Une source de richesse banalisée : voici pourquoi la vente d’eau attire

eau vendeuseLa vente des sachets d’eau est de plus en plus convoitée par des nombreux Guinéens, a constaté Guineematin.com à travers un des ses reporters déployés à Conakry. Il suffit de faire un tour sur les carrefours, des routes et entre les voitures à Conakry où des jeunes  garçons, filles et femmes passent tous les jours à vendre des saches d’eau avec des emballages différents. En dépit de tous les risques d’être accidentés, ces vendeurs sont aujourd’hui enracinés  dans la vente de l’eau.

Mariam Camara, dans la vingtaine, n’a pour activité que de vendre de l’eau du matin au soir à Dixinn.  A l’image de plusieurs autres jeunes filles de son secteur, cette activité la maintient et l’aide à être indépendante pour certaines charges.

«J’étais enseignante à l’élémentaire dans une école privée de la place. Mais, j’ai compris que ce que je gagnais ne pouvait pas m’aider à satisfaire même  les 10% de mes charges. J’avais une classe de 3e année et je percevais 350 mille francs guinéens par mois. Vous savez, quand c’est à la fin de mois seulement qu’on perçoit de l’argent, si le montant n’est pas considérable, il sera très difficile de faire une planification pour s’en sortir. Avec les sachets d’eau, j’achète le paquet à 6 500 GNF contenant 25 sachets.  Après la vente d’un paquet, j’ai 12 500 GNF au total, soit 5 250 comme intérêt. Vous imaginez, je peux vendre  par jour 6 à 8 paquets. C’est pour dire, même si ce sont les 6 paquets que j’arrive à vendre par jour,  je pourrais me retrouver avec un minium de 900 mille francs guinéens par mois», a-t-elle expliqué.

Salématou Sylla, vendeuse d’eau au marché de Madina depuis 2013, affirme qu’elle est contente de pratiquer son petit commerce qui favorise l’épanouissement de sa petite famille.

«Dans la vie, l’essentiel est d’être occupée positivement. Beaucoup sous estiment notre travail. Mais, je ne les calcule même pas.  Je ne vole pas et je ne triche pas. Je gagne ma vie sans exposer ma dignité, c’est le fondamental chez moi. Je le fais tous les jours. Parfois, même les dimanches. Sous le soleil et la pluie. Mais, je suis respectée dans mon quartier, parce que je vis de ma sueur », s’est-elle félicitée.

A Taouyah pharmacie, Alpha Bah circule avec sa petite glacière pour vendre de l’eau et des pommes  aux passagers : « Je sais qu’on ne doit pas faire le commerçant sur la route. Tous ceux qui le font courent des hauts risques d’accidents. Mais, quand on est pauvre, on marche les yeux bandés. Je vois le danger en permanence.  Tout récemment même,  un de mes amis a été paralysé suite à un accident de la circulation. C’est au moment où il  courait pour répondre à l’appel d’un  client qu’il a été renversé par un motard. Depuis, il est couché et a son espoir suspendu pour le moment», a-t-il dit.

vente d'EauPour sa part, après l’école, Mabinty Camara, une autre petite fille, vend de l’eau au bord de la route, sur le grand carrefour Avaria. « Je fais ce commerce le soir après avoir quitté l’école pour subvenir à certaine de mes besoins. Je suis très fière avec mon petit commerce, surtout que je n’achète plus de glace pour mes sachets avec la régularisation de la fourniture de l’électricité 24h/24 en ce mois de décembre. Si c’est la journée, je peux vendre 4 à 5 paquets et la soirée 3 paquets », a-t-elle confié.

A la différence des autres,  Bountouraby Camara vend son eau auprès de ses amis,  dans les gargotes et certains restaurants.« J’ai eu la chance d’avoir la confiance et être approchée par des amies qui vendent l’alimentation. Je  ne viens que pour déposer. Presque tous ceux qui mangent chez elles achètent de l’eau avec moi. Des fois, je peux vendre jusqu’à 13 paquets. Ce commerce m’est vraiment rentable», a-t-elle avoué.

Yacine Sylla pour Guineematin.com
Tél. : (+224) 628 71 71 56

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