Veille de la fête de Ramadan : certains coiffeurs se plaignent de la rareté des clients

Dans quelques heures, les fidèles musulmans de Guinée vont célébrer la fête maquant la fin du mois de Ramadan. A l’heure des préparatifs, les ateliers de coiffure de Conakry connaissent fortunes diverses. Si certains coiffeurs se plaignent de la rareté des clients, d’autres refoulent tout simplement du monde, a constaté sur le terrain Guineematin.com à travers un de ses reporters.

A quelques heures de la fête de l’Aïd El-Fitr, certains salons de coiffure connaissent un grand engouement. C’est le cas du Salon Afro de Patricia Lamah, situé au quartier Kipé Dadia, dans la commune de Ratoma. Selon Patricia Lamah « il y a de l’engouement, le monde est là. C’est depuis trois jours qu’on a ouvert, les clients viennent tous les jours. On se rend compte qu’il y a beaucoup de personnes qui se sont préparées pour cette fête là.

Si je fais une comparaison, je dirai qu’il y a une grande différence entre l’année passée et cette année, parce que cette année il y a beaucoup de clientes qui viennent, il y a beaucoup de femmes qui se sont préparées et qui veulent se coiffer aux cheveux naturels. Donc, nous voyons qu’il y a un changement au niveau des femmes suite à notre sensibilisation qu’on a faite sur le tissage et la dépigmentation. Je suis très ravie de voir tout ce beau monde opter pour le naturel », a fait savoir la jeune coiffeuse.

Plus loin, Patricia Lamah justifie cette affluence au niveau de son salon par le fait que ses prix sont abordables. « Aujourd’hui, il y a beaucoup de monde qui retourne vers le naturel et les prix sont plus abordables. Imaginez-vous que quelqu’un qui veut faire le brésilien doit payer de 3 à 4 millions, alors que pour faire une coiffure Nabi, on le fait à 50 mille francs. C’est encore moins cher et c’est plus joli. Chez moi ici, j’ai ouvert, c’est pour que le service soit accessible à tous.

C’est pour qu’une élève du lycée, une étudiante à l’université puisse venir se faire coiffer ou une femme entrepreneure ou une femme employée de banque puisse venir se faire coiffer. Donc, c’est pour que le service soit de qualité et accessible à toutes. C’est pour ça que j’ai ouvert ce centre afin que tout le monde puisse y trouver son goût. On travaille ici de 7h à minuit, parfois jusqu’à 2h du matin.

Pour les coiffures, le plus souvent, les clientes qui viennent optent pour des coiffures avec leurs cheveux. Donc, c’est avec 50 mille francs guinéens. Avec 50 mille tu peux faire une très belle coiffure. Mais il y a d’autres prix. Ça varie en fonction aussi des modes puisque nous avons ici des modes qui vont jusqu’à 1 million 500 mille ou 2 millions, c’est notamment les looks », a-t-elle indiqué.

Du côté de Nongo, Fatoumata Sylla se plaint de la rareté des clients. Cette étudiante pratique la coiffure depuis longtemps. Selon elle, « je ne reçois pas beaucoup de clientes. Les clientes viennent de temps en temps, puis aujourd’hui, il n’y a que 3 clientes ici. Je pense que les clientes viendront après. Mais pour le moment, je n’ai assez de clientes », déplore la Fatoumata Sylla.

A la question de savoir les raisons de ce manque d’engouement pour son salon, Fatoumata Sylla pense que c’est la conjoncture qui le veut ainsi. « Cette rareté peut s’expliquer par la conjoncture économique actuelle. Ici, moi ma coiffure c’est 50 mille FG. Mais, si je dis aux clientes, c’est 50 mille, elles disent que c’est trop. Certaines disent qu’elles n’ont que 20 mille FG, d’autres disent 15 mille, D’autres 10 mille. Moi aussi, je vois que les moyens ne sont pas là. Donc, je ne peux pas les laisser partir parce qu’à l’heure là, il n’y a pas d’argent. A l’heure là, c’est difficile », a-t-elle laissé entendre.

Ce sentiment est partagé par Mohamed Lamine Camara, coiffeur au même quartier de Nongo, dans la commune de Ratoma. « La fête se prépare, il y a un peu d’engouement malgré la galère. Ça fait trois jours que je suis là. Les clients viennent quand même petit-à-petit, puisque chez moi ici, ce n’est pas cher comme chez les autres. Ici, je coiffe à 5 000 francs par personne.

Par contre, chez les autres, on fait à 10 mille ou à 15 mille francs guinéens. Moi j’ai diminué, parce qu’à l’heure là, tout le monde souffre. La conjoncture est là. Il y a la galère bien sûr, mais ça va passer. C’est le bon Dieu qui donne l’argent et c’est lui qui retire encore », a laissé entendre le jeune homme, fataliste.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin

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