Une responsable de l’Université de Labé : « j’ai dit à Amadou Boukariou, si tu meurs aujourd’hui… »

Madame Diallo Fatoumata, responsable des relations extérieures et de la coopération scientifique de l’université de Labé

La mort par bastonnade d’Amadou Boukariou Baldé, étudiant en Licence 2 informatique à Labé, continue de faire couler ancre et salive dans la ville de Karamoko Alpha Mö Labé. La responsable des relations extérieures et de la coopération scientifique de ladite université vient de réagir par rapport à ces émeutes qui ont conduit à la mort à la fleur de l’âge de cet étudiant. C’était à l’occasion d’un entretien accordé à l’envoyé spécial de Guineematin.com à Labé, hier, samedi 08 juin 2019.

Madame Diallo Fatoumata a commencé par présenter ses condoléances à l’encadrement, à la famille de la victime et à ses proches. Selon elle, tout a commencé lorsque le rectorat a été saisi d’une réunion le vendredi avec des étudiants mécontents par rapport à une évaluation qui devait être faite. « Nous sommes venus, ils (les étudiants) nous ont narré l’histoire de la chose que nous ne connaissions pas bien, que moi personnellement je ne connaissais pas. Qu’il y a la présence de deux étudiants victimes d’un accident qui s’était produit au mois d’avril dernier pendant les congés de pâques. Nous étions en négociations, les points de revendication des étudiants étaient les suivants : que les enfants-là obtiennent leurs diplômes, qu’un conseil d’université soit créé dans l’enceinte universitaire, que le transport aller-retour des enfants victimes lors de leur déplacement soit remboursé et qu’il n’y ait aucune poursuite. Nous étions tombés d’accord sur la non poursuite des étudiants et le paiement du transport des enfants. Pendant que nous étions dans ces discussions, les étudiants ont commencé à lancer des pierres en scandant : Diplôme ou la mort ! Recteur zéro ! Quand j’ai voulu ouvrir la porte, le planton qui était là m’a demandé de ne même pas essayer. A un moment, nous avons entendu du bruit, parce qu’il y avait les pick-up de la sécurité qui étaient arrivés. Et, nous avons vu les étudiants se ruer vers ces pick-up… », a-t-elle expliqué.

A l’issue de cette intervention des forces de l’ordre, indique madame Fatoumata Diallo, « les étudiants se sont dispersés. Mais, vous savez que derrière l’université, il y a des buissons. Donc, moi, je voyais les pierres venir de tous les côtés ; mais, je ne voyais pas ceux qui les lançaient. Un moment après, ils nous ont envoyé Amadou Boukariou Baldé, il saignait. Moi, je lui ai parlé. Ce que je lui ai dit, Dieu m’est témoin, je lui ai dit : regarde ce que vous vous êtes faits maintenant ? On vous a demandé d’arrêter de jeter les pierres, si tu meurs aujourd’hui, tu aurais perdu. Les gens pour lesquels tu te bats aujourd’hui sont dans la salle de réunion ici. J’avoue que, je ne savais pas qu’il serait mort aujourd’hui. C’est ensuite que moi-même je me suis retournée dans la salle de réunion, j’ai pris les clés de la voiture des mains du secrétaire général je les ai remis à notre chef des travaux. J’ai dit à Adama Condé, un jeune étudiant qui nous menaçait de l’accompagner. Parce que si les étudiants le voient seul dans la voiture aussi, ils risquent de lui faire du mal. C’est ainsi qu’ils sont allé chercher Boukariou au centre de santé pour l’envoyer à l’hôpital régional », a-t-elle dit.

Enfin, la responsable des relations extérieures et de la coopération scientifique a précisé qu’Amadou Boukariou Baldé était conscient lorsqu’il a été transporté par une moto de l’université pour le centre de santé de Hafia. « Quand je lui parlais, il ne m’a rien dit. Mais, il marchait lui-même, il est venu s’asseoir lui-même. Et, quand ils l’ont envoyé parce qu’ils l’ont pris sur une moto pour l’envoyer au centre de santé. Il a marché lui-même pour monter sur la moto, pour aller au centre de santé. Parce que c’est après qu’ils sont revenus pour nous dire que sa situation s’aggrave, que le chef du centre de santé dit qu’il faut le référer à l’hôpital », a ajouté madame Fatoumata Diallo.

Entretien réalisé à Labé par Ibrahima Sory Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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