police, de la BRI précisément, qui l’ont conduit ce jour-là dans les locaux disciplinaires du commissariat des chemins de fer de la Gare de Conakry.

De ce commissariat il a été transféré à la Direction centrale de la police judiciaire, et de là-bas il a été transféré au commissariat urbain de police de Mafanco où j’ai eu l’occasion de le rencontrer et échanger un tout petit moment avec lui. Et depuis, on n’arrive plus à pouvoir communiquer avec ce client. Ce qui nous semble extraordinaire dans notre pays car nous avons estimé que nous avons dépassé cette étape-là dans notre vie politique », a-t-il expliqué.

Le collectif d’avocats qui dénoncent un « kidnapping » et une « séquestration », dit avoir écrit au procureur général près la Cour d’Appel de Conakry à la date du 25 avril. Ce dernier n’ayant pas répondu à leur courrier, les avocats sont partis rencontrer le procureur qui leur a fait savoir qu’il a envoyé le dossier au ministre de la justice. Ils ont ensuite écrit au ministre de la justice, mais celui-ci n’a également pas réagi favorablement à leur lettre.

« Face à cette situation, nous n’avons au jour d’aujourd’hui, aucun interlocuteur officiel, dans la mesure où le client en question n’a jamais été accusé de quoi que ce soit. Au jour d’aujourd’hui, il ne sait pas ce pour quoi il est retenu par les services de police. Il n’est accusé de rien, et ça fait trois semaines qu’il croupit à la CMIS de Bambéto. Donc nous sommes totalement inquiets et nous sommes écœurés face à cette situation inédite. Car, même dans une dictature, quand une personne d’une infraction quelconque, la personne est conduite devant le parquet.

Le parquet peut ordonner une information ou bien une enquête préliminaire en le confiant à la police et lui permettant d’être assisté par un avocat. L’assistance d’un avocat à un client quelconque qui se trouve être accusé d’une infraction quelconque est une obligation constitutionnelle », rappelle Maître Sékou Koundiano.

De son côté, Me Abdoul Kabélé Camara estime que cette situation prouve tout simplement que « l’heure est grave parce que nous constatons que notre Constitution est gravement violée. Or, le pouvoir public, l’Etat et surtout monsieur le président de la République est dans l’obligation de respecter et de faire respecter la Constitution.

Faire respecter la Constitution par tous les démembrements de l’Etat. A ce jour, alors que tant d’espoirs étaient portés sur ce que les Guinéens ont communément l’habitude d’appeler la troisième République, les libertés fondamentales sont violées tous les jours, seconde par seconde, minute par minute, heure par heure.

Combien de guinéens sont interpellés illégalement parce qu’ils n’ont pas les moyens ou parce qu’ils n’ont pas eu la chance de porter leur affaire devant ceux-là qui pourraient réagir à temps ? (…) Comment peut-on garder quelqu’un dans les locaux de la police sans être présenté au procureur de la République, sans être présenté à un juge d’instruction au-delà des délais légaux de garde à vue ? Est-ce qu’on peut aller vers un Etat de droit dans ces conditions ? (…) Il est temps de se lever et de combattre l’injustice, de faire face à l’arbitraire », a lancé l’avocat et leader politique.

Les avocats de Mamadou Alimou Barry indiquent qu’ils « useront de tous les moyens de droit pour que nous soyons situés sur le sort de notre client. Et en attendant cela, nous tenons les services de police responsables de tout ce qui adviendra à monsieur Alimou Barry », a prévenu Me Almamy Traoré.

Fatoumata Djouldé Diallo pour Guineematin.com

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