Une histoire de rançon ! Par Habib Yembering Diallo

Habib Yembéring Diallo

Habib Yembéring DialloHumour : Cette histoire s’est passée il y a quelques années dans une préfecture de l’intérieur de la Guinée. Sylla était un des responsables d’un projet de développement local. Avec ce statut enviable, il n’était pas n’importe qui dans la ville. Une ville où tout le monde le connaissait. Surtout à travers sa moto qui était unique dans la ville. Y avait pas son deux, comme disent les Ivoiriens.

Sylla donnait l’impression d’être un homme très correct. Mais au fond il avait un comportement peu catholique. Il entretenait des relations douteuses avec l’épouse d’un commerçant. Un éternel voyageur. Sylla était au courant de tous ses programmes de voyage avec le moindre détail. Il savait notamment quand l’homme d’affaire partirait pour le Sénégal, pour N’zérékoré ou pour Conakry.

Plus que quiconque, Sylla apprendra le dicton populaire selon lequel, Dieu aide le voleur neuf fois et sa victime une fois. Le commerçant prend la route pour Conakry. Mais arrivé à Mamou, il trouve une marchandise très juteuse. Il annule le voyage de Conakry et achète sa marchandise à Mamou. Vers 20h, alors qu’il est censé arrivé à Conakry maintenant, il reprend la route pour chez lui.

Au même moment, Sylla s’installait ostensiblement dans la concession du commerçant. Il gare sa moto dans la cour comme si celui le maitre des lieux. Après trois heures de route, le commerçant arrive chez lui. Quand il trouve la moto de Sylla dans sa cour, il n’a aucune difficulté à la reconnaitre. Comme lui tout le monde connaissait cette moto. Le commerçant se dit que si le propriétaire de cette moto est dans sa maison à cette heure indue, cette moto aura changé de propriétaire à partir de ce jour.

Il frappe à la porte comme une victime qui s’apprête à prendre sa revanche. Les occupants se lèvent. Ils se rendent compte de l’évidence : aucune personne ne peut frapper cette porte comme ça si ce n’est son propriétaire. Il fallait donc ouvrir et se rendre. Cette fois, c’était le tour du commerçant. Lequel pénètre la pièce et trouve Sylla en sanglot et habillé comme un acteur de théâtre avec une chemise portée à la hâte et un pantalon mis à l’envers.

Après avoir administré une belle correction corporelle à Sylla, le commerçant lui dit de quitter les lieux. Mais avant le départ de Sylla les deux hommes signent un pacte. Le commerçant garderait le secret mais Sylla devra laisser et oublier sa moto à vie. Elle devient une rançon pour la victime de l’infidélité de l’épouse.

Quand Sylla arrive chez lui, il boite. Il explique à sa femme avoir été victime d’agression de la part des bandits qui lui ont pris la moto après l’avoir bien molesté. Sa femme, qui était excédée de ses sorties intempestives nocturnes, n’était guère convaincue. D’où son insensibilité.

Le lendemain, Sylla raconte la même histoire à ses amis et collègues. Contrairement à sa femme, ceux-là le croient. Mais, un jour, un jeune licencié du projet par Sylla découvre l’histoire et la moto. Et pour rendre la monnaie à son ancien patron, il supplie le nouveau propriétaire de la lui prêter.

Ce jeune sort dans la ville qu’il sillonne de bout en bout avec une défiance. Partout, la moto est reconnue. A ceux qui lui disent qu’ils vont dire à Sylla qu’ils ont trouvé sa moto, le jeune répond : dites-lui que s’il est homme il vienne la récupérer. Vous ne savez pas l’histoire.

On court pour raconter l’histoire de la découverte de la moto à Sylla. Ce dernier reste insensible. Tout le monde remarque sa gêne. La moto de Sylla était devenue un sujet tabou et une patate très chaude entre les mains de son ex propriétaire et un sujet de conversation pour les habitants de cette ville.

Habib Yembering Diallo

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