Yamoussa Sidibé, président de l’AJG : « nous allons faire en sorte que le journaliste puisse exercer dignement »

Yamoussa Sidibé, président de l'Association des Journalistes de Guinée (AJG)
Yamoussa Sidibé, président de l’Association des Journalistes de Guinée (AJG)

Fraîchement élu à la tête de l’Association des Journalistes de Guinée (AJG), Yamoussa Sidibé vient de dévoiler ses ambitions. C’était à l’occasion d’un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com ce vendredi, 30 juillet 2021. L’ancien directeur général de la RTG compte travailler avec son équipe pour relancer effectivement cette vieille organisation et faire en sorte qu’elle puisse défendre efficacement les intérêts des professionnels des médias.

Décryptage !

Guineematin.com : vous venez d’être porté à la tête de l’Association des Journalistes de Guinée (AJG). Quels sont vos sentiments ?

Yamoussa Sidibé : c’est avec un grand bonheur que j’ai accueilli le fait d’être élu à la tête de l’Association des Journalistes de Guinée et le fait d’hériter les journalistes Facely 2 Mara, Fodé Bouya Fofana, Ansoumane Bangoura et tous les autres. Que je sois leur héritier, c’est un grand sentiment et c’est un grand chantier aussi qu’ils mettent devant moi. Un chantier que je dois absolument réaliser pour être à la hauteur des attentes.

L’Association des journalistes de Guinée, c’est la première structure mise en place par les professionnels de ce métier. Je crois savoir qu’elle a été créée en 1986. Après un petit temps d’hibernation, elle est revenue à la surface en 1991. L’objectif de cette association, c’est de fédérer les journalistes, de mettre les journalistes ensemble, qu’ils soient des médias publics ou privés, de tous les supports, électroniques, audiovisuels… que tous ceux qui se réclament de ce métier soient là.

Guineematin.com : bien qu’elle soit la plus ancienne association de journalistes en Guinée, l’AJG peine encore à marquer sa présence sur le terrain. Que comptez-vous faire pour redorer son blason ?

Yamoussa Sidibé : les défis sont grands. Vous savez, l’AJG a passé un bon moment sans trompette. On n’était pas assez sous les projecteurs, alors que c’est la seule structure qui regroupe véritablement les journalistes. Je crois savoir que les autres organisations de presse, ce sont des organisations qui réunissent les patrons de presse. Maintenant, l’Association des Journalistes de Guinée, elle, s’adresse directement aux journalistes de toutes les obédiences.

Et donc, l’objectif aujourd’hui, c’est de faire en sorte que les journalistes soient solidaires entre eux, qu’ils puissent pratiquer sereinement leur métier, qu’ils puissent vivre dignement de ce métier et qu’on puisse alléger le poids des patrons sur les épaules des journalistes. Donc, c’est entre autres défis que nous allons relever. Faire en sorte que le métier soit pratiqué avec passion et dans la dignité.

Que le journaliste puisse vivre véritablement de ce métier. Qu’on y vienne parce qu’on a été formé pour ça, parce qu’on a la passion de ce métier, mais qu’on n’y vienne pas parce qu’on n’a pas autre chose à faire. Ça ne doit pas être un passe-temps, ça doit être un travail de tous les jours. Un travail porté avec le cœur et avec la volonté de donner quelque chose au pays. N’oubliez pas que le journaliste contribue aussi à cimenter la paix, à faire en sorte que la quiétude règne dans le pays. Donc, nous allons nous appliquer pour faire en sorte que le journalisme soit exercé avec responsabilité.

Guineematin.com : vous venez de citer plusieurs défis à relever, mais quelles sont vos priorités ?

Yamoussa Sidibé : nous allons établir un calendrier de travail dans lequel nous allons identifier les activités à mener pendant les trois premiers mois, les six premiers mois et puis l’année. Nous allons essayer de cerner toutes les attentes de la corporation et faire en sorte que si on n’arrive pas à les assurer toutes, mais qu’on fasse l’essentiel.  Que l’AJG soit à la dimension des attentes. Qu’elle puisse accomplir ce qu’on attend d’elle. C’est vraiment être à la dimension de ce que le statut nous donne, de ce que nous devons faire.

Guineematin.com : personnellement, qu’est-ce que vous comptez apporter concrètement à cette structure ?

Yamoussa Sidibé : j’ai beaucoup d’ambitions, mais je ne pourrai travailler seul, je vais travailler en équipe. Il y a le bureau exécutif de l’association qui a été mis en place et qui comprend beaucoup de professionnels. Donc, nous allons nous appuyer sur la qualité, sur les capacités, sur la volonté des différents membres du bureau exécutif pour atteindre les objectifs. Personnellement, j’apporterai ce que j’ai peut-être d’intrinsèque, ce que j’ai dans le ventre. Mon ambition, c’est d’apporter quelque chose à la pratique du métier en Guinée.

Yamoussa Sidibé, président de l’Association des Journalistes de Guinée (AJG)

Guineematin.com : après votre élection, on a vu des critiques sur les réseaux disant que votre bureau a été installé en catimini sans même que les membres de l’ancienne équipe ne soient informés. Que répondez-vous à ceux qui pensent ainsi ?

