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Parlement : pourquoi les députés de l’UFDG ont voté contre le volet recettes de la LFI 2019 ?

Hon. Alpha Ousmane Diallo

Comme annoncé précédemment, l’Assemblée nationale a adopté hier mercredi, 21 novembre 2018, le volet recettes de la Loi de Finances Initiale 2019. Le texte a été approuvé par la majorité des députés présents, composés essentiellement des élus du RPG Arc-en-ciel et de l’UFR.

Les députés de l’UFDG, eux, ont voté contre ce volet du projet de budget de l’Etat pour l’année prochaine. Qu’est-ce qui justifie ce vote négatif ? Guineematin.com a posé la question à l’honorable Alpha Ousmane Diallo, élu du principal parti d’opposition du pays et vice-président de la commission Finances de l’Assemblée nationale.

Décryptage !

Guineematin.com : le groupe parlementaire des Libéraux-démocrates dont vous êtes membre a réservé un vote négatif au volet recettes de la Loi de Finances initiale 2019, adopté ce mercredi. Pourquoi ce choix ?

Honorable Alpha Ousmane Diallo : les raisons sont simples. En effet, vous avez suivi la présentation par notre collègue, honorable Elhadj Jamesdine Baldé.

Premièrement, nous avons dit qu’une pression fiscale de 13% n’est pas acceptable pour notre pays. Le Sénégal, le Mali et la Côte d’Ivoire ont respectivement 20,9% ; 14% et 16,7%. Nous disons aussi que cette pression fiscale est plus importante s’il y avait une meilleure gestion des ressources publiques, si on les mobilisait au mieux. Malheureusement, il y a des déperditions fortes, il y a des mauvais guichets qui reçoivent des paiements qui devaient aller au trésor.

Deuxièmement, vous prenez le secteur minier : la quantité de bauxite exportée augmente alors que les recettes baissent. Ce n’est pas possible. Quand vous prenez le cadrage macroéconomique, il y a un taux de croissance de notre économie qui est boosté par le secteur minier. On ne peut pas augmenter les quantités exportées et que les revenus de l’Etat baissent.

Ensuite, les métaux précieux et autres ne sont pas évalués. C’est inadmissible. Cela veut dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas quelque part. Or, le secteur minier tire la croissance ; mais, cette croissance n’est pas partagée comme si c’était le secteur agricole où un paysan produit, il mange une partie et revend l’autre, alors que le secteur minier, le taux de croissance, il est exporté. C’est comme ça qu’on l’appelle dans le jargon régulier.

Le troisième élément que je veux évoquer, c’est les recettes non fiscales qu’on appelle les autres recettes. Vous avez la LONAGUI par exemple, une direction de jeux qui est logée à la présidence de la République. Pensez-vous que la présidence de la République n’a pas d’autres dossiers à gérer ? Elle a des affaires plus sérieuses telles que l’affaire des communales, le dialogue politique, les questions de développement et de sécurité ; mais, pas pour des jeux. Pourquoi c’est logé là-bas, c’est parce qu’une bonne partie du fruit des jeux est versée dans des caisses occultes pour financer des actions pour telle ou telle raison.

Enfin, sur les recettes de la pêche, vous avez suivi l’exposé de l’officier Français, (Laïc Davaillon) qui a dit qu’au port, il y a des chinois qui chantent. Il y a l’honorable Demba Fadiga qui dit que quand on écoute la radio du port, on entend les Chinois chanter, les Coréens danser.

Et moi, j’ai dit que quand les Coréens et les Chinois chantent et dansent dans le cadre de la piraterie, c’est que les autorités guinéennes sont en train d’applaudir parce qu’elles sont complices de toutes ces opérations. Sinon, nous ne pouvons pas avoir ce potentiel halieutique et qu’il y ait des maigres ressources au niveau de la pêche.

Nous avons aussi d’autres poches de recettes, telles que le patrimoine bâti public et autres qui sont là, mais qui sont mal gérés. Et, s’ils sont mal gérés c’est parce qu’ils sont gérés par la présidence.

Guineematin.com : le fait que vous ayez voté contre le texte n’a pas empêché quand même son adoption. Maintenant qu’il est passé au Parlement, est-ce que vous avez alors des conseils à donner à l’Etat pour sa mise en œuvre ?

Honorable Alpha Ousmane Diallo : nous, nous avons dit qu’il faut élargir la base de l’assiette. Aujourd’hui, c’est le secteur formel qui est en train d’être fiscalisé plus fort. Or, trop d’impôt tue l’impôt. C’est comme si vous avez une vache laitière qui produit bien du lait, vous vous appesantissez sur celle-là, elle finira par mourir. Aujourd’hui, l’économie est étouffée, on est en train de faire de la pression fiscale sur le secteur informel. Or, il faut aider le secteur informel à être formel, et c’est le secteur privé qui peut créer de l’emploi, ce n’est pas l’Etat.

Guineematin.com : 19 332 milliards 8 millions de francs guinéens, c’est le montant attendu en termes de recettes en 2019. Croyez-vous que l’Etat sera capable d’atteindre cet objectif ou vous estimez que c’est irréaliste ?

Honorable Alpha Ousmane Diallo : je ne crois pas. On vient d’ailleurs de voter le volet recettes et vous avez vu les résultats. Ça veut dire qu’on va de yoyo en yoyo.

Propos recueillis par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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