Le weekend écoulé, de nombreux acteurs du secteur de la sécurité et des transports se sont concertés pour prendre des dispositions idoines en vue de minimiser les accidents mortels sur nos routes. Parmi les mesures prises, on a l’interdiction (ou ré interdiction) des mototaxis au centre-ville de Conakry.
Malheureusement, cette mesure peine à être effective à Kaloum, centre des affaires où des embouteillages monstres se forment à divers endroits. Désormais, c’est à une chasse à l’homme que l’on assiste entre agents de la police routière et conducteurs de mototaxis.
De nombreux carrefours sont infestés de policiers aux visages aussi graves les uns que les autres, décidés à mettre en application la décision d’interdiction. Du carrefour du ministère de la jeunesse à celui du siège de la Fédération Guinéenne de Football du siège en passant par le marché Niger, nombre de conducteurs sont en chaudes discussions avec les policiers.
Au terme de moult tractations, les taxi-motards s’exécutent. Des montants variant entre 40 et 50 milles francs guinéens sont échangés sous les yeux du reporter de Guineematin. Une fois la somme payée, le taxi-motard reprend son passager et continue sa folle course.
Même scénario en face du ministère de la jeunesse. Là, un capitaine aux yeux troubles exige 80 mille francs à un motard s’il ne veut pas se faire transférer au commissariat spécial de la sécurité routière de Kaloum où il risque de payer plus cher. La diplomatie aidant, le jeune homme fouille dans ses proches, trouve 60 mille francs qu’il donne avec peine au capitaine et récupère sa bécane. Interrogé, notre capitaine nous renvoi sans aucune courtoisie vers le commissariat spécial, situé à environ 300 mètres de là.
A l’entrée du commissariat, les négociations sont de mises pour éviter que la moto ne se retrouve dans la cour. « Une fois à l’intérieur, tu va payer plus cher, règle ça ici avec eux. Avec 70 ou 80 mille ils vont te pardonner », a-t-on conseillé à notre reporter que l’on croyait être taxi-motard.
Alpha Oumar Barry, tient dans sa main un reçu de 100 mille francs guinéens. Il confie à notre reporter ne pas avoir le choix : « je vais payer cette somme et venir récupérer ma moto. Mais, je vais continuer. On ne peut pas quitter Kaloum pour la banlieue. C’est ici qu’il y a de l’argent. D’ailleurs, certains agents ont acheté des motos qu’ils ont données à leurs frères. Ceux-là ne sont jamais inquiétés », dénonce-t-il.
Au même moment, des agents de la brigade verte débarquent de leur tricycle de nombreuses motos arraisonnées à travers la ville. Sans doute que leurs propriétaires n’ont pas voulu négocier.
Nos multiples tentatives de joindre au téléphone, aux environs de 18 h 10 minutes, le commissaire Hamidou Babacar Sarr, patron de la sécurité routière, sont restées sans succès.
Il est vrai que les motos taxis sont impliquées dans de nombreux accidents de la circulation. Mais, est-ce qu’une interdiction définitive est la solution pour ces nombreux jeunes gens et autres pères de familles qui vivent exclusivement de cette activité ? Les conducteurs de poids lourds et autres chauffeurs de taxis, dont les engins ressemblent le plus souvent à des tas de ferraille fumants, ne sont pas plus dangereux que les taxi-motards ? L’exiguïté des routes et le manque de visite technique de nombreuses guimbardes peuvent-ils être occultés ?
Bref, ceci ne ressemble-t-il pas à une fausse solution à un vrai problème ?
Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com
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