Accueil A LA UNE Propagation Covid-19 en Guinée : irresponsabilité et manque de transparence au sommet

Propagation Covid-19 en Guinée : irresponsabilité et manque de transparence au sommet

Plusieurs zones d’ombre subsistent autour des cas de coronavirus (Covid-19) détectés par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSS) qui fait de l’irresponsabilité et du manque total de transparence un mode de gestion de la pandémie en République de Guinée.

La semaine dernière, un communiqué du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Mohamed Lamine Fofana, chargé des relations avec les institutions républicaines avait invité les nouveaux députés guinéens à se présenter au Centre de Traitement des Epidémies (CTE) de Nongo pour leur test de dépistage. L’opération s’est passée avec beaucoup de difficultés pour les parlementaires.

Quelques jours après, les responsables de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSS) ont confirmé à la presse guinéenne que quatre (4) nouveaux députés ont été testés positifs au Covid-19 sans donner des précisions sur l’identité des victimes, malgré l’insistance des journalistes qui ont travaillé sur le dossier.

Pire ! Ces nouveaux « honorables » détectés positifs au coronavirus, eux-aussi, n’ont pas voulu communiquer sur leur état de santé. Ce manque de transparence notoire doublée d’une irresponsabilité certaine ne sont pas de nature à aider à sauver des proches et des contacts.

Pour noircir davantage ce tableau et ajouter à la psychose générale, l’opinion apprendra par des sources non officielles que sur les 114 députés qui étaient concernés par ce test de dépistage, 35 n’ont pas pu le faire, apparemment par manque ou insuffisance de kits, et sur lesquels les services compétents ne disent absolument rien.

Or, la session inaugurale des travaux de la nouvelle législature a été convoquée par un décret présidentiel pour demain, mardi 21 avril 2020. Comme pour dire que les députés déclarés non porteurs du virus vont se retrouver à l’hémicycle ce mardi avec leurs 35 autres collègues qui ne connaissent pas encore leur situation sanitaire.

Pendant ce temps, une rumeur déchire la toile depuis pratiquement plus de 24 heures sur l’état de santé du ministre secrétaire général de la Présidence de la République, Naby Laye Youssouf Kiridi Bangoura qui semble aujourd’hui porter grandement ombrage à l’actuel Premier Ministre, Dr Ibrahima Kassory Fofana. Au point que beaucoup d’observateurs de la scène politique guinéenne estiment que cette rumeur est partie du Palais de la Colombe dans le but de réduire les chances de réussite d’un concurrent de taille. Surtout que rumeurs et démentis sur Kiridi Bangoura se succèdent sans aucun élément d’appréciation objectif.

A tout cela, il faut ajouter les circonstances dans lesquelles le tout dernier président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), Me Salifou Kébé a trouvé la mort de Coronavirus (Covid-19) accéléré, dit-on, par un diabète aiguë. Décédé après un long séjour en famille, au milieu des siens, en plein Etat d’urgence sanitaire décrété par le président de la République, Pr Alpha Condé, chef de l’Etat.

Il est incompréhensible et impardonnable que les responsables de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSS) composés, croyait-on, de spécialistes avertis laissent un patient qu’ils ont eux-mêmes détecté positif au coronavirus rentrer à la maison se coucher au milieu des siens. Au moment où au nombre des mesures de l’Etat d’urgence sanitaire, nous avons au premier plan le confinement et l’isolement.

Par cette complaisance cynique teintée d’irresponsabilité avérée, les acteurs concernés ont exposé beaucoup de vies humaines (dont les membres de la famille biologique du défunt) à une insécurité sanitaire totale. Qui peut nous dire aujourd’hui le nombre exact de personnes que le regretté Me Salifou Kébé recevaient par jour dans son bureau : commissaires de la CENI, personnel de l’administration de la CENI, journalistes en quête d’information, politiciens négociant des sièges de députés à l’Assemblée Nationale, cadres du Ministère du Budget, travailleurs de la Banque Centrale, autres citoyens habitués à rêver des grandes personnalités…

A ce sujet, notre confrère et doyen, Elhadj Abdoulaye Diari Diallo, accrédité à la CENI pour le compte de la Radio Nationale, a témoigné que le regretté Me Salifou Kébé avait les portes de son bureau grandement ouvertes. Qu’il était fréquent de voir le visiteur sortir du bureau du défunt président de la CENI très souriant.

Pour être tout à fait complet, c’est au moment où le pays pleurait un nouveau décès de Coronavirus, en la personne de Dr Sékou Kourouma, désormais tout nouveau ex ministre secrétaire général du gouvernement, qu’une autre fausse nouvelle a déchiré la toile annonçant, le décès du Pr Amara Cissé, neurologue.

Fort heureusement, pendant que la tristesse et la désolation s’emparaient des connaissances de l’ancien ministre guinéen de la Santé en Guinée et à l’étranger, plusieurs médias en ligne ont réussi à entrer en contact avec le Pr Hassane Bah, médecin légiste, et président de l’Ordre des Médecins qui a rassuré que « le Pr Amara Cissé est chez et bien portant ».

Tout cela prouve à suffisance l’amateurisme avec lequel les responsables de l’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire gèrent cette crise pandémique du Covid-19.

De toute évidence, il est utile de préciser que « sans protection adéquate, la pandémie de Covid-19 pourrait tuer au moins 300 mille africains et risquerait de pousser 29 millions de personnes dans l’extrême pauvreté », selon une alerte de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).

De Labé, Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

Contacts : (00224) 622 269 551 & 657 269 551 & 660 901 334

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