Un présumé voleur tué : les membres d’une même famille jugés

« C’est dans la nuit du 28 au 29 octobre 2018, pendant que nous dormions, mes enfants et moi, que le bandit Moussa Sow a gâté notre porte pour s’introduire dans la maison. Il a pris des téléphones, le porte-monnaie de ma fille et mon sac. Mais, quand il est entré dans ma chambre, il a allumé la lumière. Je me suis aussitôt réveillé. J’ai demandé qui c’était. Il m’a poussée…»

Moussa Sow, un présumé voleur, avait été battu à mort en octobre 2018, au quartier Bambéto, dans la commune de Ratoma. Trois personnes ont aussitôt été mises aux arrêts en rapport avec la mort du jeune homme. Oumou Khairy Diallo, Mariam Diouldé Diallo et Mamadou Saliou Diallo ont été traduits au tribunal criminel de Dixinn hier, lundi 14 janvier 2019. Ils sont tous poursuivis de « coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner », a appris un reporter que Guineematin.com a dépêché sur place.

A la barre, madame Oumou Khairy Diallo et ses enfants (Mariam Diouldé Diallo et Mamadou Saliou Diallo) ont nié catégoriquement les faits pour lesquels ils sont poursuivis. Des faits qui remontent au 29 octobre 2018, où le jeune Moussa Sow a été ligoté et battu à mort pour s’être introduit nuitamment dans la concession des accusés.

Répondant aux questions du président du tribunal, madame Oumou Khairy Diallo est revenue sur ce qui s’est passé ce jour-là. « C’est dans la nuit du 28 au 29 octobre 2018, pendant que nous dormions, mes enfants et moi, que le bandit Moussa Sow a gâté notre porte pour s’introduire dans la maison. Il a pris des téléphones, le porte-monnaie de ma fille et mon sac. Mais, quand il est entré dans ma chambre, il a allumé la lumière. Je me suis aussitôt réveillé. J’ai demandé qui c’était. Il m’a poussée. Mais, je l’ai rattrapé. Il m’a mordue. Après, j’ai crié au voleur. Ensuite, les gens sont venus l’attraper. Ils l’ont attaché et se sont mis à le frapper. Mais, ça s’est passé hors de chez moi. Le lendemain, les gens ont appelé sa sœur qui est venue plaider. C’est mon fils, Mamadou Aliou, même qui a dit aux gens de le relâcher, de ne plus le frapper. Et, je confirme qu’au moment où il quittait les lieux avec sa sœur, il marchait parfaitement. C’est après qu’on a appris qu’il est mort. Et, les jeunes de Bambéto sont venus pour brûler notre maison. Heureusement qu’ils n’ont pas réussi. Après, ils nous ont appelés à la gendarmerie de Kipé pour dire qu’on a assassiné le jeune. Mais, nous ne l’avons ni frappé ni attaché. Ce sont les gens qui l’ont frappé », a expliqué la mère de famille.

A son tour, Mariam Diouldé Diallo, fille aînée et mère de deux enfants, dit n’avoir jamais participé au lynchage de Moussa Sow. « On ne l’a jamais touché. Quand il est rentré dans la chambre, ma maman s’est réveillée. Elle a crié au voleur. Mes deux enfants et moi, nous nous sommes réveillés. J’essayais de les calmer quand Moussa Sow est sorti. Il a rencontré la foule qui était venue suite à nos cris de détresse. On n’a pas crié pour qu’on lui fasse du mal ; mais, on a crié pour nous défendre. Je suis là devant vous pour des faits qui ne nous incombent pas. D’ailleurs, depuis ce jour, mes enfants sont traumatisés, l’aîné refuse même d’aller à l’école ».

Pour sa part, Mamadou Saliou Diallo a expliqué qu’au moment des faits, il était malade et que c’est au petit matin qu’il a vu Moussa Sow avant de demander qu’on le relâche. « Moi, je ne connais rien dans cette affaire. Ma femme est en début de grossesse. Depuis cela, je suis malade et très faible. Ma chambre est éloignée de la leur. Je n’ai pas entendu les cris. C’est au petit matin que j’ai vu le voleur. J’ai demandé où sont ses parents, sa sœur s’est présentée. Elle m’a d’ailleurs dit que son petit frère est un habitué des faits ; mais, elle a plaidé. J’ai détaché le jeune, je l’ai mis à la disposition de sa sœur. Ils sont partis ensemble. Mais, au moment où ils quittaient les lieux, Moussa Sow marchait très bien. Peut être que les gens l’ont frappé. Mais, pas ma mère ni ma sœur ; moi, on n’en parle pas, parce que j’étais malade ».

L’audience à été renvoyée à ce mardi, 15 janvier 2019, pour la suite des débats avec le témoignage de la sœur du présumé voleur.

Salimatou Diallo pour Guineematin.com

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