Le candidat du Bloc Libéral qui devait prendre la tête de cette mairie selon l’accord politique, indique qu’il reste et demeure le maire légitime de cette commune rurale de la préfecture de Lola. Yamati Tokpa Donzo accuse le maire installé d’être un criminel et promet de le poursuivre en justice. Il l’a dit au cours d’une interview qu’il a accordée à un envoyé spécial de Guineematin.com à Lola, ce vendredi 12 octobre 2018.
Guineematin.com : le jour de l’installation du conseil communal de Guéasso, vous qui étiez candidat à la mairie et vos partisans, vous aviez quitté la salle avant même l’élection de l’exécutif communal. Pourquoi vous vous étiez retiré ?
Et bien qu’on lui ait présenté le document, il a insisté à qu’on vote pour élire le maire. C’est ainsi que nous avons consulté nos supérieurs hiérarchiques qui nous ont dit que si l’accord n’est pas respecté par les autorités qui sont venues à Guéasso, de nous retirer. Et à partir de là, on s’est retiré tout doucement pour rentrer à la maison. Donc, quand nous sommes arrivés à la maison, nos militants étaient là puisque chacun savait que la commune était à nous. Après, nous avons appris qu’on a donné l’emblème et le cachet à Ibrahima Diawaty Doré, installé comme nouveau maire.
Nous avons dit que cette installation est nulle et non avenue. Moi, je me considère jusqu’à preuve du contraire comme le maire de Guéasso. Une fois à la maison, nous avons sensibilisé nos militants en leur disant que ceux qui ont signé l’accord vont faire la part des choses. Nous avons demandé à tout le monde de rester serein, parce qu’on sait que monsieur Doré a l’habitude d’envoyer des loubards pour nous violenter. Puisque quand l’accord a été signé dans la nuit du 08 août, le lendemain, les militants de Doré ont dispersé le marché et sont venus couper la route devant même monsieur le préfet.
Le lendemain, ils sont venus chez moi à la maison pour jeter des cailloux. On a fait ces rapports et remonté au niveau de l’autorité administrative, mais ces gens-là n’ont pas été inquiétés.
Guineematin.com : vous parlez de violences, on apprend justement qu’il y en a eu aussi après l’élection de l’exécutif communal. Le nouveau maire accuse votre camp d’être à l’origine de ces violences.
Yamati Tokpa Doré : c’est faux ! Dès qu’il est revenu chez lui après son installation, il a dit à ces partisans de venir nous attaquer. J’étais à la maison, ils sont venus nous entourer, mes militants et moi. Ils ont commencé à lancer des cailloux, ils ont saccagé mon bâtiment, ils ont blessé nos militants et pris tout ce qui était dans la maison.
Guineematin.com : parlez-nous du bilan de ces violences ?
Yamati Tokpa Doré : il y a eu 18 blessés. Ils m’ont visé et moi j’étais à la maison, donc mon jeune frère qui sortait pour acheter des papiers pour qu’on fasse notre rapport, ils sont tombés sur lui. 5 loubards l’ont frappé avec un bâton à la tête, ils l’ont blessé et l’ont fracturé le bras. Et j’ai perdu tout ce qui était chez moi. Mon frère avait envoyé 30 millions GNF pour entretenir ma maison. On avait beaucoup de choses à faire après l’installation et je n’avais pris que 800.000 GNF dans ce montant pour accueillir les gens. J’ai perdu tout cela. Il y a eu au moins 10 bâtiments de mes partisans aussi qui ont été saccagés.
Guineematin.com : aujourd’hui, le calme est revenu à Guéasso, mais vous contestez l’élection d’Ibrahima Diawaty Doré. À quoi peut-on s’attendre dans les prochains jours ?
Guineematin.com : l’opposition appelle à une journée ville morte le mardi prochain. Ensuite, elle promet d’autres actions pour contester les exécutifs comme celui de Guéasso. Ces actions annoncées à Conakry suffiront-elles, à votre avis, à vous faire entendre ou bien vous envisagez autre chose sur le plan local ?
Yamati Tokpa Doré : j’ai dit à tous mes partisans de ne pas reconnaitre l’exécutif communal de Guéasso puisqu’il n’a pas été installé dans la légalité.
Guineematin.com : ce qui veut dire que même si votre adversaire vous tend la main vous n’allez pas l’accepter ?
Yamati Tokpa Doré : mais il n’est pas légal. C’est moi qui dois lui tendre la main. Mais lui, il ne peut pas me tendre la main. Moi je sais que tout ce qu’il est en train de faire à Guéasso est nul et non avenue.
Guineematin.com : vous vous considérez donc comme étant le maire de Guéasso ?
Yamati Tokpa Doré : jusqu’à preuve du contraire, c’est moi le maire de Guéasso parce que c’est ce que l’accord politique qui le dit. Donc à l’heure où nous sommes, monsieur Doré ne peut pas dire qu’il est le maire de Guéasso parce qu’il n’a pas été installé légalement.
Guineematin.com : vous avez un message à passer à vos militants ainsi qu’à toute la population de Guéasso ?
Yamati Tokpa Donzo : je dirai à tous mes militants de rester sereins. L’accord politique a dit que c’est nous qui avons gagné. Donc c’est moi qui suis le maire légitime de Guéasso. Ils n’ont qu’à rester sereins. La justice fera son travail et monsieur Doré ne restera pas dans l’illégalité qu’il est en train d’exercer.
Je demande également au gouvernement de me sécuriser, car depuis ces évènements douloureux survenus à Guéasso, je reçois des menaces. Ma famille aussi est menacée de mort.
Interview réalisée par Siba Guilavogui, envoyé spécial de Guineemation.com à Lola.
Tel : 620 21 39 77/ 662 73 05 31