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Fête du travail : des journalistes parlent des employeurs, du travail, du pouvoir, de la société…

journalistes, Guinée, A l’occasion de la journée internationale de travail, ce vendredi  1 mai 2015, Guineematin.com a donné la parole à certains journalistes des radios privées guinéennes pour nous parler de leurs conditions de travail. Ci-dessous, les interventions de Odia Fanta Camara (Espace Fm), Zézé Pierre Guilavogui (Planète Fm), Mamadou Alpha Diallo (Renaissance Fm), Bangaly Bangoura (Lynx Fm), Kadiatou Sow (Lynx Fm) et Amadou Diallo (Djigui Fm). 

Odia Fanta Camara, journaliste reporter à la radio Espace, la 99.7

C’est une occasion pour faire face aux défis. Comme vous le savez, nous sommes obligés de servir les auditeurs. Pour les servir, nous sommes obligés d’être sur le terrain, même en ce jour de fête.  Le métier de journaliste n’est pas facile dans notre pays parce que les gens sont réticents à la presse. Quand vous allez sur le terrain, c’est difficilement que les gens se prêtent à votre micro. D’autres peuvent vous contacter, mais quand vous allez sur le terrain, ils refusent carrément. Et, certains préfèrent parler sous anonymat. Il arrive souvent que les gens ne comprennent pas que chez nous, à la radio, le temps compte. Heureusement que nous à Espace, le patron donne la chance aux journalistes de s’épanouir et je pense que c’est ce qui fait la force de Lamine Guirassy. Nous sommes dans une ‘’liberté’’. En cette journée, je profite pour souhaiter bonne fête à tous les travailleurs du monde et particulièrement ceux de mon pays la Guinée.

Zézé Pierre Guilavogui, Directeur de l’information de la radio Planète Fm, la 106.3

C’est une fête, un moment de réjouissance certainement. Mais, je pense que ça devrait être une occasion de mettre sur la table les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs. Le salarié guinéen travaille dans des conditions pénibles. Que le mouvement syndical qui pilote cette journée ose mettre au grand jour les véritables problèmes des travailleurs guinéens. Ceux qui on eu la chance d’être embauchés quelque part pour travailler sont dans des conditions pénibles.

Chez nous, les journalistes, nous avons un problème récurent d’accès à l’information. Ce n’est pas facile, surtout les médias privés. Les administrateurs guinéens n’ont pas encore la notion de la communication. Pour certains, les journalistes constituent un danger parce que chacun cherche à bien s’accrocher à son poste.

La rétention de l’information est un problème que nous rencontrons tous les jours. C’est le cas dernièrement du directeur d’intervention de la police qui est interdit de parler. Je pense que les critiques de la presse devraient pousser les autorités à améliorer ces conditions de travail, mais pas à les faire taire.

 

Mamadou Alpha Diallo, rédacteur en chef de la radio Renaissance Fm,  la 95.9

Je vais d’abord souhaiter bonne fête à tous les travailleurs du monde et plus particulièrement à ceux de la presse guinéenne en particulier. C’est une occasion pour nous, travailleurs, de faire un regard sur nos conditions de travail. Et, l’occasion certainement de d’interpeller nos responsables de revoir un petit peu les conditions des travailleurs. Pour que chacun puisse avoir le minimum pour exercer le métier à fond, utiliser tous son talent pour que cela soit reconnu par l’employeur afin qu’il puisse avoir la promotion qu’il mérite.  Il faut dire que ce n’est pas une chose aisée, parce que les médias guinéens de façon générale ne sont pas dans les conditions aisées. Même si à Renaissance Fm on peut se satisfaire quelque part des conditions de travail.

Les difficultés sont beaucoup plus sur le terrain avec les force de l’ordre et les manifestants, lors des marche, mais aussi au niveau des services de l’administration publique.

