Scotché sur écran et continuellement au téléphone, Docteur Fodé Oussou Fofana hume actuellement l’air parisien avec le cœur et les regards tournés sur Conakry. Attendu dans la capitale anglaise où il doit présider, le 12 août, un séminaire des fédérations d’Europe et des USA de son parti, le président du groupe parlementaire des Libéraux-Démocrates a menacé à plusieurs reprises (lors de notre entretien) de changer de direction pour rentrer soutenir son collègue, Ousmane Gaoual Diallo, qui a passé cette nuit en garde à vue, à l’escadron de la gendarmerie de Matam.
Revenant sur le durcissement des discours, Fodé Oussou Fofana a dénoncé du deux poids deux mesures de la justice guinéenne, estimant que c’est seule sa formation politique qui est visée, tout simplement parce qu’il est le principal adversaire du régime. « On a tué 70 de nos jeunes, où est la justice pour arrêter les coupables ? On a assassiné le président de la section motard de l’UFDG, où est la justice pour retrouver ceux qui ont tué Elhadj Amadou Oury Diallo ? On a arrêté nos agents de sécurité ; et, on continue de nous persécuter pendant que les autres tiennent des discours plus violents… Comment pouvez-vous parler d’un Etat de droit dans un pays où la justice fonctionne comme ça », s’est interrogé avec insistance Fodé Oussou Fofana.
Parlant de Sanoussy Banatama Sow, ministre conseiller à la présidence de la République et responsable du parti présidentiel, qui est un des plaignants, le vice-président de l’UFDG pense que ce dernier ne voit pas plus loin que la durée du mandat du président Alpha Condé. « Je suis sûr que certaines personnes comme Bantama Sow pensent aujourd’hui que la vie s’arrête sous le régime de monsieur Alpha Condé. Or, ce régime finira un jour et nous nous reverrons dans ce pays, si Dieu le veut bien ».
Concernant son collègue opposant, Fodé Oussou pense qu’en voulant faire souffrir Ousmane Gaoual Diallo, le pouvoir lui prépare (contre son gré) un avenir radieux : « Après ce régime, les Bantama Sow seront trop petits et Ousmane Gaoual deviendra un monsieur très grand », a-t-il dit.
L’opposant a cité des attaques de Bantama Sow contre son leader, Cellou Dalein Diallo pour rappeler que Gaoual n’est pas le premier à provoquer ; mais, que ce dernier est seulement victime de son appartenance au « mauvais » camp politique. « Bantama a taxé le président de l’UFDG de voleur, il l’a insulté encore plus violemment… Il a dit que Hadja Halimatou dépense l’argent volé par son mari. II s’est attaqué à son fils, etc. Aujourd’hui, il n’y a aucun juge, aucun procureur, aucun sage, ni personne pour inquiéter Bantama Sow et lui demander d’accorder le respect qu’il faut au chef de file de l’opposition. Parce que Bantama Sow se prend pour le fils de monsieur Alpha Condé. Il a oublié que le vrai fils de monsieur Alpha Condé refuse de se montrer au grand public. Il a oublié que Charles Blé Goudé a semé la terreur en Côte d’Ivoire ; mais, où est-il aujourd’hui. Comme Bantama Sow aujourd’hui, au Burkina Faso, la belle-mère de Blaise Compaoré pensait que le régime de ce dernier allait continuellement exister…».
Demandant aux détenteurs actuels du pouvoir de faire attention, le président du groupe parlementaire des Libéraux-Démocrates a menacé de mobiliser l’ensemble des députés de son groupe pour soutenir l’élu uninominal de Gaoual, cas où… « S’ils conduisent Ousmane Gaoual à la Maison Centrale, je demanderais à tous les députés de l’UFDG de se mobiliser pour qu’on aille nous constituer tous prisonniers », prévient-il.
Egalement, Fodé Oussou Fofana a interpellé le président de l’Assemblée nationale sur son rôle historique à la tête du pouvoir législatif, rappelant qu’en son temps, Elhadj Boubacar Biro Diallo, alors président de l’Assemblée nationale au compte du PUP, s’était désolidarisé du pouvoir de Lansana Conté pour soutenir son député, un certain… Alpha Condé. Fodé Oussou Fofana pense que l’ensemble des députés de toutes les obédiences politiques devraient se préoccuper aujourd’hui de cette jurisprudence du régime Alpha Condé que d’autres pourraient appliquer dans les années à venir en citant cet exemple d’emprisonnement d’un député jouissant pourtant de l’immunité parlementaire. « Ce n’est pas Ousmane Gaoual seulement que les autres députés doivent regarder. Mais, la fonction de député qui est complètement dévalorisée et bafouée par le régime de monsieur Alpha Condé et qui pourrait faire jurisprudence », a-t-il dit, interpellant l’ensemble des citoyens amoureux des libertés et du respect des droits humains à marquer leur solidarité à l’élu uninominal de Goual.
Parlant du chef de l’Etat, Docteur Fodé Oussou Fofana a dit toute sa déception de voir les droits humains les plus élémentaires bafoués sous sa présidence. « L’histoire retiendra que dans les années 2016, un monsieur appelé Alpha Condé a replongé la Guinée dans une grave dictature qui a fermé toutes les libertés héritées de ses prédécesseurs, emprisonné un député jouissant de l’immunité parlementaire avec tous les risques politiques que cela ne manquera pas d’engendrer », a notamment commenté le vice-président de l’UFDG, aujourd’hui très en colère.
Enfin, l’opposant a réitéré sa demande aux militants de l’opposition et aux défenseurs des droits humains de bien vouloir mettre une photo du député uninominal de Gaoual comme image de profil. Pour Fodé Oussou Fofana, tout le monde doit se dire, à partir de ce 02 août 2016, « Nous sommes tous Ousmane Gaoual »…
Entretien réalisé au téléphone de Guineematin.com par Nouhou Baldé
