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Démantèlement du réseau de trafic du bois à Farenta (Mamou) : un des informateurs menacé de mort

Mohamed Soumah, président de la jeunesse de Farenta
Mohamed Soumah, président de la jeunesse de Farenta

Originaire du district de Farenta, dans la sous-préfecture de Soyah, préfecture de Mamou, Mohamed Soumah est l’un des informateurs qui ont permis aux autorités guinéennes de démanteler des réseaux de coupe abusive et du transport illicite du bois de Mamou vers la Sierra Léone entre les mois de mai et juin. Mais, pour avoir joué les balances (informateurs) dans cette affaire, ce jeune homme est aujourd’hui constamment sous menaces à Farenta. Apparemment, tous ceux qui avaient des intérêts dans ce trafic de bois lui en veulent ; et, certains (comme le commandant du PA et le président du district de Farenta) ne souhaitent que lui faire la peau. Menacé de mort, Mohamed Soumah a fui de son village pour s’assurer un minimum de sécurité. Mais, sa petite famille (sa femme et ses trois enfants) restée à Farenta est constamment victime d’attaque et d’humiliation.

Selon des informations confiées à Guineematin.com, Mohamed Soumah vit actuellement à Kindia où il s’est réfugié depuis plus d’un mois après les menaces de mort que le commandant du PA de Farenta, Sékou Condé et son adjoint auraient proféré à son encontre. « C’est toi qui es à la base du démantèlement de notre réseau ; mais, on va te tuer », lui aurait dit le commandant adjoint du PA de Farenta lors d’une petite altercation.

Pourtant, le seul « crime » de Mohamed Soumah n’a été que d’alerter les autorités guinéennes sur la décimation des forêts de Farenta par des individus peu soucieuses du bien-être environnementale des populations de son district. Il n’a pas été le seul à combattre cette coupe abusive du bois à Farenta ; mais, il est considéré par les acteurs de ce trafic comme le fer de lance de ce combat qui a conduit à de nombreuses arrestations et des emprisonnements. Et, à ce titre, il est constamment harcelé et menacé.

« Cela fait plus de 4 ans que les bois de vène sortent de chez nous pour la Sierra Léone. Mais, le gouvernement n’était au courant de rien. C’est cette année qu’il l’a su à travers la détermination de certains fils de Ouré-Kaba et de Farenta qui ont décidé de mettre fin à la coupe effrénée du bois dans leurs localités. Donc, tous les bois qui ont été saisis à Farenta, notamment à khökhouya entre mai et juin dernier venaient de moi. C’est moi qui remontais les infos aux autorités. Mais, depuis lors, je ne suis pas tranquille au village. Si ce ne sont pas des réactions hostiles à mon égard, ce sont des menaces de mort venant du président du district, Amadou Bangoura, du commandant du PA et son adjoint. Ils ont menacé de me tuer plusieurs fois. Les autres citoyens qui sont dans le trafic comme Amadou Sylla, alias Fadougou, Alpha Bangoura, dit Fondongorein et Abdoul Bangoura, alias Allah-Gogne, disaient clairement que Fanta Modou (Mohamed Soumah) va récolter ce qu’il a semé. C’est ainsi qu’ils ont monté un piège pour aller dire au procureur que c’est moi qui vends maintenant les bois aux chinois. Donc, que le procureur doit m’emprisonner comme étant le numéro 1 de la vente illicite du bois à Mamou, précisément à Farenta. Alors, quand mes amis ont eu écho que je suis visé par une plainte (puisque je suis le chef de la jeunesse et je ne suis pas seul dans la lutte), mes amis m’ont dit de quitter d’abord  pour connaître réellement ce qui se passe avec les vrais trafiquants du bois. J’ai immédiatement décidé de laisser tout derrière moi en prenant la brousse la nuit. Je suis venu à pied de Farenta jusqu’ici (Kindia), en sortant vers Tamisso (Madina-Oula). Cela m’a pris trois jours et demi de marche », a expliqué Mohamed Soumah lors d’un entretien accordé à Guineematin.com ce weekend.

Face aux menaces et à l’insécurité auxquelles lui et sa famille sont victimes, Mohamed Soumah a informé le parquet de Mamou et écrit au président de la République et au ministre de la justice. Mais, pour le moment, rien n’a été fait pour garantir la sécurité de sa petite famille. Et, c’est à peine s’il ne regrette pas avoir filé des informations aux autorités dans cette affaire de trafic illicite du bois à Farenta.

« Aujourd’hui, le vrai problème dans cette affaire, c’est que quand le gouvernement a démantelé le réseau, il a réussi à mettre les chefs des secteurs en prison, révoqué plusieurs cadres de l’environnement. Mais, les chefs des districts comme celui de Farenta, Amadou Bangoura, ne sont toujours pas inquiétés. Pourtant, quand les étrangers viennent pour couper les bois de vène, c’est avec le président du district qu’ils négocient ; et, lui aussi il les envoie aux chefs des secteurs avant de commencer à décimer la forêt. Et, dans tout ça, Farenta n’a ni maison de jeunes, ni forage, ni courant. C’est pourquoi, je me suis porté volontaire pour dénoncer ce mal. Mais, je suis aujourd’hui une cible à abattre. Même à l’heure où je vous parle, il y a un dépôt de bois que les autorités n’ont pas vu. J’ai même attiré l’attention du colonel Layali Camara sur ledit dépôt ; mais, il m’a dit qu’il est actuellement en congé… Pendant mon séjour ici (à Kindia), je suis parti à Conakry avec mes frères le 06 juillet dernier. J’ai écrit à monsieur le président de la République et au ministre de la justice pour me tirer de cette affaire. Je suis sorti de chez moi (à Farenta) pour que j’ai la paix du cœur, pour qu’on me laisse tranquille. Mais, même ici, je pleure, parce que ma maison est la cible d’attaque. Ma femme m’a dit que les gens sont allés gâter la porte de notre maison à Farenta-Centre et ils ont tout pris, notamment le riz, les pagnes et ustensiles de madame. Tout récemment, les mêmes personnes sont revenues défoncer notre maison pendant que madame était concentrée au village où on fait l’agriculture. Ils ont volé les tôles que j’ai achetées pour une nouvelle maison et l’argent de madame… Je n’ai pas filé l’info aux autorités pour que je sois victime de toutes ces choses. Je l’ai fait pour mettre fin au trafic illicite du bois à la frontière entre la Guinée et la Sierra Léone et pour le bien de ma communauté. Mais, vraiment, je suis dans le pétrin aujourd’hui », s’est plaint Mohamed Soumah.

Rencontré par un reporter de Guineematin.com, le commandant du PA de Farenta, Sékou Condé, a nié avoir proféré des menaces de mort à l’encontre de Mohamed Soumah. Mais, l’officier reconnait tout de même avoir eu des altercations avec ce jeune homme dans le cadre de cette sordide affaire de trafic du bois.

« Il y a eu une altercation entre le jeune (Mohamed Soumah) et moi sur une affaire de bois. Mais, je n’ai jamais menacé de le tuer. Cependant, je ne peux rien dire sur mon adjoint », a dit le commandant Sékou Condé.

A noter que Mohamed Soumah est le président de la jeunesse de Farenta.

De Kindia, Mohamed M’bemba Condé pour Guineematin.com

Tel : 628 516951

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