L’incompréhension du système et le calvaire de la correction
Selon des correcteurs rencontrés par Guineematin.com, dès le deuxième jour du Baccalauréat, la correction a commencé pour la zone de Conakry et les préfectures périphériques. Cette mesure, dit-on, vise à accélérer le travail pour être dans le délai fixé par le ministère en charge de l’éducation pour la publication des résultats. Toutefois, Cette nouvelle application a causé énormément de soucis aux correcteurs. Les premiers jours, il manquait des copies à corriger. A la fin des évaluations, lorsque toutes les épreuves ont été acheminées au centre de correction, la correction intense a commencé. Il arrivait que certains correcteurs n’aient même pas le temps de couper leur jeûne et que ceux qui veulent ne trouvent pas de nourritures : un sachet d’eau pour les uns, une niche de pain à la bouillie pour d’autres… se plaint un correcteur rencontré par Guineematin.com
Bâcler les corrections pour respecter l’exigence du ministre de la publication des résultats le 18 juillet ?
A en croire nos sources, le ministre a un choix à faire entre un travail sérieux et des corrections bâclées uniquement pour satisfaire sa date unilatérale Un correcteur rencontré par Guineematin.com rapporte : « Récemment, une délégation dépêchée par le département pour le centre de correction a rencontré les correcteurs. L’ordre du ministre a été rappelé. Séance tenante, un groupe a eu le courage de dire à la mission que la publication des résultats risque d’être reportée au regard de l’ampleur de la tâche qui reste à faire ». Aux dernières nouvelles, la correction devrait prendre fin aux environs de 20 heures. Toutefois, le rapprochement des notes du premier et du deuxième correcteur ; la saisie des notes ; le calcul et les statistiques prendront du temps, a souligné une source.
La fuite des sujets s’est ressentie dans la correction
La fraude a existé sous toutes les formes : fuite des sujets, composition avec les téléphones, utilisation des documents par les candidats, passivité, parfois la complicité des surveillants. A certains niveaux les candidats ont dû cotiser de l’argent pour les surveillants afin qu’ils ferment les yeux.
Les failles de l’organisation des examens
Selon les informations dont dispose Guineematin.com, cette année, le ministère de l’éducation a essayé d’innover : les feuilles d’examen ont été remplacées par ce qu’on appelle ‘’cahier-réponse’’. Par exemple au BEPC (brevet d’études du premier cycle), le candidat devait remplir l’entête : le profil ; le centre ; l’épreuve ; la filiation, etc. Au niveau de la première page, toujours des indications sont faites à l’intention des candidats. Au dernier paragraphe de la première page, les renseignements des deux correcteurs étaient prévus. Ce cahier-réponse compte quatre doubles feuilles pour huit pages. Ainsi, à l’occasion de chaque épreuve, un nouveau cahier-réponse était déposé. Au niveau de l’entête et le début des pages, un espace argenté était prévu. Dans ces espaces argentés, les surveillants devraient couper les entêtes et émettre des anonymats. Evidemment, les correcteurs devraient couper ces entêtes et les ranger par ordre. Cette procédure devrait alléger le travail du secrétariat, a-t-on expliqué à Guineematin.com. « Malheureusement, soutiennent nos informateurs, cette ultime procédure n’a pas été comprise par les surveillants. Ce qui revient à dire que le travail habituel est resté inchangé. Même si les surveillants avaient compris la nouvelle formule, dans certains cahiers-réponses, l’espace argenté est resté visible. L’autre esprit de cette innovation était d’éviter les pertes des copies. Soit ! Mais, on se demande à ce niveau comment un candidat peut utiliser huit pages pour une seule épreuve ? Faut- il préciser que les élèves de la 6ème année ont eu droit à quatre pages et 12 pour les élèves de la terminale ».
Les plaintes des correcteurs
Ils sont nombreux, les correcteurs qui se sont pleins du volume des ‘’ cahiers-réponses’’ : « c’est inutilement volumineux », a protesté un correcteur rencontré par Guineematin.com. L’autre plainte des correcteurs est le volume du travail. La pression du ministre a obligé les correcteurs, au-delà de leur capacité par jour : « Parfois, on n’a même pas le temps de couper notre jeûne » confie un correcteur à Guineematin.com.
Les tendances ? Risque d’un »naufrage »…
Elles ne sont pas encore obtenues, mais à en croire un correcteur, « les candidats ayant dépassés la moyenne dans les épreuves de Mathématiques et physiques sont nombreux. Ce qui prouve à suffisance que la fuite a marché à ce niveau. Par contre, les candidats de la science sociale ont énormément chuté en Mathématiques ». La cause, explique notre source, est la suspension des cours de mathématiques par les responsables (fondateurs) des écoles en situation d’examen. Après la fuite des premières épreuves, la dernière a été modifiée pour la dernière journée. Le corps d’une épreuve est resté le même, seules les données ont été modifiées. Beaucoup de candidats qui avaient le ‘’corrigé type’’ se sont mis à recopier sans prêter attention à la légère modification. A en croire nos sources, un véritable ‘’naufrage’’ risque de se produire . Par ailleurs, la nouvelle formule adoptée par le ministère n’a pas produit les résultats attendus. Par conséquence, comme par le passé, il a fallut utiliser un Bic rouge pour faire les anonymats. Le volume des copies, le mélange des adresses et la perte de celles-ci risque de se reproduire…
Le maire