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Coup d’État en Guinée : deux poids deux mesures de la communauté internationale

Après le renversement du régime d’Alpha Condé, les réactions et les condamnations se multiplient. Comme dans pareil cas, la réaction la plus attendue est celle de l’organisation ouest-africaine. Cette organisation a vivement réagi. Les autres organisations se rallient toujours derrière la position de la CEDEAO. Sans surprise donc l’Union africaine a emboité le pas à l’organisation sous-régionale. Les Nations Unies, la France et les États-Unis expriment la même position.

Tous dénoncent le coup de force du CNRD et exigent la libération du président renversé. Même si ce concert de condamnations relève plus d’un principe qu’une volonté de défendre un homme et son régime, les Guinéens, dans leur écrasante majorité, voient deux poids deux mesures entre le traitement accordé à un homme par rapport à celui de tout un peuple. La fameuse communauté internationale renforce les Africains dans leurs convictions que les organisations multilatérales défendent les dirigeants au détriment des citoyens.

Aucun démocrate ne doit soutenir un changement de régime par la violence. C’est un principe. De ce point de vue là on peut comprendre la réaction indignée de la communauté internationale. Mais en même temps, ce que les Guinéens ne comprennent pas c’est le silence coupable de la même communauté internationale pour le premier coup de force de mars 2020. Alors que la modification de la constitution a fait des dizaines de morts, le coup d’État militaire n’a pour le moment fait officiellement aucune victime. Paradoxalement le premier coup, qui a entrainé le second, n’a fait l’objet d’aucune condamnation.

Si la communauté internationale avait levé un petit doigt contre la répression sanglante qui s’est abattue sur l’opposition on aurait pu comprendre qu’elle fasse la même chose aujourd’hui. Mais à l’époque elle avait laissé faire. Subitement elle se rend compte qu’il y a un pays qui s’appelle la Guinée où un homme qui a un carnet d’adresse bien rempli est évincé du pouvoir et qu’il faut le défendre. C’est cela qui est incompréhensible et inacceptable pour le peuple souverain de Guinée.

En réalité, pour la communauté internationale avant 2010 les enjeux étaient de mettre un ami au pouvoir. Et après 2010 il fallait aider le même ami à conserver coûte que coûte son pouvoir. L’opposition a cru naïvement à la bonne foi des Nations unies et de la CEDEAO. Les diplomates onusiens se succédaient à Conakry. Dans cette affaire, c’est la fin qui justifiait les moyens. La fin c’était d’aider un homme à accéder au pouvoir.

Que la CEDEAO, l’Union africaine et tous les autres dénoncent aujourd’hui le changement du régime qui avait lui-même changé la constitution pour s’octroyer le troisième mandat, les Guinéens s’en moquent. Ces réactions ne feront ni chaud ni froid au peuple de Guinée. Lequel n’a plus de leçons à recevoir d’une communauté internationale pour laquelle les droits de l’homme relèvent d’une géométrie variable.

Où était cette communauté internationale quand la Guinée devenait le seul pays au monde où il y a un cimetière dédié aux opposants tués lors des manifestations pacifiques ? Où était-elle quand les forces de l’ordre lançaient du gaz lacrymogène contre des innocents venus enterrer les leurs dans un cimetière fermé ? Elle était où cette fameuse communauté internationale lorsque les mêmes forces de l’ordre tiraient sur une ambulance dont le chauffeur a été tué ?

Qu’a dit la communauté internationale de l’arrestation et l’emprisonnement de tous les opposants au troisième mandat ? Ou encore de l’ouverture d’un camp de détention qui échappe à tout contrôle dans le pays profond ?

Sur le plan social, qu’est-ce que la même communauté internationale a dit ou fait pour tous ceux dont bâtiments ont été littéralement démolis alors qu’ils détiennent des papiers diment délivrés par l’État guinéen. Après cette injustice les membres du gouvernement se rejettent la responsabilité. Pour la CEDEAO, l’Union africaine, l’ONU, la France et les États-Unis un seul homme est-il plus important que tout un peuple ? Si la réponse à ces interrogations est non, alors qu’ils arrêtent de nous tympaniser avec des condamnations qui sont aux antipodes de l’opinion du peuple souverain de Guinée et de celle des citoyens des pays membres de ces organisations et pays.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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