Bangaly Bangoura journaliste à la radio Lynx Fm, la 91.1

Nous traversons pas mal de difficulté parce que quand on doit célébrer une fête, ce n’est pas  seulement le côté positif qu’il faut voir, mais aussi le côté négatif aussi. Cette journée doit être mise à profit pour améliorer les conditions de vie des travailleurs. En tant, le journalisme n’est pas facile. Nous traversons des moments difficiles. Parce que nous savons qu’en Guinée nous n’avons ni eau, ni électricité. La plus part des des PDG sont en charge de l’achat des carburants pour leurs groupes électrogènes.

Des fois, ils ont du mal à payer leurs travailleurs, à partir du 5ème jour du mois. Jusqu’au 5, il  y a certains qui ne sont pas payés. Certains partent jusqu’au 15 du mois pour être payés. Jusqu’à présent, on voit certains travailleurs qui, après 35 ans de service, sont sans revenus. Il y a certains qui partent à la retraite, mais qui n’ont rien à la banque pour leur survie.

Par ailleurs, quand vous allez sur le terrain, certains citoyens ne connaissent pas  l’importance de l’information. Ils sont retissants. Alors que notre rôle primordial, c’est d’abord donner l’information, alors que nous avons beaucoup de difficultés à les recouper.

Au niveau des services publics, certains sont prêts à communiquer avec les journalistes, mais sous anonymat.  Alors que nous sommes dans un monde de concurrence, les auditeurs cherchent à savoir parmi les radios qui a la primeur de l’information. Ce qui nous pousse vers ces personnes qui refusent souvent de donner les informations.

Souvent, les gens ont du mal à comprendre pourquoi tout ce qu’ils disent ne passent pas. Et, nous sommes accusés quelques fois de censure, alors que la radio, c’est le temps.

Kadiatou Sow,  journaliste à la radio Lynx Fm, la 91.1

La journée du 1er mai rend hommage à tous les travailleurs du monde. Ceux de la Guinée doivent se réjouir à cette occasion. C’est une façon de reconnaître les efforts que les travailleurs fournissent pendant une année. Ils ont  choisi une seule journée pour célébrer tous ces efforts. Cela réjouit tout le monde y compris nous journalistes.

Le journaliste reporter est appelé à aller partout où l’information se trouve. En Guinée, les droits de l’Homme n’étant pas respectés, à longueur de journée, les journalistes sont bastonnés, leur matériel cassé. Même quand nous portons plainte, ça n’abouti pas.

La deuxième difficulté est d’ordre pécuniaire. Et, nous avons l’obligation de respecter la déontologie. Ce qui veut dire renoncer à l’argent  sur le terrain, sinon vous êtes taxés d’êtres corrompus. Si vous revenez vous n’avez que des miettes à la fin du mois.

Souvent, on se bute à d’énormes difficultés sur le terrain, notamment la rétention de l’information. Cet état de fait nous donne un goût d’inachevé à l’information. Alors que c’est  le contrat social qui nous lie à nos auditeurs, lecteurs et téléspectateurs. Cela est déplorable.

Amadou Diallo, directeur des programmes de la Radio Digui Fm, la 105.7

En Guinée, cette journée est peut connue, parce qu’il n’y a pas assez d’engouement sur le terrain. C’est un grand jour pour nous qui travaillons. Depuis l’arrivée du professeur Alpha Condé, on n’a pas beaucoup d’engouement pour la fête. C’est quelque chose qui me choque. Dans les années 90, le 1er mai était une belle journée. Il y avait des défilés, les gens sortaient se mettre en rang et fêtaient dans l’harmonie.

C’est une occasion aussi de parler des difficultés que nous rencontrons. Je déplore l’arnaque qui existe dans notre métier. Certains viennent au nom d’une presse qui n’existe même pas. Sur le terrain, on est battu, nous ne sommes pas à l’ abri des violences.

Quand vous allez à la recherche de l’information, c’est un véritable problème; surtout quand vous vous présentez journaliste. Dans les administrations, les gens nous disent qu’ils sont interdits de parler, ils nous envoient à leurs supérieurs pour des informations. Je profite de cette occasion pour lancer un appel à l’administration qu’il est temps d’ouvrir les portes à la presse privée.

A suivre !

Réalisé par Abdoulaye Oumou Sow pour Guinéematin

Tél. : (00224) 620 848 501

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