L’initiative avait suscité beaucoup d’espoir et d’enthousiasme à Banankoro, Sibiribaro et Soromaya, les trois sous-préfectures concernées. Les femmes s’étaient bien mobilisées pour adhérer à l’idée de créer une mutuelle financière des femmes africaines pour les trois localités. Elles ont déboursé chacune un montant de 130 000 francs pour constituer un montant de 75 millions pour l’ouverture de la MUFFA. Mais près de 3 ans après, la mutuelle n’a toujours pas vu le jour.
Cette situation provoque de la désolation mais aussi de la frustration chez les femmes. Et celles-ci se tournent vers Dioubaté Fanta Kaba, femme leader qui s’était chargée de collecter les fonds pour la création de la MUFFA. « Vraiment je suis préoccupée, et je suis déçue des responsables au niveau de la préfecture. J’ai promis aux femmes qu’on va créer une MUFFA ici, elles m’ont donné leur argent parce qu’elles ont eu confiance en moi. Une fois l’argent réuni, je suis allée à Kérouané avec une des leurs, j’ai fait le versement au niveau madame Oumou Hawa Keita (responsable préfectorale de la promotion féminine), elle m’a donné les reçus que je détiens.
Ensuite, on est allé ensemble verser l’argent au niveau du crédit rural de Kérouané, je détiens les reçus qu’on nous remis là-bas aussi. Mais depuis lors, on n’a plus des nouvelles de notre argent, et les femmes ne voient que moi, car je suis responsable de ce qui leur est arrivé. Aujourd’hui, je veux que l’argent sorte pour que je puisse être tranquille et garder ma crédibilité au niveau de ces femmes », nous a confié Fanta Kaba, la présidente des femmes.
A la vielle des élections, le préfet Damou Kanté, feu monsieur Kolmar, paix à son âme, et moi-même, sommes partis à Kankan pour verser l’argent au niveau du bureau de la MUFFA de Kankan, j’ai les codes avec moi ici. Mais suite à la manifestation des jeunes de Kérouané, ils ont demandé de fermer l’administration et le préfet est parti à la Mecque. Comme il est de retour, on va voir les choses. Puisque c’est monsieur Taliby Dabo qui est le parrain de la préfecture, on lui soumettra le dossier pour débloquer les femmes de la préfecture », soutient Hawa Keita.
Pendant ce temps, les femmes de Banankoro réclament la restitution de leur argent à défaut de la mise de la MUFFA. Elles annoncent même l’organisation de manifestations de rues dans les jours à venir, si elles n’arrivent pas à avoir quelque chose de clair sur cette situation.
De Banankoro, Moussa Oulen Traoré pour Guineematin.com