Guineematin.com : Un peu plus de 8 ans après les événements du 28 septembre 2009 survenus au stade du même nom, un concert géant se tient ce samedi dans cette même enceinte et vous vous y êtes opposés, pourquoi ?
Mamadou Bailo Bah : Nous avons estimé au sein de notre association des parents des disparus de ces événements, que ce concert est de nature à se moquer de la mémoire des guinéens plus particulièrement des victimes qui ont succombé sur le champ d’honneur, pour que la Guinée soit un Etat de droit, pour dire non à une éventuelle candidature du capitaine Moussa Dadis Camara. Donc nous nous opposons de façon très catégorique à tout événement de ce genre au stade du 28 septembre de Conakry. Parce que pour nous, il faut que l’Etat arrive vraiment à préserver la mémoire collective pour refonder une nation juste.
On sait que peu après ces événements du 28 septembre 2009, des matchs de football ont repris et se tiennent régulièrement dans ce stade, pensez-vous donc que ce stade ne doit pas abriter aussi des événements culturels ?
Mamadou Bailo Bah : Nous ne voulons pas d’événements culturels au stade du 28 septembre. Nous voulons que le stade soit considéré comme un lieu de martyr et que l’Etat arrive à y mettre quelque chose, qui pourra symboliser les personnes qui ont été tuées, transportées dans des morgues et dans fosses communes, d’autres blessées et transportées dans des hôpitaux, mais aussi les femmes qui ont été violées.
Guineematin.com : Vous personnellement vous avez perdu votre père dans ces événements et vous ne savez toujours pas qu’est-ce qui lui est arrivé ?
Guineematin.com : Après donc la disparition de votre père, comment vit votre famille ?
Mamadou Bailo Bah : La famille vit dans la plus grande détresse et nous avons l’impression que nous sommes oubliés et méprisés, ce qui nous ressemble à une double injustice. Cette disparition nous affecte psychologiquement et nous choque profondément.
Guineematin.com : Aujourd’hui vous êtes membre de l’association des parents des disparus de ses événements, quelles sont les démarches que vous avez menées pour que justice soit rendue dans cette affaire ?
Mamadou Bailo Bah : Quelques jours après le massacre nous avons été contacté par les organisations de défense des droits de l’Homme notamment, Amnesty international, Human Rights watch, l’OGDH et la FIDH pour porter plainte. Avec les autres organisations de victimes on s’est constitué partie civile pour réclamer justice.
Guineematin.com : l’instruction a été bouclée récemment dans ce dossier et cela ouvre désormais la voie à la tenue du procès, est-ce que vous êtes confiants aujourd’hui, est-ce que vous êtes rassurés que ce procès tant attendu va enfin bientôt s’ouvrir en Guinée ?
Mamadou Bailo Bah : Rien ne nous rassure aujourd’hui que ce procès aura lieu. Le ministre de la justice réitère souvent son engagement de faire en sorte que ce procès se tienne en Guinée, mais cela tarde toujours à se concrétiser. Nous espérons donc qu’il tiendra ses promesses et que justice sera rendue dans cette affaire.
Interview réalisée par Alpha Fafaya Diallo et Mamadou Alpha Assia Baldé