Yamoussa Sidibé : je ne sais pas d’où viennent ces critiques et je ne veux pas répondre à ça. Mais, sachez que moi, j’ai été coopté. Après le départ de Fodé Bouya Fofana à la Haute autorité de communication, un bureau provisoire a été mis en place et ce bureau a informé tous les anciens. En tout cas, je crois savoir que l’ancienne vice-présidente de l’association a informé les anciens membres du bureau pour des réunions qui ont suivi. Et avant la tenue de l’assemblée générale, toute la corporation a été invitée. Imaginez qu’une lettre a été envoyée au syndicat de la presse privée de Guinée, au syndicat de la presse publique, à tous les responsables de structures corporatives (l’AGEPI, l’AGUIPEL, l’URTELGUI).

Des correspondances ont été envoyées à toutes ces structures. La HAC et le ministère de la communication ont été informés. Donc, à mon avis, tous ceux qui devraient être informés, l’ont été. Quand vous envoyez une correspondance au syndicat de la presse publique, on se dit que toute la presse publique devrait être informée. Nous, nous ne pouvons pas nous réunir en catimini, nous connaissons ce métier, nous savons comment cela fonctionne. Et, nous savons ce que cela va créer comme frustration. Mais, nous allons taire ces frustrations et nous mettre au travail pour tous les journalistes.

Guineematin.com : quelle sera la nature de votre collaboration avec les autres associations de presse qui évoluent sur le terrain ?

Yamoussa Sidibé : dans les conditions normales, l’AJG fédère toutes ces associations. Tout ce qui est journaliste relève de l’Association des journalistes de Guinée. Cette AJG travaille à minimiser la souffrance des journalistes, à faire en sorte que le journaliste puisse exercer en toute sérénité, en toute dignité. Dans ce sens, nous aurons à collaborer avec les structures des patrons, à savoir l’URTELGUI, l’AGUIPEL et l’AGEPI. Nous allons travailler avec eux pour voir dans quelle mesure atténuer le poids du travail sur l’épaule du journaliste dans les différentes rédactions.

Par exemple, aujourd’hui, n’importe qui  peut se lever et créer une télévision, une radio ou un site d’informations. Nous allons nous mettre au travail pour faire en sorte qu’aucun nanti ne puisse créer une radio, une télévision ou un site sans qu’il ne puisse collaborer avec un journaliste professionnel. Parce que celui qui ne connaît pas la souffrance du journaliste, ne peut pas travailler à l’atténuer. Donc, ce sont des chantiers que nous allons mettre en branle pendant le mandat qui nous a été attribué.

Guineematin.com : mais est-ce que vous disposez de toutes les cartes nécessaires pour relever ces défis ?

Yamoussa Sidibé, président de l’Association des Journalistes de Guinée (AJG)

Yamoussa Sidibé : je ne promets pas, mais ce sont les statuts de l’association qui me donnent  cette latitude. Nous allons prendre la trompette et parler à haute voix pour que les gens nous entendent et qu’ils comprennent que le journaliste n’est pas un ouvrier. C’est un travail digne, qu’on fait avec fierté. C’est un travail qui doit permettre à celui qui l’exerce de vivre dignement. Vous avez remarqué que je répète plusieurs fois dignement, c’est à cela que nous allons nous appliquer.

Quand une structure comme une radio est créée par un non professionnel, il ne peut pas comme il le faut respecter les professionnels. On ne peut pas créer un cabinet dentaire, une pharmacie sans impliquer un professionnel de la chirurgie dentaire ou de la pharmacie. On voudrait que la même chose s’applique au journalisme pour que ceux qui travaillent dans ces différentes structures soient respectés et récompensés à la dimension du travail qu’ils fournissent.

Si moi, je suis patron de média, je suis professionnel, je sais comment j’ai évolué et je sais comment la pratique de ce métier se fait, je respecterai ceux que j’accepterai dans ma rédaction. Il est inconcevable aujourd’hui de payer un journaliste à 500.000 francs guinéens, payer un rédacteur en chef à 2.000.000 de francs parce qu’il ne pourra pas pratiquer dignement ce métier. Lorsqu’on lui tendra quelque chose sur la table, il prendra parce qu’il veut nourrir sa famille. Donc, il faut que nous nous appliquions pour que le journaliste soit effectivement payé à la dimension de son travail.

Et si notre travail frise le domaine des syndicalistes, ce sera tant mieux. Dans tous les cas, nous collaborerons avec les syndicats que les journalistes ont mis en place. Déjà, je vous ai dit que nous leur avons tendu la main. Nous avons besoin de la collaboration des uns et des autres pour atteindre les objectifs. Nous n’irons pas seuls, mais avec tout le monde.

Guineematin.com : avez-vous un dernier message pour clôturer cet entretien ?

Yamoussa Sidibé : je tends la main à tous les journalistes. On m’a rapporté qu’il y a eu quelques frustrations, mais c’est inhérent à la vie dans la société. C’est des choses qui arrivent dans la société. Moi, je continuerai à tendre la main aux uns et aux autres pour qu’ensemble nous travaillions, nous nous donnions la main pour donner toute la chance à cette corporation, à la compétence et au talent. Qu’on fasse en sorte que le journaliste soit regardé, soit remarqué et considéré selon son talent, sa compétence et qu’il soit récompensé en fonction de son travail.

Interview réalisée par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

Facebook Comments Box