Yomou : les planteurs d’hévéa, entre déception et colère

Très prospère il y a quelques années, la production de l’hévéa est en chute libre actuellement. Et pour cause, les planteurs n’arrivent plus à écouler leurs productions. Selon eux, la SOGUIPAH (Société Guinéenne de Palmiers à huile et d’Hévéa) n’achète plus leurs produits et elle leur interdit de les vendre au Libéria voisin, rapporte le correspondant de Guineematin.com dans la préfecture.

Depuis 2011, la production de l’hévéa, encouragée par les nouvelles autorités du pays, a connu un boom à Yomou. De nombreux agriculteurs de la préfecture se sont lancés dans le domaine. Selon les témoignages de certains producteurs, le kilogramme d’hévéa était acheté à l’époque à 14 000 francs par la SOGUIPAH. Mais quelques années après, la situation a complètement changé. Amara Konaté, planteur d’hévéa, indique que le même kilogramme coûte aujourd’hui 2900 francs. Et même avec ce bas prix, les planteurs n’arrivent plus à écouler leurs productions.

Amara Konaté, planteur d’hévéa

« Cette quantité que vous voyez là, c’est ma production que je voulais revendre aux Libériens, mais la SOGUIPAH dit que l’hévéa produit en Guinée ne doit plus sortir du territoire guinéen, Michel Béimy (le directeur général de la SOGUIPAH, ndlr) a dit qu’il allait acheter nos produits. Mais hélas, cette quantité a fait plus de 3 mois ici, je n’arrive pas à l’écouler. Alors que nous n’avons pas planté l’hévéa pour garder les productions chez nous. On produit pour revendre et avoir de l’argent », témoigne Amara Konaté.

Les agriculteurs se disent « très déçus » de la SOGUIPAH, qu’ils accusent de les avoir trompés en les nourrissant de faux espoirs. Aujourd’hui, tout ce que Sékou Condé a de bon, ce sont des souvenirs. « Au temps de l’actuelle ministre de l’agriculture, madame Mariama Camara, la SOGUIPAH prenaient nos productions et nous ramenaient notre argent au plus tard dans deux semaines. Mais depuis l’arrivée de Michel Béimy à la tête de la société, nous traversons un vrai calvaire : la SOGUIPAH n’achète pas nos produits et elle nous empêche de les vendre aux Libériens qui nous aident dans la production. Et aujourd’hui, les enfants de certains d’entre nous ne vont plus à l’école parce qu’on n’a pas d’argent », confie cet autre planteur d’hévéa.

Pour ces citoyens, la SOGUIPAH n’a plus d’importance. Au contraire, ils voient la société comme un obstacle à leur évolution. En revanche, toutes nos tentatives d’avoir les explications des responsables de la Société Guinéenne de Palmiers à huile et d’Hévéa sur cette situation restent pour l’instant sans succès.

De Yomou, Michel Anas Koné pour Guineematin.com

Facebook Comments Box