L’aversion qu’ils ont l’un pour l’autre est connue de tous. En affirmant que l’UFDG (le principal parti d’opposition) a également, à l’image de leur formation, un ministre dans le gouvernement, des responsables de l’UFR ont relancé les hostilités entre leur leader Sidya Touré et le ministre d’Etat Tibou Kamara.
Épinglé par ce dernier dans les médias comme étant quelqu’un qui n’assume rien, même pas un état civil aux contours sinueux, Sidya, lui, a évité de citer nommément Tibou. Il ira jusqu’à prétendre, la main sur le palpitant, devant des journalistes quelque peu médusés, qu’il ne le connaît ni d’Adam ni d’Eve.
A moins que la tentation de régler de vieux comptes avec Tibou Kamara n’ait été très forte, et l’occasion de faire d’une pierre deux coups trop belle pour ne pas être saisie. En égratignant dans la même lancée le président de l’UFDG, encore auréolé d’une brillante tournée dans l’arrière-pays qui ne fait pas que des heureux.
« Qui médite de se venger entretient ses blessures »
En revanche, il est difficile d’attribuer à autre chose qu’à une rancune tenace les propos de Sidya Touré, quand il prétend ne pas connaître quelqu’un qui hante probablement ses nuits. Depuis le soir de la proclamation des résultats du premier tour de la Présidentielle de 2010. Pour lui et nombreux de ses ouailles, s’il est confiné aujourd’hui à un vague rôle de haut-représentant dans la « basse-cour » de Sékhoutouréya, au lieu de trôner à la tête de la Guinée, c’est par la faute d’un homme : Tibou Kamara ! Même s’il était de notoriété publique que le président de la CENI à l’époque était l’un de ses affidés, Sidya reste obsédé par l’idée que c’est le secrétaire général de la Présidence d’alors qui a recalé l’UFR au profit du RPG. Il accrédite ainsi l’idée, de façon implicite, que c’est grâce à Tibou que le candidat Alpha Condé a accédé au second tour pour devenir finalement président de la République. Celui dont il est le haut-représentant a dû apprécier …
Le plafond de verre (en anglais glass ceilling) est une expression apparue aux Etats-Unis à la fin des années 1970. Elle désigne le fait que, dans une structure hiérarchique, les niveaux supérieurs ne soient pas accessibles à certaines catégories de personnes.
Elle s’est répandue pour désigner tout cas où un individu – ou un groupe d’individus – est confronté à un réseau tacite, implicite, voire occulte, qui l’écarte d’un niveau de pouvoir auquel il pourrait prétendre.
Sidya, à hue et à dia
Lors du voyage d’Etat du président guinéen en France, la présence de Sidya Touré à ses côtés avait nourri certaines illusions. Celles de le voir adouber par l’hôte de Sékhoutouréya comme candidat de la mouvance présidentielle en 2020. Des illusions vite balayées par le temps et la raison. Si Alpha Condé respecte la constitution qui limite le nombre de mandats, l’on voit mal comment il s’y prendrait pour imposer un tel choix au RPG/AEC. Point de lueur donc à l’horizon 2020, pour celui qui rêve d’aller enfin au-delà de la troisième place ?
Il ne faut jurer de rien. Il y en a qui peuvent toujours rêver d’une situation chaotique (liée par exemple à cette histoire de troisième mandat), au terme de laquelle les cartes seront rédistribuées pour mettre en finale Sidya face à Cellou (sous son plafond de verre) …
Il arrive que certaines personnes ressentent une présence invisible (un ‘’esprit’’) qui leur offre du réconfort pendant une expérience difficile, ou les sauve d’une situation désespérée. C’est le syndrome du troisième homme. La réalisation d’un tel rêve sera-t-il celui de Sidya Touré ?
Jusqu’à preuve du contraire.
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