Ziama victime de « Forêt forte », trafic international du bois… Les casseroles à la base du limogeage de Christine Sagno

Le lundi dernier, 27 février 2017, le président de la République a pris un décret pour limoger plusieurs hauts cadres du pays dont trois ministres. Si l’opinion semble s’accorder sur les raisons du départ des ministres Sékou Kourouma du Département de la fonction publique et de Dr. Ibrahima Kourouma de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation, peu de personnes avancent les motifs du limogeage de madame Christine Sagno du Département de l’Environnement.

Une situation qui a attiré l’attention d’un reporter de Guineematin.com qui a investigué sur ce qui aurait poussé le maître de Sékoutouréya à remercier cette dame, très effacée et apparemment appréciée dans son entourage.

Selon des informations confidentielles, les gaffes reprochées à Hadja Christine Sagno ne seraient pas nouvelles. Ces sources confient à Guineematin.com que la parole de Madame Christine ne passait plus auprès de son Chef. Elle ne bénéficiait plus de l’écoute présidentielle où d’autres confidents, au parfum bien apprécié, le confirment.

La plainte d’un pays membre de la CEDEAO contre le trafic du bois en provenance de la Guinée serait l’une des causes des ennuies de l’ancienne ministre.

Dans des échanges électroniques entre les services guinéens et ceux de la Guinée Bissau, il est dénoncé que des individus de nationalité sénégalaise coupaient du bois en Guinée pour le vendre en Gambie, via la Guinée Bissau ou le Sénégal. Ce bois, venait de la région de Boké, à travers les sous-préfectures de Sansalé (dans la préfecture de Boké) et de Foulamory (dans la préfecture de Gaoual).

Même si le nom d’aucune autorité n’a été mentionné, un certain Braima Embalo, a expliqué à des responsables guinéens l’utilisation de son pays, la Guinée Bissau, comme pays de transit du bois venant de la Guinée.

Dans un des passages et parlant de ce trafiquant dont le nom n’a pas été révélé par nos sources, il est par exemple écrit ceci : « nous lui avons demandé le permis de coupe des bois qu’il veut importer de la Guinée vers la Gambie, le certificat d’origine, permis de exportation, la demande d’importation du pays du destinataire et de transit comme le Sénégal », mentionne le bissau-guinéen, avant de demander à ses homologues guinéens de « veiller contrôler votre frontière ; car, l’exploitation du bois de vente et de rônier continue très fort vers notre pays ».

Très préoccupé par la coupe abusive du bois qui allait crescendo malgré ces avertissements, ce responsable bissau-guinéen a prévenu les Guinéens de Conakry que cet avertissement permet au moins de ne pas les accuser d’un manque de coopération dans la lutte contre fraude transfrontalière du bois. « Ne venez pas à nous accuser de manque de collaboration », a-t-il précisé.

Mais, avec le manque de réactivité du département de l’Environnement, piloté par Hadja Christine Sagno, la Guinée Bissau a décidé de faire une correspondance diplomatique plus précise qui aurait alors été adressée aux autorités guinéennes au plus haut niveau par la Guinée Bissau au moment où le président guinéen, le professeur Alpha Condé, se trouvait à Addis Abeba et en pleine négociation pour l’obtention de la présidence de l’Union Africaine…

Par ailleurs, une autre raison du courroux présidentiel contre Hadja Christine Sagno serait liée à la convention de « Forêt Forte » de l’homme d’affaires chinois « Kim ». Des cris se sont levés pour dénoncer les velléités de cette société d’exploiter le bois de la forêt classée de Ziama. Précisant qu’avec ces 112 mille hectares et classée comme patrimoine mondial de l’humanité, c’est la plus importante réserve forestière du pays abritant de nos jours le plus d’espèces menacées d’extinction.

A en croire nos sources, ces deux arguments auraient contribué au départ de dame Sagno qui avait pourtant l’air de bien maîtriser son sujet avec la campagne nationale de reboisement célébrée dans presque tout le pays avec des centaines d’hectares reboisés.

Mais, si les sanctions contre cette histoire de coupe abusive du bois continuent leur chemin, ce sont plusieurs autres têtes qui risquent de payer les frais dans les jours et semaines à venir et à travers tout le pays où nos coupeurs de bois bénéficient de la complicité intolérable de la base au sommet.

 Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 628 08 98 45

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