Vol à mains armées : le caporal-chef Cheick Ahmed Tidiane et Cie à la barre

Poursuivis pour « vol à main armée et complicité », Cheick Ahmed Tidiane, alias ‘’Bangoura’’, (un caporal-chef de l’armée guinéenne) et ses coaccusés (Moïse Soumah, alias ‘’Bhoye Yembè’’, et Ibrahima Sory Sylla) ont de nouveau comparu ce lundi, 15 mars 2021, devant le tribunal criminel de Dixinn. Et, comme à l’ouverture de leur procès, la semaine dernière, ces accusés ont plaidé non coupables et se sont inscrits dans une logique de négation systématique des faits qui leur sont reprochés, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a suivi le procès.

Tout d’abord, c’est Ibrahima Sory Sylla qui a été entendu par le tribunal. Les bras et la tête constamment baissée, les yeux rivés au sol, l’accusé a écouté attentivement le juge Aboubacar Mafering Camara faire lecture de sa précédente déposition devant le tribunal. Et, à sa prise de parole, il a clamé son innocence. « Je ne connais rien dans cette affaire. Je suis le chauffeur de Moïse. C’est lui (Moïse) qui m’a dit de le conduire à Lambanyi », a-t-il brièvement déclaré, avant de rejoindre sa place, au box des accusés.

Appelé à la barre, Moïse Soumah, alias ‘’Bhoye Yembè’’, a corroboré les propos d’Ibrahima Sory Sylla. « C’est à Bonfi, chez ma copine, que j’ai connu Ibrahima Sory Sylla. C’était un dimanche, il m’a accompagné en ville à bord de mon véhicule. Et, c’est ce même jour, la nuit, que nous sommes allés à Lambanyi où il a été arrêté par des gendarmes », a déclaré Moïse Soumah pour ainsi innocenter Ibrahima Sory Sylla.

En effet, dans cette affaire, Moïse Soumah, Ibrahima Sory Sylla et Cheick Ahmed Tidiane sont poursuivis pour vol à mains armées et complicité. Des faits qu’ils auraient commis le 25 août 2019 dans un magasin à Lambanyi, dans la commune de Ratoma. Et, c’est au cours de cette opération qu’Ibrahima Sory Sylla a été mis aux arrêts par des gendarmes de l’ECO 15 de Kobayah. Cette opération, selon Moïse Sylla, avait été planifiée par un certain « Bah » jusque-là introuvable. En tout cas, il n’apparaît nulle part dans la procédure.

« C’était un dimanche, mon ami Bah m’a dit de lui trouver un militaire pour l’accompagner chercher un colis dans le magasin de son oncle, parce que la nuit, on fouille les véhicules à Lambanyi. Mais, s’il y a un militaire avec nous, les agents ne vont pas fouiller notre véhicule. Donc, j’ai pris Ibrahima Sory Sylla et on est allé à la Belle vue chercher Cheick Ahmed Tidiane. Ce dernier a porté sa tenue et nous avons bougé vers zéro heure pour Lambanyi où on est allé trouver Bah et quelqu’un qu’il m’a présenté comme étant le fils de son oncle. On n’avait aucune arme… Bah est allé ouvrir le magasin. Mais, quelques secondes après, un gendarme est venu lui poser des questions. Bah reculait au fur et à mesure qu’il répondait au gendarme. Finalement, Bah a pris la fuite. Nous autres aussi on a pris la poudre d’escampette. Ibrahima Sory Sylla a été arrêté sur place. Et, c’est à travers lui que nous autres (Moïse Soumah et Cheick Ahmed Tidiane) avons été arrêtés… Moi, on m’a torturé à l’ECO15 de Kobayah », a expliqué Moïse Soumah, tout en précisant qu’il ne savait pas que « le colis » dont son ami Bah faisait allusion était en réalité « une opération de vol ».

Présenté par l’accusation comme le « bras armé » de ce « groupe de malfaiteurs », le caporal-chef Cheick Ahmed Tidiane, alias ‘’Bangoura’’, a également nié avoir effectué un quelconque vol. Cependant, il a avoué sans ambages avoir accompagné Moïse Soumah à Lambanyi.

« C’était un dimanche, vers 17 heures, Moïse m’a appelé pour me demander où je suis. Je lui ai répondu que je suis à Belle Vue. Il m’a dit qu’il voulait que je l’accompagne au port pour prendre un colis. Et, ce colis, Moïse m’avait dit que c’est un véhicule et des objets… Mais, au lieu d’aller directement au port, Moïse nous a envoyés à Lambanyi pour chercher les papiers du véhicule qui était au port. Quand on est arrivé à Lambanyi, Moïse m’a présenté son ami Bah. Ils (Moïse et Bah) sont allés quelque part où ils ont pris assez de temps… Et, comme ils ont duré, j’ai pris un taxi-moto pour rentrer à ma base à la Belle vue. Je n’ai pas vu le magasin, je ne sais pas ce qu’ils (Moïse et Bah) ont fait là-bas. Moi, c’est deux semaines après qu’on m’a arrêté », a expliqué ce béret rouge.

Face à cette négation systématique des faits par les accusés, le tribunal tout comme le ministère public, s’est versé dans une lecture des différentes dépositions effectuées par les mis en cause à l’enquête préliminaire. Des dépositions accablantes et qui contredisent les déclarations des accusés à la barre. Mais, cela n’a en rien fait fléchir la position des trois accusés.

Finalement, le tribunal a renvoyé l’affaire au 22 mars prochain « pour la comparution de la partie civile ».

A noter que Moïse Soumah, Ibrahima Sory Sylla et Cheick Ahmed Tidiane sont accusés d’avoir défoncé les portes d’un magasin de vente de fer à béton où se trouvait aussi des sommes d’argent appartenant à Elhadj Moustapha Diallo.

A Suivre !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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