Les étudiants de la 10ème promotion du système LMD de l’Université Julius Nyerere de Kankan ont reçu leurs diplômes de fin de cycle la semaine passée. Parmi ces étudiants sortants, figue Fanta Kébé qui marqué les esprits des milliers de personnes présentes à cette cérémonie. Se déplaçant à l’aide de béquilles, Fanta Kébé est sortie major de sa promotion à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, concentration Finances, rapporte le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture.
Fanta Kébé est une jeune fille âgée de 26 ans. Elle souffre d’handicap moteur. Sa capacité physique ne l’a pas empêché d’être major de sa promotion sur un effectif de 156 étudiants. La jeune lauréate, tout souriante, n’a pas caché sa joie. « C’est tout simplement une grande émotion pour moi. Je suis contente, ravie d’être couronnée de ce diplôme. C’est une opportunité pour moi de remercier tous ceux qui m’ont soutenu, tous ceux qui m’ont encouragé tout au long de mon courus universitaire qui n’a pas du tout été facile, et d’être aussi reconnaissante envers les parents qui ont pensé à me scolariser, une pensée pour mes encadreurs.»
Parlant de son parcours, Fanta Kébé a expliqué avoir rencontré beaucoup de difficultés mais qui ne l’ont jamais découragé. « J’ai débuté mes études, notamment le primaire, à Macenta. J’étais avec mon beau père, l’épouse de mon homonyme. A l’époque, je n’étais pas comme ça, je ne portais pas ce handicap. C’est lui qui m’a scolarisé. En ce moment, je marchais très bien. C’est progressivement que j’ai commencé à ressentir des douleurs. C’est arrivé au CM2 (6ème année) que j’ai commencé à ressentir très fortement des douleurs. C’est dans ces conditions que je suis allée à l’examen du CEP. J’ai été classé première quand même à l’issue de la proclamation des résultats. Entre-temps, mon parrain a été muté à Kissidougou. C’est là-bas que j’ai fait le collège, à Ernesto Che Guevara. J’ai échoué au brevet une fois. On m’a inscrit dans une école privée. Là-bas, ma maladie s’aggravait. Mais avec tout ça, les parents s’occupaient de moi. On a visité beaucoup d’hôpitaux. J’ai pu enchaîner Brevet et Bac dans cet établissement privé. Ainsi, j’ai été orientée ici à Kankan pour les études universitaires. J’ai été confrontée à des difficultés. D’abord, la pauvreté de mes parents ne me permettait pas d’avoir un engin de déplacement. Je me déplaçais le plus souvent en taxi et j’arrivais très souvent en retard. Malgré tout, je me suis déterminée sur ma lancée pour sortir major de ma promotion ».
Déterminée à ne dépendre de personne, Fanta Kébé a laissé entendre qu’elle a fait preuve de courage pour en arriver là. « C’est grâce à Dieu et au courage que j’ai pu arriver là où je suis. J’aurai bien pu tout abandonner, tout plaquer et miser sur la charité comme bon nombre de mes semblables. Je me suis adonné à mes études pour pouvoir un jour réaliser mes rêves, parce que mes parents n’ont rien, ils sont pauvres. Et moi, je veux relever le défi. Mon rêve est de devenir autonome. Je ne veux plus dépendre de personne. Je veux pouvoir m’occuper amplement de moi-même. Aujourd’hui, en tant que diplômée en Economie, je prie toute personne de bonne volonté de m’aider à décrocher un bon emploi », a-t-elle lancé.
En outre, Fanta Kébé invite les handicapés à ne pas désespérer de la vie, à sa battre jusqu’au bout. « A mes semblables, les handicapés, j’aimerais leur dire de prendre les études au sérieux. Personne ne souhaite être victime d’handicap certes, mais ce n’est pas une fatalité. Alors, je les exhorte à prendre du courage ».
Selon plusieurs personnalités présentes à cette cérémonie de remise de diplômes, Fanta Kébé devrait bénéficier d’un accompagnement de la part des autorités universitaires et du Ministère de l’Enseignement Supérieur.
De Kankan, Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com
