Le livre « Mémoire Collective, une histoire plurielle des violences politiques en Guinée » polarise l’attention et chaque compatriote y va de son commentaire. Présent à la rencontre à Kipé, l’historien, Professeur Aly Gilbert Ifono, a dit ce qu’il pense de cette œuvre, conçue par « des journalistes, universitaires et défenseurs des droits humains », portant sur la Guinée de la période de lutte pour les indépendances jusqu’en 2009.
Merci à vous qui avez quand même pu sortir quelque chose, pour le mettre à la consommation du public. Nous avons écouté ici une grande partie de l’ouvrage. Ce sur quoi, c’est mon point de vue, les initiateurs n’ont pas insisté, ils l’ont effloré, c’est sur le rôle de la croisade de Conakry entre Sékou Touré et le Général De Gaulle. Les effets pervers de cette rencontre se gèrent jusqu’à ce jour. La France a considéré que c’est un affront, et De Gaulle n’a pas manqué de dire à Sékou Touré à l’aéroport qu’il allait ramper à plat ventre. Imaginez que vous annonciez, que vous donnez un tel message à un homme. Il passera tout le temps à se défendre. C’est ce qui est arrivé malheureusement. Le premier régime a fait plus de temps à se défendre qu’à défende le peuple ou à protéger le pays.
Je crois qu’il y a une place prépondérante à l’origine de la violence, particulièrement au niveau du premier régime. Donc, il faudrait insister là-dessus. Vous avez parlé de Jacques Faucard, de beaucoup de cadres qui ont participé, dans des officines, à chercher à déstabiliser le régime guinéen. Ils n’ont pas réussi. Et très souvent, la réaction a été violente et il y a des innocents qui ont payé les frais. Il y a des acteurs qui ont été pris dans l’engrenage à la construction duquel ils ont participé. C’est des ministres, des ambassadeurs, des officiers. En tout cas, la plupart ne diront pas qu’ils ne savaient pas.
Mais, pour ce qui est de ce livre, c’est déjà un grand pas, nous vous disons grand merci. Je crois qu’une porte est ouverte, vous avez posé beaucoup de questions. Il appartient aux guinéens d’écrire. Il ne s’agit pas de huer sur ceux-là qui ont osé écrire, les faits sont là. Écrivons. Si nous ne le faisons pas, d’autres vont écrire à notre place et nous allons consommer. Ce qui est dit dans ce livre, il y a beaucoup de vérités, il y a des contrevérités. Eux, au moins, ont eu la chance d’écrire. A nous de réagir, en lisant très bien le livre et en produisant ce que nous considérons comme la vérité… ».
Propos recueillis par Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com
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